Génétique bovine
Le génotypage fait avancer la sélection

Isabelle Brenguier
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Pour XR Repro, le génotypage est un bon moyen pour les éleveurs de faire vêler des bêtes correspondant à leurs objectifs et de faire progresser leur troupeau. 

Le génotypage fait avancer la sélection
Paul et Eric Fort sont les deux associés du Gaec des verts sapins à Autrans. David, au centre, le fils de Paul devrait s'installer avec eux fin 2024, début 2025.

La coopérative XR Repro a tenu une de ses assemblées de section le 18 janvier dernier, à Autrans, dans le Vercors, chez Paul et Eric Faure, les associés du Gaec des Verts sapins, propriétaires d’un troupeau de 90 vaches laitières de race montbéliarde.
Conseillés par la coopérative, ils utilisent le génotypage depuis neuf ans. La visite de l’exploitation a permis aux représentants de la coopérative de présenter l’intérêt de cet outil aux éleveurs présents.

Objectifs des éleveurs

« Au départ, le génotypage, ce n’était pas une évidence pour nous », avance Paul Faure, précisant que dans leur stratégie de sélection, les deux frères privilégient « la production laitière, la santé de la mamelle et de bons taux butyreux et protéique pour une bonne qualité du lait ».
« Mais depuis deux ou trois ans, nous voyons bien les avancées que cela permet sur nos génisses. Leur potentiel est amélioré et nous constatons que, bien nourries, elles réagissent très bien. Nous avons augmenté la performance de notre troupeau », ajoute l’éleveur.
Selon Jacky Martin, responsable technique et commercial chez XR Repro, « c’est tout l’intérêt de cette technologie. Elle permet aux éleveurs d’avancer plus vite dans leur sélection, d’avoir des vaches qui correspondent vraiment aux objectifs des éleveurs ».

Evaluation complète

« Ouvert aux principales races bovines laitières et allaitantes, le génotypage permet aux éleveurs de connaître avec précision le potentiel génétique de leurs animaux pour établir de vrais choix, et de construire une stratégie d’accouplements génétiques de pointe, en corrélation avec leurs objectifs d’élevage. Si le génotypage permet de confirmer ou d’infirmer les « lignées phare » de leur exploitation, il s’avère essentiel pour découvrir le potentiel des veaux avant même qu’il ne s’exprime. Grâce au génotypage, ils peuvent connaître dès leur plus jeune âge les index production et morphologie, mais également des caractères à faible héritabilité, tels que la fertilité, la longévité, les cellules, la vitesse de traite et les facilités de vêlage. Là où l’œil de l’éleveur ne permet qu’une caractérisation phénotypique de l’animal, la technologie permet une évaluation complète de ses caractères de production, fonctionnels et morphologiques », précise Tiphaine Didry, responsable développement chez XR Repro.

Cinq euros par point

Pour bien faire comprendre aux éleveurs le retour sur investissement de l’utilisation du génotypage, les responsables d’XR Repro ont traduit le progrès génétique obtenu en valeur économique.
« Même si cela reste une estimation, cela permet d’avoir un ordre de grandeur », précise Tiphaine Didry, qui indique que « l’Isu -un index complet qui combine les caractères de production, les caractères fonctionnels, la synthèse des caractères morphologiques ainsi que les valeurs bouchères des animaux – est une partie de ce qu’on peut exploiter en critère économique. Car on sait (1) que chaque point d’Isu gagné par animal et par an, rapporte cinq euros ». Ainsi, dans l’élevage des Verts sapins, pour l’année 2023, en ayant fait réaliser 22 génotypages, Paul et Eric Faure ont fait progresser la moyenne de leur Isu et ont gagné 3 118 euros.

(1) d’après une étude Osiris réalisée en 2016 par plusieurs organismes dont l’Institut de l’Elevage

Isabelle Brenguier

Qu'est ce que le génotypage

Selon Tiphaine Didry, le génotypage est un outil d'évaluation génétique précoce des animaux. Il se pratique grâce à un prélèvement de cartilage à l'oreille des veaux. Il permet de trier les animaux en fonction des objectifs, d’aller plus vite en sélection, d’orienter et de valoriser au mieux l'accouplement et d’être plus précis que les index sur ascendance. Pour être génotypées, les bêtes doivent respecter quatre critères : être bouclées et déclarées à l’EDE, être de race pure, et avoir une filiation complète et compatible.

IB

De la technique, encore de la technique
Les assemblées de section d'XR Repro se déroulent en deux parties : une matinée en salle et une après-midi dans les élevages. Ici dans celui du Gaec des Verts sapins à Autrans.

De la technique, encore de la technique

Les assemblées de section d’XR Repro permettent de faire le point sur l’activité de la coopérative. Le constat est clair : les éleveurs veulent de la valeur ajoutée. 

La première partie de l’assemblée de section d’XR repro s’est tenue le 18 janvier, dans la mairie d’Autrans, sur le plateau du Vercors. Les représentants de la coopérative ont indiqué que les prestations à forte valeur ajoutée continuaient d’augmenter malgré la diminution du nombre de vaches.
« La part de la semence sexée augmente de 5,8%, la pose d’embryons de 26 %, les Xtremia (un protocole d’insémination profonde) de 3,4%, les génotypages de 16%, les échographies pour les constats de gestation de 4,1%, les échos aptitudes de 18 % et les échos le jour de l’insémination artificielle de 19 % », précise Julien Segalen, le directeur d’XR Repro. Pour lui, « toutes ces activités innovantes répondent à la demande des éleveurs et participent à améliorer et sécuriser les performances techniques dans les exploitations ».
« La demande croissante des éleveurs en services très techniques génère donc davantage de chiffre d’affaires. Cela permet de diluer les charges fixes et au final, cela nous permet d’investir dans des domaines d’activités stratégiques, notamment dans la recherche et le développement, sans puiser dans nos capitaux propres », ajoute Nadine Chandes, responsable financier et informatique. Cette gestion a permis à la coopérative d’avoir des comptes à l’équilibre et ainsi de pouvoir redistribuer 510 000 euros aux éleveurs sous forme de points fidélité.

Plus de sécurité

Les responsables d’XR Repro ont aussi abordé la question de la sécurité dans les élevages. En créant une commission dédiée, les membres du conseil d’administration de la coopérative se sont interrogés sur la nature des accidents du travail de leurs agents. Il en est ressorti que le risque le plus important était dans 67 % des cas, le coup de pied. Ensuite viennent les vaches qui chargent les intervenants. Avec la MSA, ils réfléchissent à la mise en oeuvre de nouvelles pratiques pour améliorer la sécurité dans les exploitations.

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