Patrimoine
La vie d’antan racontée par l’écomusée de Varacieux

La visite de l’écomusée de Varacieux est un voyage dans le temps. Confidentiel, il a été constitué au fil du temps par un collectionneur animé d’un devoir de mémoire.

Sur la place du village de Varacieux, dans le Sud-Grésivaudan, il y a la mairie, l’église et … l’écomusée. Insoupçonné pour quiconque n’en a pas déjà entendu parler, la surprise est d’autant plus grande lorsqu’on en découvre la première pièce installée au deuxième étage de la mairie. L’écomusée de Varacieux est un petit trésor patrimonial qui rassemble tous les objets de la vie quotidienne du village. Loin d’être un agglomérat hétéroclite de quelques ustensiles et outils ramassés par-ci, par-là et entreposés dans le coin d’une salle, il s’agit de l’œuvre d’une vie. Celle de Maurice Champon, aujourd’hui âgé de 84 ans, natif de Varacieux et à l’origine de cette collection complète.

Le nombre d’objets qui compose l’écomusée de Varacieux est incalculable. Des vêtements aux ustensiles de cuisine, en passant par le matériel agricole et artisanal, faits main comme manufacturés, c’est toute la vie d’antan – et particulièrement du XXème siècle – qui est exposée dans cet espace qui retrace l’évolution que les villageois ont connu au cours des décennies, comment ils vivaient, comment ils travaillaient. 

Un devoir de mémoire

Maurice Champon a été agent communal de Varacieux pendant une trentaine d’années. Employé à de nombreuses tâches, il eut l’occasion récurrente de faire des « trouvailles » qu’il ne pouvait se résoudre à jeter. Collectionneur dans l’âme, il s’est mis à tout récupérer et à stocker chez lui, puis à la mairie. « Je voulais conserver la mémoire du village. Comme de grands hommes d’Etat, j’ai toujours pensé qu’un village sans patrimoine est un village qui ne sait pas d’où il vient, ni où il va. Garder ces objets relevait pour moi d’un devoir de mémoire », assure Maurice Champon. Au fil du temps, les locaux ont eu connaissance du travail entrepris par l’employé municipal et se sont mis à lui donner directement ces témoignages du passé. La collection a pris une telle ampleur qu’il fut décidé d’installer des expositions de ces objets conservés jusque-là dans des caisses, de créer un écomusée et même une association pour le faire vivre :  « Objets d’antan. Souvenirs du passé de Varacieux ». C’était il y a une vingtaine d’années. 

La vie de nos aïeux 

Les objets glanés par Maurice Champon sont désormais exposés et rangés dans quatre salles du village. Ils sont tellement nombreux. Il y a ceux de la vie quotidienne qui mettent en avant toute la modernité mise en œuvre au cours du siècle dernier. Il y a ceux en lien avec l’école avec la reconstitution d’une salle de classe. Il y a ceux qui permettent de découvrir tous les métiers pratiqués dans les campagnes à l’époque : l’agriculture, mais aussi la ferronnerie, la menuiserie, la cordonnerie, la charronnerie, la ganterie… Il y a également ceux qui ont servi pendant les deux guerres mondiales. La liste n’est pas exhaustive et la visite est indispensable pour découvrir ce patrimoine et se faire une idée de la vie de nos aïeux.

Faire vivre les gestes du passé

Maurice Champon a été rejoint dans son travail par une équipe de bénévoles animés par la même passion de faire vivre les objets et les gestes du passé. L’équipe est dynamique mais malheureusement pas assez nombreuse pour permettre une ouverture régulière du musée. Si toute l’année, les bénévoles sont occupés à classer et à étiqueter les pièces régulièrement acquises, les journées du patrimoine sont l’occasion pour eux de mettre en lumière l’écomusée. Durant ce week-end, les portes des salles sont ouvertes aux visiteurs, des expositions thématiques sont installées et les différents métiers remis en activités. C’est aussi lors de ce week-end que les membres de l’association préparent - à la chaudière - une gigantesque soupe au lard qui rassemble tout le village.

Et ce sont les confitures confectionnées par ces mêmes bénévoles qui font office de dessert. Une manifestation attendue comme un rendez-vous immanquable pour les habitants de Varacieux et des alentours. 

Le travail de Maurice Champon et de ses compagnons est loin d’être achevé. Outre la quête permanente des pièces permettant de compléter les collections et leur étiquetage, le passionné s’intéresse aux origines du village. Ses recherches semblent montrer une présence dès l’époque romaine. 

Isabelle Brenguier

Pratique

Pour une visite, contacter Maurice Chapon, président de l'association "Objets d'anatn. Souvenirs du passé de Varacieux", au 04 76 64 22 11.

Une figure du village

Une figure du village

A Varacieux, Maurice Champon est considéré comme une « figure ». Il est né dans le village, y a travaillé et vécu toute sa vie. S’il l’a quitté pour aller en Algérie en 1957 et y accomplir « ses classes » pendant 27 mois, il est revenu sur ses terres pour aider son père à la propriété. Elu au conseil municipal en 1965, il y a fait deux mandats et deux ans. L’opportunité de devenir agent communal en 1972 l’a contraint à démissionner. « Pendant cette période, en plus d’être agriculteur, je m’occupais aussi de tout dans le village. Je faisais les fossés, le ménage des classes, le fontainier, le garde-champêtre… », raconte-t-il. Très impliqué dans la vie locale, il s’est aussi engagé dans différentes associations, en particulier au sein du comité des fêtes qu’il a présidé pendant 35 ans.

IB