Entretien
« L'Irfel met en relation des compétences techniques et scientifiques »

Producteur de légumes en Gironde et président de l’Irfel (association nationale des stations d'expérimentation en fruits et légumes), Vincent Schieber explique l'intérêt de la recherche et du travail en réseau.
« L'Irfel met en relation des compétences techniques et scientifiques  »

C'est la première fois que l'Irfel organise une rencontre de ce type sur le terrain. Pourquoi avoir choisi l'Isère ?

Parce qu'il fallait bien commencer quelque part et que Stéphane Dupré, le directeur de la Senura a répondu le premier (sourire)... Nous sommes une toute jeune association. Jusqu'à présent, nous nous rencontrions à Paris ou au Sival, à Angers. Depuis, nous avons décidé de visiter chacune des stations du réseau afin de mieux nous connaître, mieux appréhender nos spécificités, mais aussi vois comment optimiser nos moyens et nos équipements.

Que retenez-vous de votre visite iséroise ?

Nous avons eu des échanges scientifiques lors de la visite du laboratoire de la Senura, notamment sur les traitements phyto. Ça a donné des idées aux uns et aux autres. Au-delà de la partie technique, nous avons également discuté de la manière dont nous gérons nos structures. Nos stations sont des petites entreprises de quatre à quarante salariés, avec des budgets qui vont de 250 000 à quatre millions d'euros. Nous avons tous une logique d'équilibre des comptes à respecter. Nous nous sommes par exemple demandé ce qu'il serait judicieux de mutualiser.

Quelle est la mission de l'Irfel ?

Chaque station adhérente à l'Irfel doit répondre aux problématiques des producteurs. Ceux-ci résument parfois notre rôle en disant qu'il faut que nous fassions les erreurs qu'ils ne peuvent pas se permettre de faire chez eux. L'objectif de l'Irfel n'est pas de faire de la recherche, mais de mettre en relation les compétences techniques et scientifiques de nos stations, diffuser les résultats d'essais et partager nos expériences, que ce soit à l'échelle de nos programmes ou de la gestion de nos équipes. La crise sanitaire liée au Covid est un bon exemple. Nous avons mis en place des protocoles qui ont fait gagner du temps à tous les membres du réseau.

Quels ont les grands défis de la recherche en fruits et légumes aujourd'hui ?

Ils sont permanents et évoluent constamment. Il n'y a plus de règle toute faite. La Senura est un cas atypique puisque nous sommes en monoculture. Le défi est clairement la réduction des phytos. En fait, le vrai défi n'est pas tant la réduction des phytos - ça, on y arrivera -, mais le temps qu'on nous donne pour le relever.

Et le changement climatique ?

C'est une question d'adaptation. Dans chaque territoire, il y a des productions historiques, comme ici la noix, mais ça bouge. Chez nous, en Gironde, historiquement, on ne faisait pas de carotte ni de haricot. Maintenant, nous en produisons. Chaque territoire saisit des opportunités selon ses terroirs. Tout reste à découvrir. Le monde agricole s'adapte en permanence. C'est comme cela que nous sommes parvenus à l'autonomie alimentaire. Aujourd'hui, le défi, ce sont les produits phyto. Mais demain ? En recherche, la seule chose dont nous soyons sûrs, c'est que nous aurons toujours du travail.

Propos recueillis par MB

 

L'Irfel en bref

Créé en 2014, le réseau de l'Irfel regroupe une douzaine de stations régionales d'expérimentation en fruits et légumes : l'APCEL en Nouvelle-Aquitaine (maraîchage), l'ANPN en Nouvelle-Aquitaine et Occitanie (arboriculture), l'APREL en région Paca (maraîchage), l'Arefe  pour les régions Lorraine et Grand Est (arboriculture), Terre d'essais et le Caté en Bretagne (maraîchage), le Grab pour les régions Paca, Aura et Occitanie (station spécialisée en agriculture biologique), Invenio en Nouvelle Aquitaine (expertise arbo et maraîchage), Planète légumes pour les régions Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté et Aura (maraîchage), la Senura en région Aura et la station de Creysse pour les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie (arboriculture avec expertise noix), Verexal pour les régions Alsace et Grand Est (arboriculture).
Fort de 78 ingénieurs agronomes et de 55 techniciens agricoles, le réseau touche plus de 6 000 producteurs de fruits et légumes, adhérents à des stations en direct ou via une organisation de producteurs ou une AOP.
Retrouvez l'annuaire des stations et de leurs expertises sur irfel.fr