Pratiques d'élevage
Un GIEE pour développer les bonnes pratiques

Isabelle Brenguier
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Huit exploitations des Terres froides se sont regroupées pour former un GIEE destiné à les accompagner dans leur volonté de protéger l’environnement et de développer leur autonomie fourragère. Explications.

Un GIEE pour développer les bonnes pratiques
Crédit photo : Chambre d'agriculture de l'Isère Les agriculteurs du GIEE réalisent des essais sur les prairies multi-espèces et les intercultures fourragères.

Une suite logique. Exploitant des parcelles situées dans l’enceinte du captage prioritaire de Saint-Romain à Biol, ces agriculteurs étaient sensibilisés à la protection de l’eau et de l’environnement depuis plusieurs années. Mais ils avaient envie « d’aller plus loin » dans les pratiques mises en œuvre et de ne pas se limiter à la zone de captage. La création d’un GIEE (Groupement d'intérêt économique et environnemental) est apparue comme une bonne opportunité pour atteindre ces objectifs. « Il nous permet de réfléchir à de nouvelles pratiques plus respectueuses de l'environnement et de montrer que sans forcément aller vers le bio, nous cherchons d’autres solutions », explique Eric Chavrot, éleveur et président de la Cuma du soleil levant, structure porteuse du GIEE Agri-demain des Terres froides.

Nouvelles méthodes de travail

Ainsi, ils sont dix-huit agriculteurs - installés au sein de huit exploitations - à s'être rassemblés dans ce groupement qui a vocation à « développer l’autonomie alimentaire et une agronomie durable ». Car, face à la récurrence des étés caniculaires, les éleveurs des Terres froides rencontrent de plus en plus de difficultés pour nourrir leurs troupeaux. « Cela fait quelques années déjà que nous sommes limites », indique Eric Chavrot. « Et comme nos troupeaux sont plus importants, nous devenons plus fragiles ». Agriculteur à Montrevel, Daniel Laurent n’est pas concerné par le captage de Saint-Romain. Mais il était très intéressé pour « découvrir de nouveaux fourrages plus résistants au sec et accroître son autonomie ». Il avait aussi envie de se retrouver avec d’autres agriculteurs pour connaître de nouvelles méthodes de travail. Telles sont les raisons qui l’ont conduit à intégrer le GIEE. Pour que tous les éleveurs y trouvent leur compte, les sujets abordés sont divers. Ils réalisent des essais sur les prairies multi-espèces et les intercultures fourragères, des diagnostics et des tours de prairies, des analyses de fertilisation et de fourrages. Mais ils travaillent aussi sur le désherbage mécanique, la réduction des intrants, les reliquats azotés, la bonne utilisation de la bineuse achetée au sein de la Cuma, les charges de mécanisation...

Conforter la dynamique d’élevage

Grâce au GIEE, ces exploitants bénéficient d’un financement pour des prestations et des accompagnements techniques. Comme ceux d’Amandine Roux, conseillère agro-environnement à la chambre d’agriculture de l’Isère et de Jean-Pierre Manteaux, conseiller élevage et bovins lait à la chambre d'agriculture de la Drôme. Comme le souligne Eric Chavrot, « la sensibilité des membres du GIEE pour les problématiques environnementales est réelle, mais nous apprécions le conseil dont nous profitons et cet effet de groupe, plus stimulant que lorsqu’on est tout seul dans son coin ». Ces échanges ont beaucoup de sens pour conforter la dynamique d'élevage dans le territoire. Pour Olivier Giroud, éleveur au sein du Gaec de la Mure à Biol, « non seulement le groupement nous est utile pour développer nos connaissances, mais aussi parce que, grâce à l’animation proposée par Amandine Roux, il nous « oblige » à aller dans nos parcelles, à suivre nos cultures, avec un œil extérieur. C’est sympa. Il nous permet de nous retrouver. Sans que cela ne prenne trop de temps ».

Outil de communication

Le GIEE a aussi comme objectif de servir d’outil de communication auprès des habitants du secteur. « Nous fonctionnons trop en vase clos. Il faut partager ce que nous faisons au quotidien. Je doute que nos concitoyens sachent que nous avons mis en place des Mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) dans le périmètre du captage et que nous avons investi dans du matériel qui nous permet d’avoir moins recours au désherbant. Il n’y a pas de tension dans notre territoire, mais il ne faut pas attendre qu’il y en ait. Le GIEE pourra donc être utilisé pour organiser des actions à l’école, créer des nichoirs, une randonnée pédestre qui passera par une ferme... Il y a beaucoup de choses auxquelles nous pensons ».

A l’origine de la création du groupe et en charge de son animation, Amandine Roux estime qu’il s’agit d’un projet particulièrement « intéressant et ambitieux », qui montre que « les exploitations agricoles sont dans leur temps et leur environnement, qu’elles ont envie d’avancer et de se remettre en question ».

Le GIEE Agri-demain des Terres froides a été agréé en septembre dernier pour une durée de trois ans renouvelables. Aujourd’hui, il en existe trois dans le département.

En bref

Les GIEE sont des groupements favorisant l’émergence de dynamiques collectives qui prennent en compte des objectifs économiques et environnementaux. Leur objectif est de permettre à l’agriculture française de devenir plus performante sur ces deux volets. C’est la raison pour laquelle les GIEE bénéficient de l’attribution préférentielle de certaines aides, notamment de la PAC. Ces nouveaux groupements bénéficient d’un cadre législatif volontairement souple. Le label GIEE peut être attribué à une structure préexistante ou à une qui serait créée pour l’occasion.

Source : Ministère de l’agriculture et de l’alimentation