Actue vue par Jérémy Jallat
« C’est du syndicalisme économique »  

Jérémy Jallat, vice-président JA AURA et référent PAC régional. La future PAC et un projet régional sur le lait font partie des nombreux sujets abordés par JA avec les parlementaires iséroises.

« C’est du syndicalisme économique »  
Jérémy Jallat, vice-président JA Aura.

Vous avez rencontré plusieurs députées iséroises dont Émilie Chalas. Sur quels sujets avez-vous échangé ? 

Nous avons parlé des néonicotinoïdes et de la betterave, ainsi que du RIP. Nous lui avons demandé pourquoi elle avait signé cette pétition. Elle n’a pas une position dogmatique, mais nous a expliqué qu’elle voulait une vision pour l’agriculture. Il ne s’agit pas de mettre les agriculteurs au pied du mur, mais de les accompagner dans le changement de pratiques, dans la durée, avec l’aide de politiques publiques et de financements. Elle nous a proposé d’élaborer un questionnaire à l’intention de JA sur leurs pratiques. Elle se rendra le 11 décembre sur mon exploitation, à Saint-Nizier-du-Moucherotte pour de nouveau échanger sur ces problématiques. Elle est aussi intéressée par les discussions sur la loi foncière et nous lui avons fait part de nos craintes quant au transfert aux régions des aides à l’installation et de la possible complexification des dossiers. 

Le président de JA Isère, Jocelyn Dubost a également rencontré Marie-Noëlle Battistel. Il a été beaucoup question de la PAC.

Oui, parce qu’elle doit rencontrer le ministre de l’Economie sur ce sujet et nous souhaitions lui présenter la vision de JA AURA. Nous lui avons parlé du socle vert, le fameux Eco schème du 1er pilier. Nous sommes d’accord sur le principe d’allouer 30% des aides (DPB) de ce premier pilier à la valorisation de pratiques respectueuses de l’environnement. Sont concernés les critères bio ou HVE, mais aussi des conditionnalités comme les signes officiels de qualité (Siqo). C’est sur ce dernier volet – et parce que la HVE fait aussi partie des critères agroécologiques de majoration de la DJA - que nous voulons engager un travail, avec la chambre d’agriculture de l’Isère, pour mettre en concordance HVE et Siqo. Nous nous interrogeons aussi sur les dispositifs d’attribution du crédit impôt recherche pour les exploitations qui sont passées en HVE et sur une échéance de passage à trois ans. 

Vous vous êtes également entretenu avec Monique Limon au sujet d’un projet sur le lait. De quoi s’agit-il ? 

Dans le cadre du plan de relance, nous avons parlé d’un projet régional porté par les JA. Il s’agit d’embouteiller une brique de lait écoresponsable régionale, avec des volumes issus de coopératives volontaires et une gestion des achats par l’intermédiaire de l’association Terre d’Auvergne-Rhône-Apes. Le but est que la valeur ajoutée produite en vendant ce lait soit reversée à chaque installation en lait, les première, deuxième ou troisième années.

Comment est construit ce projet ? 

L’idée est partie du groupe lait en région, sur une demande du comité filière lait (1). Le constat est que les coopératives ne peuvent pas mettre de prix plancher pour les jeunes producteurs car elles ne peuvent pas faire de différence entre les coopérateurs. Or, le lait, c’est compliqué pour des jeunes qui s’installent parce que les exploitations à reprendre son chères. Il faut donc donner de la visibilité à ces jeunes éleveurs laitiers. Ce projet est monté en partenariat avec le conseil régional et la marque La Région a du goût, ainsi que le Criel(2) qui est en charge des relations avec les laiteries. C’est une brique équitable, qui garantit que de l’argent sera reversé aux jeunes éleveurs. Nous espérons lancer le processus au Sommet de l’élevage 2021. Nous sommes encore dans une phase de prospective mais une hypothèse de volume de deux millions de litres est raisonnable. L’objectif est que les jeunes qui s’installent puissent avoir un salaire la première année. C’est du syndicalisme économique

Ce projet ne risque-t-il pas entrer en contradiction avec les autres initiatives locales ? 

Non, car se sont des projets territoriaux, même s’ils portent les mêmes valeurs d’équité. Le projet JA est différent car destiné spécifiquement à aider des jeunes qui s’installent. Il y a un intérêt général pour toute la filière, pour que demain, un actif soit remplacé par un actif. Car une filière qui ne se renouvelle pas est une filière qui meurt.

Vous êtes aussi référent du groupe ICHN. Quelles sont les propositions de JA quant à la future PAC ?

Nous travaillons sur les conditions d’éligibilité à l’ICHN. Il ne s’agit pas de revoir le zonage ou le taux de chargement, mais d’augmenter le plafond avec un garde-fou sur la transformation laitière. L’ICHN doit être versée à de vrais agriculteurs, pas à des gens qui vivotent ou font de la rétention d’herbe. Dans nos propositions nous demandons à ce que les exploitants qui perçoivent une retraite à taux plein ne bénéficient pas de l’ICHN. Nous souhaitons connecter l’aide de la PAC à une certaine productivité. Nous proposons un seuil de dix UGB hors transformation et vente directe. Le curseur, c’est le PSN (3) qui le fixera après consultation des corps intermédiaires. 

Propos recueillis par Isabelle Doucet

(1) Les Comités de Filière ont été constitués à l’initiative de la chambre régionale d’agriculture.
(2) Centre régional interprofessionnel de l'économie laitière
(3) Plan stratégique national

 

 

 

 

()Centre Régional Interprofessionnel de l'Economie Laitière