PROTÉINES
Protéines végétales : des demandes pour une stratégie européenne

Dix-neuf États membres appellent la Commission européenne à élaborer une stratégie commune en matière de protéines végétales. De son côté, le commissaire européen à l’Agriculture renvoie plutôt les vingt-sept à la construction de stratégies nationales.

Protéines végétales : des demandes pour une stratégie européenne
Janusz Wojciechowski a appelé « les États membres à suivre l’exemple de l’Autriche ou encore de la Belgique, de la France, de l’Allemagne ou des Pays-Bas ». ©Actuagri

Alors que la guerre en Ukraine a fait de l’autosuffisance alimentaire une priorité dans l’agenda européen, l’Autriche, soutenue par dix-neuf États membres (Bulgarie, Croatie, Chypre, Estonie, Finlande, Allemagne, Grèce, Hongrie, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et Espagne) a appelé, lors du Conseil agricole du 21 mars dernier, la Commission européenne à élaborer une stratégie européenne en matière de protéines. Vienne insiste notamment sur « l’importance de prendre en compte les besoins individuels et les circonstances agronomiques des États membres ». Du côté de l’exécutif européen, ce projet n’est pas pour l’instant d’actualité, à en croire les propos du commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, qui a appelé « les États membres à suivre l’exemple de l’Autriche ou encore de la Belgique, de la France, de l’Allemagne ou des Pays-Bas qui ont mis en place des stratégies nationales en matière de protéines ». D’après le commissaire européen, « il n’y a pas de solution toute faite » et il encourage donc « les États membres à utiliser les outils disponibles au niveau européen et national ou régional pour appuyer le développement de protéines végétales ». Sur ce point, Janusz Wojciechowski précise que « la prochaine Pac présente de nombreuses opportunités pour que les États membres puissent eux-mêmes intervenir ». Avant de prévenir : « À ce stade, la Commission européenne ne prévoit pas d’adopter une stratégie européenne en la matière. En revanche, elle évalue avec beaucoup de soin les différents outils avancés par les États membres dans leur plan stratégique ».

Souveraineté alimentaire et déforestation importée

Mais pour l’Autriche « cette stratégie européenne en matière de protéines permettrait à la fois de renforcer une production nationale durable de protéines végétales conformes aux normes européennes élevées et de faciliter la production de protéagineux dans les zones d’intérêt écologique ». Elle viserait également « à développer et étendre les chaînes de valeur et les capacités de transformation régionales afin de raccourcir le transport entre le lieu de production et le lieu de consommation », ajoute Vienne. En outre, cette stratégie devrait « favoriser la recherche et l’innovation, notamment dans le cadre d’Horizon Europe, mais aussi promouvoir la diversification des apports en protéines ainsi que leur utilisation pour la production d’aliments pour animaux », indique la délégation autrichienne. La plupart des États membres qui ont adhéré à la note produite par l’Autriche ont surtout mis en avant l’importance d’augmenter la production européenne de protéines végétales pour garantir la souveraineté alimentaire de l’Union européenne mais aussi pour lutter contre la déforestation importée, un objectif phare de la présidence française du Conseil de l’Union européenne. L’Allemagne a notamment indiqué que « cette stratégie est essentielle car elle permettrait de réduire la dépendance de l’Union européenne aux importations de protéines en provenance de pays tiers ». Pour Berlin, « il est crucial de favoriser la coexistence entre différentes formes de culture en fonction des surfaces conventionnelles ou biologiques avec ou sans OGM ».

R.M.