Agriculture
Financer les petits projets agricoles

Isabelle Doucet
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L’assemblée départementale a voté le nouveau règlement d’intervention pour l’agriculture afin de mettre en cohérence son action et celle de la Région et des aides européennes.

Financer les petits projets agricoles
Le vice-président Fabien Mulyk lors du vote du règlement d'intervention du Département en faveur de l'agriculture.

Le Département de l’Isère a consenti en 2022 un soutien de 10 millions d’euros en faveur de l’agriculture, hors irrigation.
Ces aides interviennent en complémentarité de la Région et dans le cadre du Schéma de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII).
Avec la nouvelle PAC et l’entrée en vigueur du nouveau Plan stratégique national (PSN), le Département a été amené à revoir ses dispositifs pour se mettre en cohérence avec le nouveau Feader porté par la Région.
Le Département se réserve notamment la possibilité d’intervenir hors Feader, à la condition que les dossiers de candidature aux mesures de soutien soient conformes aux mesures du Feader.
En bref, il existe un comité de sélection régional unique, qui examine l’ensemble des dossiers de demande d’aides de financement, certains dossiers peuvent ne pas être retenus par la Région, mais peuvent bénéficier de financements de la part du Département.
« C’est plutôt quelque chose de positif, commente Fabien Mulyk, vice-président du Département en charge de l’agriculture. Nous incitons tous les candidats à présenter des dossiers conformes au Feader, ce qui nous laisse la possibilité de les aider quand même. Il n’y a pas d’exclusion, mais plutôt des améliorations en rendant éligibles des petits outils portés par des collectivités, comme des points de vente collectifs ou des abattoirs. »
Il cite en exemple l’abattoir de La Mure, porté par la communauté de communes de la Matheysine, qui peut désormais bénéficier d’un plus large taux de subventions (de 10 % à 35 %) pour ses équipements, « car les collectivités sont désormais intégrées au programme ».

Abattoir de La Mure

C’est aussi le cas des petits équipements qui ne pouvaient pas entrer dans le cadre du Feader, comme la machine à conditionner les pommes de terre de Terre d’Isère, que le Département a soutenu financièrement.

Fin de la vidéoprotection

En agriculture, sont concernés par les aides les projets d’investissement dans les exploitations d’élevage ; de transformation et commercialisation des productions ; d’investissement dans les industries agroalimentaires, de protection collective du foncier agricole et d’aides aux améliorations pastorales.
Sur la politique de l’eau, sont pris en compte les projets d’investissement dans les systèmes d’irrigation individuels ou les infrastructures collectives.
Pour la forêt, les aides concernent l’investissement en forêt ; dans les entreprises forestières ; dans les scieries et les entreprises de seconde transformation et le soutien aux collectivités locales pour acquérir des forêts.
Le nouveau règlement d’intervention met fin au dispositif d’aide de vidéosurveillance dans les exploitations le 31 août prochain. 130 exploitations ont bénéficié de cette aide, avant que le système ne soit biaisé par les fournisseurs de matériel qui appliquaient le tarif de la subvention, même pour les plus petites installations.
Concernant le pastoralisme, « le Département a tenu à mettre en place des aides bergers », explique Fabien Mulyk.
« Nous nous sommes appuyés sur Agriemploi pour le montage employeur et la FAI pour l’organisation sur le terrain et avons bénéficié d’un cofinancement de 15 000 euros de la part de la MSA. »
Le Département participe à hauteur de 20 000 euros et assure l’hébergement de la bergère à La Morte.
Les groupements pastoraux versent 50 euros par jour pour les services de la bergère d’appui.
« Je suis déçu par la position de l’État qui n’a pas apporté son soutien, commente Fabien Mulyk. Nous espérons une prise de conscience de sa part et que cette expérimentation permettra d’étayer notre dossier pour avoir des moyens supplémentaires l’année prochaine. » Le dispositif prévoyait en effet, la présence de trois bergers d’appuis en Isère.

  Le Département soutient le pastoralisme

Le Département a également financé cette année une cabane de berger dans l’ENS (1) du Col du Coq.
Autre contrariété qui entrave l’action du Département : sa mise à l’écart du financement des MAEC (2).
« Cet argent avait été budgété, rapporte Fabien Mulyk. Cela représente un million d’euros par an. »
Les alpages qui ne sont pas en groupements pastoraux seront les premiers touchés par ce manque à gagner. « Nous espérons surtout pouvoir intervenir en 2023 », insiste le vice-président.
Tous les départements concernés se sont mobilisés pour le retour de ce levier considérable pour l’agriculture.
Lors du vote de ce règlement, les élus de l’opposition se sont abstenus, ce qui a fait réagir le président Jean-Pierre Barbier, les mettant face à leurs contradictions. « Vous dites que vous voulez apporter votre soutien à l’agriculture, alors démontrez-le ! »
Isabelle Doucet

(1) Espace naturel sensible
(2) Mesure agroenvironnementale et climatique