ACTIONS SYNDICALES
Tour d’horizon des mobilisations d’agriculteurs en région

Application de la loi Egalim, suppression de la viande dans les cantines scolaires, future Pac… Dans ce contexte tendu, de nombreux agriculteurs ont choisi de se mobiliser. A l’initiative des organisations syndicales majoritaires, FDSEA, FRSEA et Jeunes agriculteurs, plusieurs actions étaient organisées ces derniers jours.

Tour d’horizon des mobilisations d’agriculteurs en région
Lors de la mobilisation du 24 février à Saint-Etienne, Gérard Gallot, président de la FDSEA, et Nicolas Lenoir, président de JA de la Loire, ont donné des précisions sur les points de discorde actuels. ©Paysans de la Loire

Le département de l’Ain aura donc été l’un des premiers à se mobiliser en Auvergne-Rhône-Alpes. Dès le jeudi 18 février, les élus syndicaux de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs de l’Ain se sont retrouvés pour manifester. Le cortège de tracteurs s’est arrêté devant la préfecture de Bourg-en-Bresse et six manifestants ont été reçus par la préfète Catherine Sarlandie de la Robertie. Plusieurs dossiers étaient à l’ordre du jour : une réforme de la loi Egalim jugée trop peu punitive et inefficace pour garantir une meilleure rémunération des agriculteurs, mais aussi la réforme de la Pac, la question des zones vulnérables et la reconnaissance des calamités agricoles. 

La suppression de la viande dans les cantines, le déclencheur

A Lyon, la décision du maire Grégory Doucet (EELV) d’instaurer pour sept semaines un menu sans viande dans les cantines scolaires de la ville a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le lundi 22 février à 10 h, 250 agriculteurs du Rhône dont une majorité d’éleveurs se sont retrouvés devant l’Hôtel de Ville. Le cortège, parti de plusieurs points du département, s’est dans un premier temps immobilisé sur les quais près de la mairie. Plusieurs manifestants se sont affairés pour installer une mini-ferme avec des agneaux, des chevrettes, des vaches laitières, et même une vache limousine ! Une dégustation de viande bovine locale a par la suite été organisée en fin de matinée. Une délégation composée de représentants syndicaux du Rhône et d’Interbev (interprofession) a ensuite été reçue à la mairie de Lyon par Gauthier Chapuis, adjoint à l’alimentation, et par les services du cabinet du maire. La discussion s’est achevée sur la promesse des élus municipaux de « proposer rapidement une rencontre entre les agriculteurs, le maire de Lyon et le président de la Métropole et de retravailler ensemble le cahier des charges de l’approvisionnement en local des cuisines centrales d’ici la rentrée 2022 ». Peu après, les représentants de la FDSEA et de Jeunes agriculteurs ont rencontré la sous-préfète Cécile Dindar et le directeur de la direction départementale territoriale (DDT) du Rhône, Joël Prillard. Plusieurs sujets étaient sur la table comme la future Pac, le dossier calamités sécheresse et le plan pollinisateur. 

La Loire et le Cantal dans la rue le 24 février

Dans la Loire, cent-cinquante agriculteurs dont une majorité de jeunes installés se sont retrouvés mercredi 24 février devant la préfecture à Saint-Etienne. A l’appel de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs de la Loire, ils étaient présents à la mi-journée pour signifier leur incompréhension sur plusieurs sujets : la loi Alimentation, la révision des zones vulnérables aux nitrates, la réforme de la Pac, le dossier sécheresse 2020 et l’accord commercial UE-Mercosur. Catherine Séguin, préfète de la Loire, a reçu une délégation en début d’après-midi. Cette journée de mobilisation départementale s’inscrivait dans un mouvement plus large initié au début de l’année par les organisations syndicales majoritaires avec à la clé plusieurs rencontres avec des responsables de grandes enseignes, des parlementaires ligériens et le sous-préfet de la Loire à Montbrison.

A Aurillac, le 24 février a également été choisi par la FDSEA et les Jeunes agriculteurs du Cantal pour se mobiliser. Après avoir déposé des panneaux récupérés aux entrées des villages pour signifier leur désarroi quant aux états généraux de l’alimentation, au dossier sécheresse ou encore à la Pac, une partie des deux-cents manifestants ont tenté de faire tomber le portail de la préfecture à l'aide d'un tracteur. Des échauffourées ont rapidement éclaté avec les forces de l'ordre présentes sur place. Cette manifestation faisait suite à deux précédentes mobilisations auvergnates, dans l’Allier et la Haute-Loire. Le 3 mars à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), une dégustation de burgers place de Jaude et des actions devant la préfecture, le conseil général et la mairie devaient par ailleurs être organisées pour protester contre l'instauration de deux repas végétariens par semaine dans les cantines de la ville.

De nouvelles manifestations à venir

Du côté de l’Isère, une manifestation était organisée vendredi 26 février à Grenoble à l’initiative de la FDSEA, des Jeunes Agriculteurs et de la chambre d’agriculture du département. Leur slogan : « Trop de paroles, nous voulons des actes ! ». Une délégation a pu rencontrer le préfet Lionel Beffre pour aborder quelques grands points : la prédation avec la nomination de nouveaux lieutenants de louveterie, une meilleure communication pour limiter les conflits entre agriculteurs et citoyens et le renforcement de la loi Egalim pour des résultats concrets, avec neuf amendements à ajouter sur la loi convention citoyenne de ce printemps.

Dans d’autres départements d’Auvergne-Rhône-Alpes et de Bourgogne-Franche-Comté qui ne se sont pas encore mobilisés, les choses devraient bouger dans les prochains jours. En fin de semaine, la FDSEA et les Jeunes agriculteurs de Saône-et-Loire devraient par exemple « visiter » des enseignes de la grande distribution pour vérifier les contrats labels et inciter à contractualiser local. Une mobilisation d’ampleur en Aura est quant à elle prévue le 9 mars prochain avec des actions coordonnées dans les départements. Une autre manifestation régionale pourrait également se dérouler autour du 25 mars à Lyon et à Clermont-Ferrand.

Pierre Garcia