Gières
Une ferme orientée vers l'agglomération

Morgane Poulet
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Le 24 janvier, la Ferme des Maquis, à Saint-Martin-d'Hères, ouvrait ses portes pour parler de son fonctionnement, tourné vers l'agglomération grenobloise.

Une ferme orientée vers l'agglomération
Une dizaine d'éleveurs et de futurs éleveurs se sont rendus à la Ferme du Maquis ce 24 janvier.

A l'occasion des portes ouvertes organisées par la Chambre d'agriculture le 24 janvier, la Ferme des Maquis a pu accueillir des éleveurs et de futurs éleveurs pour parler de activité, qui fonctionne bien et qui est tournée vers la ville.

Nichée sur les hauteurs de Saint-Martin-d’Hères, la Ferme des Maquis compte désormais trois associés : Anna Vandenberghe, Alexandre Parent et Mélanie Sillans-Maced. Ferme intercommunale construite en 2013 et appartenant à la Métro, elle accueille tout au long de l’année des groupes scolaires, en parallèle de son activité d’élevage et de vente de fromage.

Transmettre aux plus jeunes

Les jeudis et vendredis, la ferme accueille des classes souhaitant découvrir le métier d'éleveur caprin. « Il y a beaucoup d’écoles et de collèges de l’agglomération qui viennent nous voir. Nous avons l’impression de transmettre un savoir, d’ouvrir les enfants à un autre milieu », confie Anna Vandenberghe. L’équipe tient en effet un accueil pédagogique de mars à juin et de septembre à la Toussaint. « Nous choisissons les périodes d’accueil, ce qui nous convient bien car nous pouvons nous organiser. »
« Pendant l’accueil pédagogique, nous leur montrons les terrains pour qu’ils aient un aperçu du cadre dans lequel nous travaillons », précise Alexandre Parent. Les élèves visitent ensuite l’étable et sont invités à réaliser leur propre fromage afin de constater par eux-mêmes quelles sont les différentes étapes de réalisation.
« Cet accueil nous rapporte environ 8 000€ par an. C’est très intéressant et très prenant, même si nous aimerions parfois que cela soit un peu moins scolaire, qu’il y ait plus d’échanges », ajoute Anna Vandenberghe.

Une production en circuit-court

Chaque année, environ 35 000 litres de lait sont transformés. Cela permet aux associés de la Ferme des Maquis de vendre leurs produits hebdomadairement sur deux marchés, à Gières et à Saint-Ismier. Cela complète la vente directe à la ferme, qui a lieu trois jours par semaine.
Cette activité locale a néanmoins une contrainte, qui est que « la clientèle est surtout urbaine. En été, il y a beaucoup de lait, mais les clients partent en vacances », comme l’explique Alexandre Parent. Cela complique les ventes mais l’équipe s’adapte en produisant de la tomme et de la feta, des produits qui se conservent, plutôt que des fromages frais, des crémeux et des coeurs tendres comme le reste de l'année.

Des changements attendus pour 2022

Alors que le cheptel comptait 80 chèvres en 2012, il est désormais descendu à 75 et la ferme aimerait se stabiliser à 70 chèvres. L’objectif serait de diminuer la concurrence entre les bêtes dans le bâtiment, tout en maintenant un niveau de production laitière égal à celui de 2021. Pour cela, les éleveurs veulent jouer sur l’énergie apportée par les rations de céréales.
Un problème se pose néanmoins. La Ferme des Maquis nourrit ses chevreaux au lait en poudre bio. Or, depuis le 1er janvier 2022, la règlementation concernant ce produit a évolué. Désormais, il ne peut être utilisé que s’il est exempt de protéines végétales. Le lait en poudre utilisé par la ferme contenant de l’huile végétale, il lui faut trouver une solution. « Si nous utilisons le lait maternel, nous ne pourrions plus faire autant de fromages, ce qui engendrerait une perte d’environ 30 000€ », explique Anna Vandenberghe.
Néanmoins, l'utilisation ce genre de lait en poudre reste toléré « dans le cadre de la prophylaxie contre les maladies transmissibles par le lait maternel et sous justification vétérinaire ».

Morgane Poulet

Nouvelle règlementation pour le lait en poudre bio

La règlementation du lait en poudre bio a évolué le 1er janvier 2022. Désormais, les éleveurs peuvent en utiliser s’il ne contient pas d’huile végétale. Or, les laits en poudre bio à destination des caprins en comprennent. Selon Benoit Desanlis, conseiller élevage chez Adice, quelques solutions existent pour pallier ce problème :
- l'utilisation du lait maternel, ce qui réduit le volume de production pour les fromagers ;
- l'utilisation du lait post-colostral, mais il est difficile de tomber dans une situation dans laquelle le volume de lait produit correspond au volume demandé ;
- l'utilisation du lait de vache bio ;
- l'utilisation du lait en poudre bio destiné à l’alimentation humaine qui ne contient pas d’huile végétale. Néanmoins, il faut réussir à en trouver (il n’y a que trois fournisseurs en France) à des tarifs intéressants.