Tour de France
21 virages, 45 minutes, un million de personnes

Isabelle Doucet
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L’Alpe d’Huez et Bourg-d’Oisans accueilleront les 12e et 13e étapes du Tour de France les 14 et 15 juillet prochains. Les liens qui unissent la Grande boucle à ce territoire sont profonds et donnent matière à de nombreux événements.

21 virages, 45 minutes, un million de personnes
Christian Prud'homme, directeur du Tour de France, et Jean-Pierre Barbier, président du Département, ont tracé la ligne de départ de le 13e étape à Bourg-d'Oisans.

Le Tour de France 2022 fera étape en Isère les 14 et 15 juillet. Si le département, avec ses cols mythiques, est un habitué de la Grande boucle, cette année de retour à la normale est un peu particulière avec l’anniversaire des 70 ans de la première arrivée du Tour au sommet.
C’était à l’Alpe d’Huez, le 4 juillet 1953 : Fausto Coppi avait gravi les 21 lacets en 45 minutes « sans forcer ».
« L’Isère est sur le parcours du Tour de France depuis 1905 et c’est en Isère qu’a été remis le premier maillot jaune », rappelle Christian Prud’homme, le directeur d’ASO, la structure organisatrice du Tour de France, lors de son déplacement à Bourg-d’Oisans courant juin.

Terre de vélo

« Nous sommes candidats perpétuels », a glissé à son tour Jean-Yves Noyrey, le maire de l’Alpe d’Huez, la station étant devenue un incontournable du Tour, qui reçoit quasiment une édition sur deux.
Quant à Bourg-d’Oisans, le Tour y a déjà fait étape 23 fois.


« Les 21 virages de l’Alpe, il faut d’abord passer par Bourg pour les gravir ! », a déclaré Guy Verney, le maire de Bourg-d’Oisans et président de la communauté de communes.
En 2013, les estimations d’affluence s’établissaient entre 800 000 et un million de personnes venues assister à la célèbre montée.
« L’Oisans est une terre de vélo », a réaffirmé Jean-Pierre Barbier, président du conseil départemental, au moment de tracer la ligne de départ symbolique de la 13e étape (Bourg-d’Oisans-Saint-Etienne).

45 minutes

Les retombées touristiques et économiques de cet événement devenu une institution sont immenses pour le territoire.
Une exposition photo, dans le jardin de la Maison du Parc national des Écrins, permet de prendre la mesure de la ferveur qui embrase les deux bourgs ainsi que les 21 virages à l’occasion du passage des cyclistes.


Le territoire a su capitaliser sur cette renommée. Dès les beaux jours, les défis cyclistes sont nombreux. Le plus connu est l’Alpes d’Huzes, qui rassemble plusieurs milliers de cyclistes Hollandais, début juin, au profit de la lutte contre le cancer.
Ce lundi 4 juillet, La Mythique 21 fêtera à sa manière les 70 ans de la montée de Fausto Coppi en réunissant environ 80 amateurs de vieilles bécanes (années 50 à 80) pour grimper jusqu’à l’Alpe.


« En moyenne, les cyclistes mettent aujourd’hui 45 minutes pour monter, comme Coppi. Mais à l’époque, les routes n’étaient pas asphaltées. Le record est détenu par Marco Pantani en 37,35 minutes », explique Laurent Ametller, président d’Oisans vélos vintage.
Les vélos d’aujourd’hui ont gagné en modernité, mais surtout en confort et les techniques ont évolué. « Coppi a monté les 21 virages assis. Aujourd’hui, ils montent en danseuse », explique encore le président.
La montée de Coppi a été immortalisée par de nombreux reportages photographiques. Les éditions Glénat consacrent le tome III de sa série consacrée au Tour de France à ces fameux grimpeurs qui ont défié ces 14 km de montée.
Intitulé Étapes, L’Alpe d’Huez étendard du cyclisme en Isère, ce recueil dédie sa Une au champion du Tour de l’année 52.

Isabelle Doucet

A côté du guidon, il y a la fourche
Christian Prud'homme, directeur d'ASO, organisatrice du Tour de France.
Vu des champs

A côté du guidon, il y a la fourche

Christian Prud’homme, le directeur du Tour de France, a réaffirmé l’attachement profond qui unit la manifestation au monde agricole. 

 

 

Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA l’avait annoncé en mars dernier lors du salon de l’Agriculture : la FNSEA prendra part à la caravane du Tour de France 2022. Christian Prud’homme, le directeur du Tour, s’en réjouit. 
« Il y a des liens très forts et naturels. L’âge d’or du cyclisme Français c’est quand les champions sortaient des fermes. Raymond Poulidor était fils de métayer, rappelle le directeur du Tour de France. Sur les routes du Critérium du Dauphiné, nous sommes passés devant la ferme où Bernard Thévenet a été élevé et qui s’appelait le guidon. C’était prédestiné. A côté, l’autre ferme s’appelait la fourche… Et puis, Bernard Hinault a été éleveur après sa carrière. Il y a un lien naturel que l’on souhaite toujours renforcer avec Christiane Lambert. A travers le concours Les agriculteurs aiment le Tour, mis en place par Jean-Michel Lemétayer et Jean-Marie Leblanc, on donne un peu de fierté au monde agricole : les images du Tour partent partout dans le monde et les images des champs décorés aussi. 
Je veux dire un vrai grand merci aux agriculteurs et aux agricultrices pour ces champs décorés. Car ce qui me frappe, c’est qu’ils font ça quand ils n’ont pas le temps de le faire. Et pourtant, ils le font. Et ce sont souvent beaucoup de personnes qui sont mobilisée, pas simplement pendant une heure ou deux au moment du passage du Tour, mais en préparation. Qu’ils soient capables de donner à un moment où ils n’ont pas le temps, chapeau ! Et lorsqu’on s’arrête, ce sont toujours des moments conviviaux.
Plus on pourra densifier les liens avec les agriculteurs et mieux ce sera, on est clairement sur la même longueur d’onde. Et aujourd’hui, le niveau est incroyable, les fédés font des choses bluffantes et magnifiques dans les champs ! »
La FDSEA de l’Isère relèvera le gant une nouvelle fois cette année avec une fresque géante qui sera placée sur le passage du Tour de France à Izeaux. 

Propos recueillis par ID