Beaucroissant
La foire de printemps est repartie

Le temps en a surpris beaucoup. Mais contre neige et bise, de nombreux courageux se sont rendus à Beaucroissant pour la renaissance de la foire après deux ans et demi d'absence.

La foire de printemps est repartie

La conférence de presse pour annoncer la foire de Beaucroissant s'était tenue le 24 mars sous un ciel radieux et même chaud. 

L'inauguration de la foire, elle, a connu des chutes de neige surprenantes et un ciel plombé. Mais les sourires étaient bien là, sur tous les visages. Après deux ans et demi d'absence, la foire de Beaucroissant  de printemps était de retour le week-end des et 3 2 avril. 

« Notre objectif est de participer à la promotion du monde agricole », soutient Antoine Reboul, le maire de la commune. Les idées et les projets sont nombreux chez les organisateurs de cette foire, mais les incertitudes sanitaires ont ralenti les ambitions. « Nous voulons développer l'accueil des scolaires pour faire découvrir les métiers de l'agriculture, nous allons faciliter la présence des filières locales, des races locales telle le cheval de Barraquand. » Bref, des nouveautés seront là pour les prochaines éditions.

S'il y a un tel engouement, c'est certainement parce que « quelque chose manquait au monde rural ces derniers mois, analyse Jean-Claude Darlet, président de la chambre d'agriculture. Notamment ce contact humain. » Mais ce sont aussi les circonstances qui remettent l'agriculture au milieu du village et pas seulement à Beaucroissant. « La France est à la limite de l'autosuffisance alimentaire, s'alarme le responsable consulaire. Certains pays sont à la veille de famines, particulièrement en Afrique. On nous a mis beaucoup de contraintes ces dernières années vis-à-vis de la production. Cela a affaibli nos capacités globales, nous devons retravailler ce sujet. » Une idée reprise par Yannick Neuder, vice-président du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, qui en appelle à « soutenir l'agriculture pour nourrir demain ». Pour lui, « l'Union européenne ne joue pas son rôle. Jusqu'en 2023, la situation est stabilisée. Après 2023 (avec la nouvelle PAC, ndlr), rien n'est prévu. Il faut stopper les lobbies écologistes, dégeler les jachères. Quand il y a une volonté politique, il y a un chemin. » Le sujet de l'irrigation excite sa passion : « le conseil régional a mis des millions d'euros en faveur des investissements. Les irrigants se trouvent aujourd'hui devant une explosion des coûts de l'électricité (nécessaire pour faire tourner les pompes, ndlr) et sont sous le joug de restriction d'usage de l'eau... Il faut que le pays soit en capacité de produire. Nous pouvons avoir des produits de qualité, bio, mais il faut aussi des volumes, des productions de masse pour nourrir la population. »

Cette volonté d'indépendance s'applique dans « tous les domaines. Celui de l'énergie nous encourage à développer la méthanisation ou le solaire, mais nécessairement aussi le nucléaire, car si nous voulons cette autonomie énergétique, nous y serons obligés. » En aparté, l'élu régional avoue « ne pas être pro-nucléaire à tout prix, mais comme nous n'avons pas de sources d'énergie sur notre sol, nous devons diversifier nos approvisionnements dans un mix énergétique. »

L'indépendance alimentaire, Fabien Mulik, vice-président du conseil départemental chargé de l'agriculture et de la forêt, l'a abordé d'une autre façon. « 50% de la viande consommée est importée avec moins de normes que celles exigées en France auprès de nos producteurs. Le conseil départemental accompagne l'agriculture pour faire émerger une production de qualité. Les repas à deux euros dans les cantines des collèges permettent l'accès pour certains enfants à un régime équilibré, une découverte de saveur et une ouverture au goût. Les repas végan ou végétariens vont à l'encontre de cette ouverture. Défendre l'agriculture iséroise, c'est défendre l'élevage, donc défendre l'abattoir du Fontanil, promouvoir les races locales, notamment la villarde, se battre pour une ruralité vivante que certains voudraient mettre sous cloche. »

Chez lui aussi, la passion l'emporte : « les pressions du loup, des vegan, la violence à l'encontre d'agriculteurs ou de bouchers, sont des actes intolérables. C'est pour cela que le Département aide l'équipement en vidéoprotection. »

Le sénateur Michel Savin, régulièrement présents à Beaucroissant, insiste sur la coordination mise en place entre la Région et le Département dans le soutien de l'agriculture. « Quand il y a une volonté de part et d'autre, les choses se font ». Elargissant le débat, il estime qu'un tel « soutien doit se retrouver à l'échelle nationale comme européenne », et rappelle que « le prix des denrées, c'est aussi le résultat d'un travail, d'une qualité, de la santé et de la sécurité. »

Jean-Marc Emprin

Convention bien ordonnée

La foire de Beaucroissant d'avril 2022 a été le théâtre de la signature d'une convention entre la chambre d'agriculture et la communauté de communes de Bièvre Est. Un document qui permet une coordination des actions entre l'organisme consulaire et l'intercommunalité. « Elle réaffirme la présence de l'agriculture en tant que composante économique locale, explique Roger Valtat, président de l'entité Bièvre Est, et veut valoriser les interactions économiques, environnementales et territoriales. Il y aura également un accompagnement de la transition agricole avec des innovations. » En pratique, la présence régulière d'un technicien-animateur de la chambre d'agriculture au siège de l'intercommunalité « permettra un travail en amont dans les dossiers pour harmoniser les interventions, les actions et éviter les incompréhensions dans la gestion de dossier. »

JME