Les entreprises de l'horticulture et de la pépinière connaissent d'importantes difficultés en raison de l'arrêt des chantiers paysagers et de la fermeture des points de vente dédiés.
La production horticole iséroise en attente

La situation est compliquée. Très compliquée.

Dominique Bonnardon, président du syndicat des horticulteurs pépiniéristes de l'Isère, de la Drôme et de l'Ardèche, ne cache pas son désarroi et son inquiétude.

La période qui va du 15 mars au 15 mai est celle durant laquelle la profession réalise une part importante de son chiffre d'affaires (de l'ordre de 40 à 50 % chez les pépiniéristes et de 60 à 80 % chez les horticulteurs).

Pas cette année.

En raison de l'épidémie de Covid 19 et du confinement mis en place pour empêcher sa propagation, l'activité est très ralentie.

Voire totalement arrêtée.

« La pépinière de plein champ et hors sol est en arrêt parce que tous les gros chantiers conduits par les paysagistes pour les collectivités ou les entreprises sont eux-mêmes arrêtés. Il ne reste que les petits travaux réalisés pour des particuliers qui acceptent une intervention dans leur jardin. Quant à la vente des produits horticoles auprès du grand public, elle est aussi mise en suspens parce que les détaillants qui ne commercialisent pas de produits alimentaires sont aussi fermés. C'est donc une grosse partie de la production horticole de l'année qui est prête, qui n'est pas écoulée et qui est jetée. Car une fois qu'elle est à maturité, elle doit être plantée. Elle ne peut pas attendre plusieurs semaines », se désole Dominique Bonnardon.

Et d'ajouter : « Tous les jours, je suis au téléphone avec des confrères horticulteurs qui sont totalement désemparés, qui ne savent pas que faire de leur production. Les pertes que nous enregistrons aujourd'hui, nous ne les récupérerons pas plus tard ».

Conséquences en cascades

 

Pour le responsable, le problème se situe au niveau du débouché, pas à celui de la production.

Car, pour l'instant, peu de salariés sont en arrêt. Malgré l'absence de gel et de masque, les mesures de protection ont été mises en place et le travail dans les exploitations se poursuit, surtout dans les structures de plein champ où la distanciation sociale est plus facile à mettre en œuvre.
Mais Dominique Bonnardon s'interroge.

S'il ne demande pas la réouverture des points de vente, il déplore que des grandes surfaces aient dans leurs rayons des produits horticoles en provenance de l'étranger. Pour aider la filière, il souhaite que les producteurs aient l'autorisation de vendre des plants potagers (légumes, plantes aromatiques, petits fruits) en favorisant les « drives » ou les livraisons à domicile.

Il espère que des aides filières soient mises en place au niveau régional et européen, et qu'elles ne portent pas uniquement sur de l'investissement. « Cela ne suffirait pas. Comme d'ailleurs les reports de charge et de prêts dont nous avons déjà entendu parler. Ce sont des aides à la subsistance des exploitations dont nous avons besoin », assure-t-il. Il souhaite aussi qu'à l'issue de cette période de confinement, une grande campagne de communication soit organisée pour encourager l'achat de produits locaux auprès des particuliers, des distributeurs et des collectivités.

La situation est d'autant plus compliquée que cette nouvelle crise fait suite à une année 2019 déjà très éprouvante à cause de plusieurs épisodes climatiques qui ont fortement touchés la filière.

Le responsable syndical en est convaincu : « Il y a des établissements qui ne pourront pas s'en remettre ». Et de craindre également que les difficultés des entreprises se répandent en cascade au sein de l'ensemble de la filière.

Certains producteurs vont vite avoir du mal à s'acquitter de leurs factures auprès de leurs confrères. C'est donc toute la filière qui va être rapidement ébranlée.

Isabelle Brenguier