Nuciculture
Le plan de filière Noix de Grenoble se développe

Morgane Poulet
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Depuis le début de l’année, le plan de filière Noix de Grenoble se complexifie et bénéficie de nouvelles actions.

Le plan de filière Noix de Grenoble se développe
Le plan de filière Noix de Grenoble permet de financer du matériel, comme ce sécateur de taille électrique à perche télescopique.

Alors que le plan de filière Noix de Grenoble a été mis en place en 2021 pour les adhérents à la Noix de Grenoble dont 60% de la production sont issus de l'AOP Noix de Grenoble, il intègre cette année de nouveaux éléments. Désormais, du matériel supplémentaire sera financé afin de développer les enjeux du programme.

De nouvelles actions

Depuis le début de l’année, la filière Noix de Grenoble a intégré de nouvelles actions à son plan de financement. Désormais, une subvention est accordée pour l’équipement de broyeurs à herbe ou à branches. L’objectif est de diminuer l’impact environnemental ainsi que l’utilisation des produits phytosanitaires. Le broyage constitue également une alternative au brûlage du bois car les copeaux peuvent être laissés sur place ou bien valorisés en bois de chauffage.
Guillaume Vial, nuciculteur installé à Vourey, a déjà pu bénéficier du plan en 2021. « J’ai pu acheter un sécateur de taille électrique avec perche télescopique », explique-t-il, afin de tailler les noyers dans leurs premières années, lorsqu’ils sont encore jeunes. Cette acquisition rend son travail « plus confortable pour travailler car le matériel est moins lourd qu’un sécateur thermique, mais aussi moins bruyant. » Ce sécateur est également plus efficace car « les coupes sont plus nettes que celles de la scie ou de la tronçonneuse, ce qui permet aux arbres de mieux cicatriser », ajoute-t-il. « Le travail est plus rapide et nous avons gagné en sécurité ». Auparavant, il était en effet nécessaire de monter sur un tracteur afin de tailler les arbres. Non seulement cette pratique pouvait s’avérer risquée mais en plus, elle mobilisait une personne supplémentaire pour conduire l’engin.

La Senura en renfort

Des études menées par la station expérimentale nucicole d'Auvergne-Rhône-Alpes (Senura) sont entrées dans le plan de filière car elles rejoignaient des axes lui correspondant, notamment en ce qui concerne la partie visant à réduire les produits phytosanitaires. Elles ont débuté en 2021 et sont soutenues par le dispositif Pepit*.
La première étude concerne la technique de l’insecte stérile. Il s’agit d’utiliser des mâles stérilisés contre le carpocapse pour qu’ils entrent en concurrence avec la faune sauvage. Ce procédé est très utilisé au Canada, mais il l'est relativement peu en Europe, d’où une collaboration avec le Canada pour mettre en place l’étude. Cette dernière s’achèvera en 2023.
Un deuxième essai porte sur la mouche du brou. L’odeur du brou de noix est utilisée pour perturber la mouche et pour voir si elle l’attire. Si tel était le cas, cet élément pourrait être utilisé pour éloigner l’insecte des cultures.

Un plan sur quatre ans

Mis en place en 2021, le plan de filière Noix de Grenoble doit se poursuivre jusqu’en 2024. Au total, ce sont quelque 900 000€ de budget qui seront répartis sur la durée du programme et financés par la région Auvergne-Rhône-Alpes ainsi que par les départements de la Drôme, de l’Isère et de la Savoie. Les chambres d’agriculture de ces départements ainsi que le Comité interprofessionnel de la Noix de Grenoble et la Senura participent au plan en apportant des conseils techniques aux nuciculteurs.
Et même si le plan évolue, ses quatre enjeux restent inchangés. Il y a toujours une composante environnementale, qui passe par la volonté de réduire les produits phytosanitaires et de mieux gérer l’irrigation ; un aspect sur la résilience des exploitations face aux aléas climatiques ; un pari lancé sur l’AOP ; un souhait de développer les certifications HVE dans la filière en facilitant leur accès.
La concurrence des marchés étatsunien et chilien reste un enjeu important auquel la filière tente de faire face par le biais du programme de financement. Il s’agit notamment de s’appuyer sur l’AOP et sur la valeur de la production pour valoriser la qualité de la noix auprès du consommateur.

* Pôles d'expérimentations agricoles partenariales pour l'innovation et le transfert aux agriculteurs d'Auvergne-Rhône-Alpes, mis en place par les chambres d'agriculture de la région et par cette dernière.

Morgane Poulet

Objectif chiffrés du plan

- Fournir 30 matériels par an ;
- Accompagner 100 nuciculteurs par an, notamment sur les points techniques en passant par les chambres d’agriculture et par le Comité interprofessionnel de la noix de Grenoble (CING) ;
- Réaliser 500 hectares de couverts végétaux en quatre ans ;
- Obtenir 150 certifications HVE en quatre ans.
Les dossiers peuvent être déposés tout au long de l’année. Pour cela, il convient d’effectuer sa demande sur le site de la région, dans la rubrique « Aide et service ». En cas de problème ou d’interrogation, il est possible de contacter le CING.