MALTERIE
Malteurs cherchent orge bio et local

Jean et Tiphaine Girardeau ont créé l'entreprise « A vos malts ». Leur ambition : transformer d'ici cinq ans 3 000 tonnes d'orge biologique.

Malteurs cherchent orge bio et local
Tiphaine et Jean Girardeau devant leur premier tambour, qui servira à la germination et au touraillage (séchage) du malt. Cette malterie cylindrique, courante aux USA, est quasiment unique en France. (Crédit : SS)

A Granges-les-Beaumont dans la Drôme, Jean et Tiphaine Girardeau viennent d'investir un million d'euros pour créer une malterie haut de gamme. En ce début d'année 2021, ils mettent en service un premier tambour, fabriqué sur mesure pour leur entreprise. Ce cylindre géant permet de réaliser la germination et le touraillage, deux étapes délicates du processus de maltage. Ils seront alors en capacité de transformer 550 tonnes d'orge par an, soit une production de 440 tonnes de malt. Mais, les jeunes entrepreneurs visent un développement rapide. « Nous souhaitons installer dès cette année un second tambour. C'est pourquoi nous recherchons 700 tonnes d'orge brassicole bio pour l'été prochain, en priorité d'Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi de Provence-Alpes-Côte d'Azur et Bourgogne-Franche-Comté », annonce Jean Girardeau. « Nous sommes intéressés aussi bien par de l'orge de printemps que de l'orge d'hiver. Nous avons investi dans un procédé de haute technologie qui nous permet de maitriser le maltage des orges d'hiver réputé plus difficile », assure le chef d'entreprise.

Un cahier des charges a été établi à destination des producteurs. Il s'appuie sur les recommandations du syndicat Malteurs de France et porte notamment sur le calibre, le taux de protéines, la pureté variétale, la qualité sanitaire... Les échantillons seront analysés par l'Institut Français des boissons, de la brasserie et de la malterie (IFBM). Celui-ci réalisera des micro-maltages pour tester le pouvoir diastasique1 de l'orge. Jean Girardeau vise une qualité de malt premium pour que son entreprise devienne une référence auprès des brasseurs locaux. Un univers qu'il connait bien pour avoir co-fondé en 2012 la micro-brasserie le Malting-Pot à Lyon.

Aujourd'hui, il souhaite apporter une réponse aux brasseries qui s'approvisionnent en Belgique ou en Allemagne, faute de trouver du malt bio français. « Avec 340 brasseurs en Aura, le marché est de 8 000 tonnes de malt par an, voire 15 000 tonnes si on inclut les brasseurs de Paca et de BFC », estime-t-il. Jean et Tiphaine Girardeau ont dimensionné leurs locaux pour accueillir d'ici cinq ans cinq tambours. Ils pourraient alors travailler chaque année 3 000 tonnes d'orge biologique en provenance du quart sud-est de la France. Et offriraient ainsi un des maillons manquants pour structurer une filière brassicole régionale, du champ à la chope.

S.Sabot

En savoir plus : www.avosmalts.fr
1. Capacité à produire les enzymes nécessaires à la décomposition de l'amidon.