L'actu vue par Yannick Bourdat
« Nous allons dans le bon sens »

Isabelle Brenguier
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Yannick Bourdat, président des Éleveurs des saveurs iséroises (ESI), à l'occasion de l'assemblée générale de l'association, tenue mi-mai chez Gérald Carcel à Pisieu. Malgré une reconnaissance de la qualité de leurs bêtes, la conjoncture défavorable empêche les éleveurs de trouver de nouveaux débouchés. 

« Nous allons dans le bon sens »
Yannick Bourdat, président des Éleveurs de saveurs iséroises. Il se réjouit que l'assemblée générale de l'association ait rassemblé tous les éleveurs adhérents. « Cela révèle l'implication dont chacun fait preuve », estime-t-il.

L'organisation de votre assemblée générale chez un éleveur correspond à un nouveau format. Quelles sont les raisons qui vous ont incité à ce choix ?

Nous voulions inviter nos clients, et plutôt que faire une réunion théorique, nous avons préféré leur montrer un élevage pour leur expliquer concrètement nos pratiques. Aussi, nous avons mis en place cinq ateliers, chacun animé par un éleveur, pour leur montrer comment nous travaillons en matière d'alimentation des bêtes, de bien-être animal, de contention... Ce temps d'échange s'est terminé par un apéritif durant lequel nos partenaires ont souligné les liens qui unissent les éleveurs du groupe et attestent que les réflexions et les décisions sont collectives. Ils nous ont indiqué qu'ils appréciaient beaucoup ce mode de fonctionnement.

Depuis vos débuts, vous avez largement fait évoluer la qualité de vos bêtes. Vos efforts sont reconnus. Êtes-vous satisfaits de ces retours positifs ?

C'est sûr ! Nous avons pris 50 kilogrammes de poids carcasses en plus. Mais ce n'est pas que nos vaches ont grossi, c'est que nous savons mieux les engraisser. Du coup, au niveau des classifications, nous avons gagné entre un et deux points de moyenne. Cela nous a permis de mieux valoriser nos bêtes et donc d'investir dans de meilleurs taureaux qui nous font encore gagner en qualité. Mis en place depuis plusieurs années, ces efforts commencent à payer. Ils présentent un résultat qui satisfait autant les éleveurs que nos clients, à la recherche de qualité et de rendement. Et pour aller plus loin, 100 % de nos adhérents se sont engagés dans la démarche HVE 3 (Haute valeur environnementale). Cela atteste de leur volonté d'avoir de bonnes pratiques, car si certains n'étaient pas loin du cahier des charges requis, d'autres ont dû conduire d'importants changements.

L'assemblée générale d'une association est aussi le moment où l'on dresse le bilan de l'année écoulée. Où en êtes-vous ?

Nous avons commercialisé 296 bêtes auprès de cinq à six boucheries que nous approvisionnons occasionnellement quand nous avons un produit qui correspond à leurs attentes, quatre grandes surfaces et les cuisines des cantines scolaires des collèges gérées par le Département. C'est le même nombre que l'année dernière. Si l'année avait bien démarré, nous avons cependant perdu deux GMS (Grandes et moyennes surfaces) à cause de certaines centrales (Intermarché et Leclerc) qui font pression sur leurs magasins pour mettre un terme à notre collaboration. Ce n'est pas négligeable. Par contre, nous avons à nouveau remporté l'appel d'offre du Conseil départemental concernant l'approvisionnement des cantines des collèges de la collectivité.

Quelles sont vos perspectives ? Recherchez-vous de nouveaux débouchés ?

Oui, bien sûr, mais ce début d'année est un peu compliqué. Ces derniers temps, le consommateur voulait de la qualité. Nous l'avons dit, nous avons fait les efforts nécessaires. Mais avec la conjoncture financière difficile, c'est l'alimentation qui subit la baisse de pouvoir d'achat des ménages. Car cette dépense vient après les charges (loyer, électricité, essence...) des foyers. Mais aussi après les loisirs. Si auparavant nous devions faire avec la baisse de consommation de viande, ce n'est plus le cas. Ces derniers mois, ce sont vraiment les démarches qualité qui sont boudées (bio, Label Rouge, ESI...). Heureusement, certaines lois, comme Egalim, prônant la qualité et le local, sont mises en œuvre. Cela nous aide. Je pense que nous abordons une nouvelle ère dans laquelle il faut que tout le monde se retrouve. Je suis convaincu que ce que nous avons initié va dans le bon sens. Mais il faut avoir en tête que l'alimentation a un coût, la qualité a un prix. Ce sont des messages à faire passer. Nous ne sommes pas découragés. C'est une nouvelle étape que nous devons aborder.

Propos recueillis par Isabelle Brenguier