Apiculture
« Le printemps a été inexistant »

La récolte de miel touche à sa fin. Pour les apiculteurs, il est l’heure du bilan. Une année frappée par le gel et les journées pluvieuses. 

« Le printemps a été inexistant »
Certaines abeilles ont souffert de la famine.

« Un bilan de la récolte ? C’est catastrophique ! Nous avons eu un printemps inexistant, donc pas de miel », alerte Benjamin Duffort, apiculteur en bio à Montbonnot-Saint-Martin. Le gel d’avril 2021, qui a impacté les fruits d’été et donc leurs fleurs, n’a pas permis aux abeilles d’obtenir leurs ressources nécessaires. Ceci ajouté au temps pluvieux d’avril-mai, n’a pas permis « aux abeilles de sortir. Elles n’ont donc pas consommé », explique Bruno Convert, apiculteur à Vinay. Benjamin Duffort reprend, « début juillet et août, nous avons pu extraire un peu de matière ». Du point de vue des chiffres, les résultats sont chaotiques. Bruno Convert estime que sa récolte serait divisée par deux voire trois, Benjamin Duffort prévoit environ 1,5 tonne récoltée et Jean-François Marmet présente une chute de 77% par rapport aux cinq dernières années. Les trois apiculteurs se rejoignent sur un point : « C’est une année qui va faire mal ! » 
Adèle Bizieux est directrice de l’association Ada-Aura, elle présente les résultats provisoires d’une première enquête pour alerter les pouvoirs publics sur une aide apicole. « À l’échelle de la région, sur 110 apiculteurs avec plus de 50 ruches, nous avons un taux de perte d’environ 65%. C’est un chiffre provisoire mais déjà alertant. De notre côté, nous avons élaboré une demande de soutien face aux surcoûts futurs pour la nourriture des abeilles. En Isère, la direction départementale du territoire s’est saisie du dossier », présente Adèle Bizieux. 
 
La famine a frappé les ruches
 
« Une à deux fois par semaine, j’ai dû nourrir mes abeilles pour contrer la famine. Il fallait le faire le plus vite possible. Je leur ai donné du sirop d’orge / sucre bio avec de l’eau », annonce Jean-François Marmet. Et la réponse est la même pour tous, Benjamin Duffort, le rejoint : « C’est sûr, nous avons dû nourrir bien plus que d’habitude. Mais d’un point de vue portefeuille, il faut l’acheter le sucre et la flambée des prix est bien là ! » En présentant le bilan de cette année, Adèle Bizieux conclut que « les conditions de butinage et la présence de nectars n’ont pas été réunies ».
 
L’hiver, protéger les abeilles
 
« En théorie pour passer l’hiver, nous laissons environ 20 kg de miel dans les ruches. Aujourd’hui, il y a peine 5 kg », expose Jean-François Marmet. Pour ses ruchers, il doit prévoir 700 kg de sirop pour sauver ses abeilles et leur permettre de passer l’hiver. Bruno Convert, ajoute qu’il « va falloir surveiller beaucoup plus les ruchers et surtout la quantité de nourriture ».
Pour l’hiver précédent, son impact est différent suivant les zones. Pour Benjamin Duffort, installé en bio, « les traitements n’ont pas très bien fonctionné. Et la mortalité en bio est toujours supérieure ».
 
Le marché en phase d’augmentation
 
« Je n’ai pas fait augmenter mon miel depuis 2016. Je vais sûrement augmenter de deux euros le kilo passant de 15€ à 17€. Mais honnêtement, le résultat sera insignifiant tant par la perte que par mon stock moindre », conclut Jean-François Marmet. Tout comme lors du bilan, les apiculteurs tombent tous d’accord sur « une augmentation du prix ». Adèle Bizieux contraste les résultats car « les apiculteurs qui ont la chance de faire du miel de lavande, c’est plutôt une bonne récolte ». Mais elle précise que « question marché, toutes les récoltes ne sont pas encore connues. C’est vrai que sur certain miel le prix va augmenter mais cette augmentation va surtout creuser davantage l’écart avec le miel d’importation ».
 
Léna Peguet