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Michel Joux : « Nous aurions préféré un blocage des prix de l’énergie de deux à trois semaines »

Michel Joux : « Nous aurions préféré un blocage des prix de l’énergie de deux à trois semaines »
Michel Joux, président de la FRSEA Aura. ©Apasec

Quatre mesures d’urgence en direction des agriculteurs pour faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine. C’est ce qu’a annoncé le gouvernement français, mercredi 16 mars, en présentant son plan de résilience. Ce dernier s’adresse directement aux agriculteurs et vise à réduire l’impact de la hausse du prix du gaz et de l’énergie ainsi que l’envolée de certains matériaux, des cours de céréales et des engrais. « Le remboursement anticipé de la TICPE (ndlr, taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques), c’est bien mais ce n’est pas une réponse absolue. En ce moment, la spéculation sur l’énergie est tellement forte que nous aurions préféré un blocage des prix, du GNR notamment, pendant 2 à 3 semaines. On aurait voulu que ce plan aille plus loin mais c’est déjà mieux que rien », relativise Michel Joux, président de la FRSEA Aura qui qualifie les aides d’État « pas assez ambitieuses ». Quatre autres mesures complémentaires ont aussi été annoncées pour sécuriser la production de l’année en cours. « Elles répondent à ce qu’on demande depuis une dizaine d’années, c’est-à-dire une juste valorisation de nos produits. On nous annonce déjà des pris indécents sur les engrais, autour des 1 000 € la tonne. Sur mon exploitation, par exemple, si cette crise continue, la hausse des coûts des matières premières représentera 30 000 € de charge supplémentaire sur l’année », illustre-t-il. Et d’ajouter : « Dans les prochains mois, je pense qu’un bon nombre d’agriculteurs reportera certains travaux et se limitera à l’essentiel dans les champs. Certains éleveurs mettront peut-être moins de tourteaux dans leurs rations, ce qui risque d’engendrer des baisses de production. » La question de l’autonomie alimentaire et énergétique de la France est donc centrale. « À force d’être dépendants d’autres pays, européens ou pas, on en paie les conséquences et la solution n’est pas de compenser avec des aides d’État. J’espère que cette crise va ouvrir les yeux à beaucoup de monde, y compris à nos hommes politiques qui ont besoin de retrouver une vision stratégique sur cette question ».

Alison Pelotier