Filière
Le saint-marcellin veut rester dans les courses

Les produits sous signe de qualité sont mis à rude épreuve en raison de la crise sanitaire, les consommateurs se contentant de produits alimentaires basiques.
Le saint-marcellin veut rester dans les courses

Comme toutes les AOP/IGP, le saint-marcellin fait les frais des réflexes élémentaires adoptés par les consommateurs depuis le début de la crise du coronavirus. S'ils se rendent dans les commerces, c'est bien souvent dans une seule et même enseigne pour y acheter des produits de base. La filière saint-marcellin enregistre un fort retrait des ventes et la production s'organise, depuis les élevages jusqu'aux transformateurs.

L'interprofession estime à environ 40% la baisse des volumes commercialisés. « Mais la situation est mitigée en fonction des opérateurs. Cela dépend des circuits de distribution. Pour ceux qui travaillent avec la restauration et les grossistes, c'est catastrophique », détaille Sylvie Marion-Colombier, chargée de mission au comité pour le saint-marcellin IGP. Et ce n'est pas plus réjouissant pour ceux qui travaillent en vente directe sur les marchés car beaucoup, en dépit des dérogations, n'ont pas rouverts.

 

Alors, le lait emprunte des circuits alternatifs : poudre de lait, stockage chez certains producteurs qui font de l'affinage sous forme de séchons ou du fromages de garde en pâte pressée, lait de consommation ou dons alimentaires. Les producteurs, en recherche de nouveaux débouchés, suivent avec attention les initiatives mises en place par les chambres d'agriculture.

Dans ce repli conjoncturel, la filière est accompagnée par le Cniel(1) et le Cnaol(2) qui ont demandé à la grande distribution de ne pas réduire les commandes en produits frais, de soutenir les entreprises locales et de rouvrir les rayons frais des supermarchés. Un effort de communication est également fait envers le consommateur pour l'inciter à cuisiner le saint-marcellin ou pour l'informer sur sa conservation.

Mais l'inquiétude traverse toute la filière. Les entreprises de transformation ont recours au chômage partiel ou affectent leurs salariés à d'autres missions. Les plus petites sont les plus fragiles.

Ralentir la production

Dans les fermes, l'objectif est d'agir sur les volumes. L'OP saint-marcellin a relayé la lettre du Cniel aux producteurs leur demandant de ralentir leur production de 2 à 5%. D'un point de vue pratique, il s'agit, par exemple, pour les éleveur de diminuer la dose de concentré dans la ration alimentaire afin de jouer sur la productivité des vaches ou bien d'anticiper les tarissements. « Ce qui nous inquiète, c'est le pic lié à la mise à l'herbe », indique Jean-Michel Bouchard, le président de l'OP saint-marcellin. « Notre message aux producteurs est de produire du lait le moins cher possible. »

Les professionnels espèrent que les consommateurs sauront revenir à des gestes plaisir pour leur alimentation. « Mais, pour le saint-marcellin comme pour le saint-félicien, même si la grande distribution en vend un peu, ce ne sont pas des produits que l'on retrouve dans les drives. Et la consommation est forcément en baisse », constate le responsable.

Le coup d'arrêt a été brutal, à l'instar des autres produits sous signe de qualité. Pour autant Jean-Michel Bouchard s'interroge car la crise « n'empêche pas de manger un bon produit. »

Isabelle Doucet

 

(1) Centre national interprofessionnel de l'économie laitière

(2) Conseil national des appellations d'origine laitières