Politique agricole
Mesurer l’étendue des dégâts

Isabelle Doucet
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Le conseil de l’agriculture départemental a fait le point sur les aides mobilisables suite au gel ainsi que sur les événements à venir à Beaucroissant.

Mesurer l’étendue des dégâts
Une mission d'expertise des dégâts du gels s'est déplacée dans le Roussillonnais le 127 avril dernier.

Les calamités gel et la Foire de Beaucroissant figuraient à l’ordre du jour du CAD qui s’est réuni en visioconférence le jeudi 22 avril dernier. 
La chambre d’agriculture a mis en œuvre un recensement pour mesurer l’étendue des dégâts. « Nous avons envoyé questionnaire à tous les agriculteurs du département. Ce message a été relayé par Terre Dauphinoise, mais doit aussi l’être par les structures », a indiqué son président Jean-Claude Darlet.
L’enquête compte quatre points : les constats effectués par les exploitants ; les frais engagés pour la protection des aléas climatiques ; l’état d’endettement ; l’emploi de salariés ou de saisonniers. La chambre a déjà reçu plus d'une centaine de retours.

Missions d'expertise

La commission d’expertise s’est quant à elle déplacée mardi 27 avril dans le secteur de Roussillon et vendredi 29 avril dans la Bièvre pour constater les dégâts en arboriculture. d'autres missions sont prévues dans d'autres secteurs.
Jean-Claude Darlet a précisé que dans le cadre du dispositif d’accompagnement, « un fonds d’aide spécial sera alloué à chaque préfecture qui gèrera en minimis selon le même registre que les aides Covid ».
La profession agricole demande en outre le déplafonnement des minimis, soit 20 000 euros sur trois ans en entreprise individuelle ou 200 000 euros pour les structures collectives, « sans quoi cela ne sera pas suffisant pour gérer cette calamité », estime Jean-Claude Darlet. Mais le Gouvernement ne l’entendrait pas ainsi.

Plafond des aides à 40%

La DDFIP procèdera au renouvellement de l’exonération de la TFNB. Mais la question du retour aux exploitants reste toujours aléatoire.
La chambre effectue également un recensement de toutes les aides sociales mobilisables, qu’elles concernent les agriculteurs ou leurs salariés. La Dreets (1) informera sur la mise en place du plan de soutien, identique à celui existant pour le Covid (chômage partiel etc.) 
L'indemnisation des arboriculteurs au titre du dispositif des calamités agricoles sera portée jusqu'à 40%. « Nous demandons à ce que ce plafond monte à 50% ou 55% pour prendre en compte tous les dégâts », déclare Jean-Claude Darlet. Ce dispositif doit être étendu à la viticulture et aux grandes cultures. 
La Région Aura a pour sa part débloqué 15 millions d’euros. Les acteurs du monde agricole veilleront à la cohérence et à la complémentarité des aides apportées par les différentes instances : Europe, Etat, Région et Département. 
Mais à la chambre d’agriculture, on estime que l’urgence et au volet social et à l’accompagnement psychologique. « Des gens vont très mal, il ne faut pas passer à côté », répète le président. 

Au cas par cas

Ce que confirme Françoise Thévenas, la présidente de la MSA Alpes du Nord. « Des exploitants ne croient plus en l’avenir et ne connaissent pas les dispositifs d’aides. Il y a un besoin de communication ».
La MSA reste prudente dans ses annonces. S’il est question d’année blanche, cela ne voudra sûrement pas signifier un effacement des cotisations, mais plutôt un report. « Or, sur l’année 2020, il y a déjà des reports liés à la crise sanitaire », précise Fabien Champarnaud, son directeur. « Il ne faut pas induire les gens en erreur. »

« Il y a une détresse énorme », assure à son tour Jean-Pierre Gaillard, président du Crédit agricole Sud Rhône-Alpes (Casra). « Nous avons contacté 35% des clients en viticulture et en arboriculture touchés par le gel. Il y a un besoin d’échanger, témoigne Patrick Pillonel, responsable du secteur de l’agriculture départementale pour le Crédit agricole Centre-Est. Quelles que soient les mesures, ce sera forcément du cas par cas. »
Casra et Crédit agricole Centre-Est travaillent en collaboration dans le cadre de cette crise.
Dominique Renoud, responsable de développement marché de l'Agriculture du Casra, précise que la date butoir pour la demande de PGE (prêt garanti par l’Etat) est reconduite jusqu’au 31 décembre.
Il apporte un éclairage sur la dimension de cette crise : 2 776 clients ont été touchés, soit 30% de la clientèle du portefeuille agricole, dont 1 263 arboriculteurs et 1289 viticulteurs. Ils pèsent 114 millions d’encours à moyen et long terme.

Fiches pratiques

Philippe Guérin, le directeur de la chambre d’agriculture de l’Isère, fait aussi part d’inquiétudes concernant les pertes de marchés et souligne la fragilité de la situation des opérateurs économiques. 
L’ensemble des représentants du CAD s’est accordé sur l’élaboration de fiches pratiques dûment renseignées des aides possibles et des personnes ou contacts ressource à l’intention de tous les agriculteurs touchés par cet épisode de gel.
Ces documents seront relayés par les réseaux, Terre Dauphinoise ainsi que par toutes les mairies.

Cap sur Beaucroissant

Tournée vers l’avenir, l’assemblée a programmé plusieurs dates de manifestations. 
Jérôme Crozat, le président du CAD, a proposé d’organiser un temps fort le 18 mai, sur un format réduit des Nuits de l’agriculture.

« Nous souhaitons organiser un rendez-vous avant les élections, une rencontre de deux heures où les organisations agricoles du CAD pourraient interpeler les élus », explique-t-il. La rencontre, aurait lieu à Beaucroissant.

Autre date en projet : la création d’un événement agricole les 16 et 17 septembre, toujours à Beaucroissant. Il s’agirait d’un temps réservé aux professionnels qui s’articulerait avec le concours charolais Sud-Est.
Il est question d’ateliers, de rencontres, de conférences avec un grand témoin, de démonstrations de matériel agricole avec les concessionnaires et les conseillers de la chambre d’agriculture, de promotion des métiers de l’agriculture. Jérôme Crozat entend placer ces journées sous le thème de la stratégie bas carbone. L’intérêt est de capter les grandes entreprises dans le cadre du paiement de la taxe carbone et des contrats pour prestation environnementales (CPE).
« Nous avons une carte à jouer car aucun salon de ce type d’existe et des entreprises payent, font du mécénat pour le maintien d’activités agroenvironnementales », insiste-t-il.
Cette année, la première édition se tiendrait dans un contexte particulier d’annulation de la foire d’automne de Beaucroissant. Mais Jérôme Crozat souhaite entériner cette nouvelle journée du jeudi (qui à l’avenir précèderait l’ouverture officielle de la foire) comme une journée professionnelle. L’enjeu est d’éviter toute confusion vis-à-vis du grand public privé de manifestation cette année

Isabelle Doucet

(1) Dreets : Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités

 

Des dégâts très importants : 

La chambre d’agriculture a procédé à une estimation des dégâts dus au gel dans le département : 

- 2200 ha en arboriculture
- quelques dizaines ha noyers sur des variétés précoces 
- plus de 500 ha maraîchage
- 450 ha de vigne 
- A cela s’ajoutent des pertes sur les grandes cultures : colza mais aussi blé et orge. 
- L’activité horticulture a aussi été touchée soit quelques dizaines d’ha 
- L’impact possible sur les cultures fourragères sera mesurable plus tard.