ELEVAGE
Quels sont les intérêts et les limites du vêlage précoce en systèmes allaitants ?

L’Institut de l'élevage (Idele) organisait le 17 novembre dernier un webinaire consacré au vêlage précoce en systèmes allaitants. L’occasion d’analyser les forces et les faiblesses des différentes stratégies d’âge au premier vêlage en élevage bovin viande. 

Quels sont les intérêts et les limites du vêlage précoce en systèmes allaitants ?
Le vêlage précoce est majoritaire chez les limousines et les rustiques, le vêlage à trois ans est plus commun chez les charolaises et le vêlage tardif se révèle plus courant chez les blondes d’Aquitaine. (Crédit : Idele)

D’après la dernière étude de l’Idele portant sur la campagne 2018-2019, la moyenne d’âge au premier vêlage dans les 62 760 troupeaux allaitants français est de 36 mois. « Si 52 % des premiers vêlages se font à cet âge, on constate malgré tout une très forte variabilité avec 6,6 % de vêlages précoces (moins de 30 mois) et 22 % de vêlages tardifs (39 à 60 mois) tandis que 19 % sont classés sans stratégie d’âge préalablement définie », a expliqué Philippe Dimon, chef de projet à l’Idele. Des chiffres que les chercheurs corrèlent directement à la race du troupeau. Le vêlage précoce est en effet majoritaire chez les limousines et les rustiques, le vêlage à trois ans est plus commun chez les charolaises et le vêlage tardif se révèle plus courant chez les blondes d’Aquitaine.

Des effets positifs sur la durabilité de l’exploitation

Les simulations de vêlages à deux ans menées dans le cadre de plusieurs projets d’études comme Effiviande, Beef Carbon et AP3C dévoilent des résultats très positifs en matière de durabilité. En moyenne, le nombre de vêlages y est en hausse de 10 % et la rémunération du travail augmente de 5 à 7 %. Si les vêlages à deux ans induisent une dépendance plus importante en matières premières, des gains environnementaux sont également constatés : 12 à 14 % d’émissions de gaz à effet de serre en moins, une meilleure préservation des ressources naturelles et une baisse de 5 à 6 % des besoins en stocks fourragers à l’échelle de l’exploitation. Le facteur social est lui aussi positivement impacté. Le vêlage à deux ans permet en effet d’enclencher un cercle vertueux qui se traduit notamment par un potentiel nourricier en hausse de 5 % et une augmentation sensible du nombre de vêlages par unités de main-d’œuvre.

Aider les éleveurs à changer leurs pratiques

Après la théorie, la pratique. Julien Renon de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire a axé son intervention sur six questions clés que peuvent se poser les éleveurs désireux d’avancer l’âge au premier vêlage. La première d’entre elles : comment réussir la reproduction des génisses à 14-15 mois ? « Il faut viser un poids minimum de 430 kg pour sécuriser la fécondation des génisses. Attention à la période de sevrage et veiller à un rythme de croissance régulier de 700g / jour », répond-t-il. Question suivante : comment se déroule le vêlage à 24-26 mois ? « Il n’y a pas plus de vêlages difficiles même s’il faut faire attention à choisir les mêmes taureaux que ceux prévus pour les génisses mises à la reproduction à deux ans. » Après un vêlage à deux ans, comment se passe la reproduction ? « On constate peu d’écarts sur les résultats de reproduction après le premier vêlage mais l’impact des conditions de vêlage sur la fertilité est important », a-t-il argumenté avant de traiter les questions restantes : comment se passe la croissance des veaux ? « Les pratiques de complémentation ou d’allotement ne sont pas spécialement modifiées. » Avec le vêlage à deux ans, quelle politique de réforme ? « Viser minimum 25 % de renouvellement et attendre le deuxième vêlage avant de réformer les jeunes veaux », a-t-il indiqué avant de conclure sur une sixième et ultime question clé, celle des conséquences de cette stratégie sur le poids du cheptel de souche : « Le poids des vaches adultes est peu affecté mais il faut rester rigoureux sur les règles d’alimentation jusqu’ à 3 ans ». Les premières inquiétudes levées, Philippe Dimon a tenu à conclure ce webinaire en proposant aux éleveurs d’avancer à leur rythme en expérimentant des stratégies intermédiaires plus accessibles. Il a notamment évoqué le vêlage à 30 mois en double période de vêlage ou le vêlage à 2 ans sur une partie des génisses triées suivant leur développement.

Pierre Garcia