La baisse des aides couplées de la PAC en 2023 impose d’aller chercher de la valeur supplémentaire, selon Cédric Mandin, secrétaire général de la Fédération nationale bovine (FNB).
« La baisse des aides de la Pac est responsable de la quasi-intégralité du recul du revenu des éleveurs allaitants en 2023 », a affirmé Patrick Bénézit, le président de la FNB, le 23 janvier dernier. Une déclaration faite en conférence de presse quelques semaines avant l’assemblée générale du syndicat, les 7 et 8 février à Vichy (Allier). Selon Patrick Bénézit, les premières estimations de l’Institut de l’élevage (Idele) et du Rica pour 2023 font apparaître un revenu moyen des éleveurs allaitants « tout juste au Smic, à 16 000 € par an ». « On nous annonçait des projections à 104 € par UGB pour l’aide couplée bovine », indique-t-il. Or, « pour le moment, les éleveurs ont reçu un acompte correspondant à 70 % de 98 € ». Et d’ajouter : « Nous n’avons encore ni le solde ni même le montant. C’est le flou le plus total ». Due à un rééquilibrage en faveur des protéines végétales, cette baisse de l’aide couplée est encore accrue par la réduction en cours du cheptel. Sans oublier les éco-régimes, dont les montants ont été revus à la baisse pour tous les agriculteurs, soit « 17 euros par hectare de moins que prévu », rappelle le président de la TNB. En tout, l’effet de la nouvelle Pac « augmente le coût de production de 15 à 20 ct€/kg », complète le secrétaire général Cédric Mandin, selon qui « il faudra aller chercher de la valeur supplémentaire ».
Les prix, priorité numéro 1
La FNB a donc fait des prix à la production sa « priorité numéro un ». Dans la lignée des années précédentes, les cotations des vaches à viande ont pourtant démarré 2024 avec des niveaux records : 5,77 €/kg pour la vache U standard, par exemple. Mais, à l’automne 2023, le marché des femelles avait été pénalisé par la baisse saisonnière des cotations des vaches laitières – qui s’explique par un accroissement des réformes à l’entrée de l’hiver, avec le retour en bâtiment. En 2021 et 2022, ce phénomène habituel avait été « gommé par le fort déséquilibre entre la demande et l’offre », expliquait l’Idele à l’époque. À l’automne dernier, les prix des vaches laitières ont reculé de presque 1 €/kg, ce qui « a fait perdre 20 ct€/kg aux vaches allaitantes », analyse Cédric Mandin. Pour les autres segments de marché, il pointe une « pression inexplicable sur les prix des broutards, amplifiée en fin d’année par l’épisode de maladie hémorragique épizootique (MHE) ». Quant aux jeunes bovins (JB), en France, « leurs prix ont atteint un plafond de verre à 5,25 €/kg fin 2023 », contrairement aux autres pays européens. Au-delà des prix, c’est aussi le niveau des charges qui inquiète les éleveurs. En novembre 2023, l’Ipampa1 de la viande bovine s’était replié de 5 % en un an, mais restait supérieur de 11 % par rapport à novembre 2021, selon l’Idele. « La situation des trésoreries est plus compliquée que ce qu’on avait imaginé », résume Cédric Mandin. « Il manque entre 50 ct€ et 1 €/kg pour atteindre le coût de production » (indicateur interprofessionnel calculé par l’Idele), déplore de son côté Patrick Bénézit. Selon le président de la TNB, le différentiel est le plus criant pour les génisses (- 1 €), suivies des vaches et des broutards (- 70 ct€), et enfin des jeunes bovins (- 50 ct€). « La loi Égalim n’est pas respectée », affirme-t-il. Tout en considérant que le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, « encourage à la contourner en incitant les distributeurs à mettre une pression maximale sur leurs fournisseurs ». La TNB plaide pour un développement de la contractualisation basé sur les indicateurs interprofessionnels de coûts de production. « Le volume de contrats augmente », note Patrick Bénézit, comme en JB où ils représentent environ 25 % de la production. « Mais il y en a encore trop peu qui sont basés sur le coût de production. Depuis la création de l’indicateur interprofession en mai 2019, les prix à la production n’ont jamais atteint le coût de production », affirme-t-il.
Y.G
(1) Indice des prix d’achat des moyens de production agricoles