Ovins fromagers
« C’est une filière en développement »

La chambre d’agriculture de l’Isère a organisé une après-midi de témoignages croisés d’éleveurs ovins fromagers à Saint-Andeol, l’occasion de présenter les enjeux de cette filière. 

« C’est une filière en développement »
Une visite de l'exploitation s'est déroulée après le temps d'échanges.

« C’est une production encore minoritaire mais avec de plus en plus de demandes », expose Ségolène Balaÿ, conseillère à la chambre d’agriculture de l’Isère.
Le lundi 13 septembre, une vingtaine de professionnels ont répondu présents à la rencontre entre éleveurs ovins organisée par la chambre d'agriculture à Sain-Andéol. Des témoignages croisés qui visent à échanger et faire profiter au plus grand nombre des expériences, des erreurs et des conseils sur l’élevage d’ovins fromagers.
L’Isère compte 90% de fromagers, un élevage sur trois en agriculture biologique et en moyenne 70 brebis par exploitations. Elles peuvent être mono-traites ou bi-traites, « suivant la période » complètent des éleveurs. Par la suite, chaque exploitation présente son mode de valorisation, son organisation, ses habitudes.
La bergerie du Rif-Clar, à Saint-Andéol, propose des yaourts, mais elle fabrique aussi du lactique et de la tomme. Les exploitants ont présenté les différents moyens de vente tels que les marchés, les magasins de producteurs ou la vente directe, dans le but de partager le plus d’informations possible avec les jeunes arrivants.
 
Une ferme, des choix en amont
 
Au cours de l’échange, des éleveurs de longue date ont partagé leur quotidien et leur façon de faire. Ces témoignages offrent la possibilité de discuter autour de pratiques différentes et des résultats obtenus. Plusieurs porteurs de projet, en cours d’installation pour de la transformation sont présents sur place pour « recueillir le plus d’informations possibles ».
La présentation des exploitations faites, les premiers conseils apparaissent. Jimmy Haussler et Émilie Salvi, installés à la bergerie de la Lignarre à Ornon, évoquent rapidement la qualité du troupeau dès le démarrage et le choix de la race. « Il vaut mieux acheter dès le début, une race qui correspond au terrain et à l’organisation de l’espace afin d’être rentable rapidement », expliquent-ils.
Sophie Clot-Godard, agricultrice à la bergerie du Rif-Clar, poursuit : « Pour la fromagerie, elle n’est pas extensible, il faut donc directement bien regarder la taille, sinon le on subit toute sa vie. À ce niveau-là, pensez sur le long terme. Après, il faut bien dimensionner avec le temps, les cuves, l’espace production et matériel ».
Ségolène Balaÿ, conseillère à la chambre d’agriculture de l’Isère précise les questions techniques du démarrage. « Chaque éleveur doit faire des choix suivant le siège de son exploitation, les commodités, l’hypothèse technique, les décisions économiques, la conception des bâtiments notamment pour la transformation », présente-t-elle. 
Après ces questions d’installation, Sophie Clot-Godard ajoute qu’il « faut adapter sa transformation en fonction de la quantité de lait ».
 
De l’organisation aux coûts de production
 
Trois fermes iséroises sont concernées par un travail réalisée dans le cadre d’un mémoire d’études, à l’échelle de l’Auvergne-Rhône-Alpes. Cette recherche vise à calculer l’ensemble des charges de la ferme, c’est-à-dire le coût de production, ramené aux mille litres de lait. Sont pris en compte, le travail, le capital et le foncier, les frais divers de gestion, les bâtiments et installations, la mécanisation, les frais d’élevages, l’approvisionnement des surfaces et l’alimentation achetée.
Catherine Venineaux, conseillère ovine à la chambre d’agriculture de l’Isère, constate que les charges majoritaires sont « le travail et l’alimentation achetée ». Ces données collectées sont ensuite comparées aux produits de l’atelier : prix de vente du lait, produits viandes, autres produits et aides.
Dans les deux bergeries en Isère, la valorisation s’élève à 4,4€ par litre de lait, pour respectivement 58 brebiset 46 brebis à la traite. Les rapports sont effectués dans la logique de deux Smic par unité de production. « Dans les études menées, nous concluons que les fermes tournent bien et que c’est satisfaisant. Notamment car les coûts de production et les produits de l’atelier concordent et atteignent presque la même somme ramenée aux mille litres de lait », conclut Catherine Venineaux. 
 
Léna Peguet
 

« Chaque élevage ovin peut gagner sa croûte ! »
Sous le chapiteau ovin, les présentations s'enchaînent.

« Chaque élevage ovin peut gagner sa croûte ! »

La chambre d’agriculture de l’Isère était présente aux Rendez-vous de l’Agriculture dans le cadre de l’élevage ovin viande et du marché ovin. 
 
« En 2020, nous comptons deux installations en ovins viande et deux en 2019. La dynamique est légère, mais c’est une production qui s’accentue », expose Catherine Venineaux. « En Isère, on dénombre 29 éleveurs en viande ovine et 45 en bio, soit 4 100 brebis donc 1/5 en bio. Ce marché se fait beaucoup en vente directe », présente la conseillère de la chambre d’agriculture de l’Isère.  L’année précédente, la Chambre recensait 39 porteurs de projets en ovins viande. Ce développement est accompagné de l’aide ovine dans la PAC. « Ce n’est pas prévu qu’elle soit mise en cause dans la nouvelle PAC, elle devrait partir du même principe. C’est-à-dire, une aide à partir d’un seuil de plus de cinquante brebis, et de 0,5 agneau par brebis », ajoute Catherine Venineaux. 
 
Les débouchés en ovins viandes
 
Dans la production de viande, deux types de débouchés coexistent : les circuits longs ou les circuits courts. En Isère, deux circuits longs existent. Le premier est la coopérative Agneaux soleil à Sisteron. Elle compte 570 adhérents qui entrent dans un cahier des charges à respecter. Cette coopérative possède son abattoir à Sisteron et trois labels : label rouge agneau de Sisteron, label rouge agneau de l’Adret et agriculture bio. Environ 42 adhérents sont en bio, soit 13 000 brebis. Le second circuit long est l’association viandes Agro-Pastorales qui vend des brebis sous les sigles « agneaux d’alpages » et « agneaux de nos fermes ». Pour le circuit court, c’est de la vente directe à la ferme et sur les marchés.
Quand il est question du marché de l’agneau en France, Catherine Venineaux explique que « chaque année, le cours gagne un petit peu, car le cours mondial augmente légèrement. Le prix de l’agneau se porte donc bien et les valorisations sont bonnes ». 
Du point de vue de la consommation de viande ovine, en 2019, elle était de 2,4kg par habitant et 2,7kg en 2020. « Nous mangeons toujours de la viande d’agneau mais les consommateurs se tournent davantage vers le producteur pour l’achat », conclut Catherine Venineaux.
 
Léna Peguet