En réponse à la mise en place de droits définitifs sur ses importations de véhicules électriques, Pékin a décidé de lancer une enquête antisubventions sur les produits laitiers de l’Union européenne.
La Commission européenne a dévoilé, le 20 août, son projet de conclusion visant à instaurer des droits compensateurs définitifs sur les importations chinoises de véhicules électriques. En réponse, Pékin a annoncé, dès le lendemain, l’ouverture pour un an, avec une possible prolongation de six mois, d’une nouvelle enquête antisubventions à l’encontre d’importations européennes avec, une fois encore, le secteur agroalimentaire en ligne de mire. Après le cognac en janvier et la viande porcine en juin, c’est cette fois le secteur des produits laitiers de l’Union européenne (UE) qui fait l’objet d’une enquête chinoise. En parallèle, la Chine a décidé de saisir, le 9 août, l’organe de règlement des différends (ORD) de l’OMC afin de trancher dans le cadre du contentieux sur les voitures électriques. Pour le géant asiatique, les sanctions européennes « violent gravement les règles de l’OMC et nuisent à la coopération mondiale pour faire face au changement climatique ».
Concrètement, avec cette nouvelle enquête, le ministère chinois du Commerce souhaite s’attaquer à certains dispositifs de subventions prévus dans la Pac mais également à des programmes mis en œuvre dans plusieurs États membres (Autriche, Belgique, Croatie, Finlande, Irlande, Italie, République tchèque et Roumanie). Les produits laitiers visés comprennent notamment les fromages frais, le lait caillé, le fromage bleu ainsi que les laits et crèmes dépassant 10 % de MG.
Soupe au lait
« La Commission défendra fermement les intérêts de l’industrie laitière de l’UE et de la politique agricole commune », a réagi Olof Gill, porte-parole de l’exécutif européen. Un message repris par les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) qui espèrent « une réaction forte » de Bruxelles. De leur côté, les commerçants européens de produits laitiers (Ecolait) condamnent la décision chinoise, rappelant que « l’UE s’est avérée au fil des ans être un fournisseur fiable de produits laitiers et d’ingrédients de haute qualité pour le marché chinois ». Et d’ajouter : « À une époque où la sécurité alimentaire est une priorité toujours plus pressante, il est manifestement injuste que l’alimentation soit sacrifiée dans un conflit industriel concernant les véhicules électriques. » D’après Eurostat, l’UE a exporté, en 2023, pour 1,76 Md€ de produits laitiers vers la Chine (après 2,09 Md€ en 2022), soit plus de 12 % de la valeur des exportations agroalimentaires du Vieux continent vers l’empire du Milieu.
F.M