Filière bovine
Une exploitation qui fourmille d'idées

Morgane Poulet
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Le 8 mars, la Chambre d’agriculture de l’Isère a organisé des portes ouvertes à l’EARL de l’Orme, à Cornillon-en-Trièves. L’occasion pour Lilian Baup de partager ses idées pour augmenter la qualité de sa viande bovine.

Une exploitation qui fourmille d'idées
Le cheptel de charolaises de Lilian Baup comprend trente veaux nés par insémination artificielle.

Lilian Baup, éleveur de charolaises à Cornillon-en-Trièves, à l’EARL de l’Orme, estime que la réussite de son exploitation n’est pas liée à son seul travail mais à « un échange d’idées avec [son] entourage » pour améliorer la qualité de sa viande. Echange qu’il a perpétué lors de la journée portes ouvertes organisée par la Chambre d’agriculture dans son exploitation le 8 mars dernier.

Passer par le bio

Lilian Baup explique être autosuffisant en paille et en foin, ce qui a motivé son passage en agriculture biologique en 2019. Ce choix a été conforté par le fait que ses rendements étaient modestes en agriculture conventionnelle et pouvaient bénéficier d’une meilleure valorisation en bio, grâce à des pratiques d’élevage déjà proches de celles du bio. « L’un de mes voisins est en agriculture biologique, nous pouvons donc travailler ensemble », ajoute l’exploitant.
« Je me suis rendu compte qu’il était difficile d’engraisser les animaux, j’ai donc fait le choix de modifier ma conduite d’élevage », explique-t-il. En effet, depuis deux ans, il se « calque sur le système laitier » et « insémine les plus belles vaches », au nombre de 30. Celles qui restent servent à produire de la charolaise d’exception.
Lilian Baup ajoute avoir pris contact avec un boucher de Villard-de-Lans pour commercialiser une partie de ses veaux. Désormais, il aimerait les lui vendre tous afin d’adopter une production très locale.
Côté alimentation, les veaux ont de la farine à volonté, ce qui leur permet une croissance de 2kg par jour en moyenne par mois. Dans l’idéal, « il faudrait que les veaux puissent atteindre les 150kg en carcasse », précise-t-il. En revanche, il préfère vendre ses vaches de réforme, n’étant pas équipé pour les engraisser.
Depuis 2019, il sélectionne les meilleures mères par la pesée. Cette dernière est très importante pour son travail car elle lui permet de voir à quel moment le poids du bovin augmentera le plus. « Pour l’instant, je collecte beaucoup de données. Je verrai par la suite ce que je pourrai en faire, peut-être un tableau qui s’étendrait sur l’année pour m’aider à les nourrir au mieux. »

Plusieurs projets

Lilan Baup explique avoir plusieurs pistes évolutives, ses objectifs étant de d’optimiser son travail et de trouver un système qui fonctionne, pour cesser « d’évoluer perpétuellement ».
En 2022, trois de ses génisses ont été inséminées à 15 mois. « Il y a peut-être 30kg de carcasse perdus mais je gagne en veaux, sur une année, ainsi qu’en bâtiment. » Par la suite, une des pistes qu’il envisage de suivre serait de n’utiliser plus qu’un seul taureau pour les inséminations, ce qui pourrait mener à des vêlages plus homogènes en termes de qualité de viande.
En ce qui concerne ses cultures, l’agriculteur souhaite augmenter sa production de céréales tout en diminuant celle de luzerne. « J’ai aussi essayé les pâturages tournants pour optimiser les surfaces herbagères », ajoute-t-il. Son constat est que les vaches se « tiennent en état » mais qu’il n’y a pas d’impact sur les veaux. Déçu, il note toutefois qu’après des débuts stressants pour mettre en place cette nouvelle organisation, les veaux ont eu moins de parasites que les années précédentes, ce qui constitue donc un progrès.
Il pense également introduire le gène sans corne par le biais des femelles plutôt que des mâles, ce qui faciliterait son travail. Il s’agit d’un gène présent naturellement chez l’Angus, la Belted Galloway et l’Hereford et qui crée une absence de corne chez l’animal. Afin d’éviter l’écornage, douloureux pour l’animal et parfois difficile à réaliser pour l’éleveur, il peut être intéressant de s’y pencher.

Morgane Poulet

Les pâturages tournants

Les pâturages tournants sont utilisés pour répondre à plusieurs objectifs :
- pour maximiser le potentiel herbager ;
- pour diminuer la pression parasitaire ;
- pour bénéficier d’herbe toujours fraiche ;
- pour limiter le gaspillage ;
- pour augmenter le volume d’herbe ingérée.