Vol
La goutte d'eau qui fait déborder le vase

Morgane Poulet
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Le 27 juillet, dans la nuit, Guillaume Thévenas, arboriculteur à Saint-Maurice-l’Exil, a été victime d’une nouvelle tentative de vol dans son exploitation.

La goutte d'eau qui fait déborder le vase
Certains agriculteurs ont un sentiment d'impunité face à la gestion des vols dans leur exploitation.

« Il était 22h30 et un de mes pièges photos s’est déclenché. J’étais encore au bureau, donc j’ai même pu voir directement un fourgon passer, mais je ne me suis pas méfié, je me suis dit qu’il pouvait s’agir d’un voisin allant fermer une vanne », explique Guillaume Thévenas, arboriculteur à Saint-Maurice-l’Exil.
Mais à 23h45, lorsque le piège photo se déclenche une nouvelle fois, l’agriculteur s’aperçoit qu’un vol est sur le point d’être commis.
 
Une situation difficile
 
150 asperseurs ont failli être dérobés dans l’exploitation de Guillaume Thévenas, pour une valeur de 15 000 euros environ. Ils ont pu être récupérés par l’arboriculteur et par son père, car, dans leur fuite, les personnes venues voler le matériel l’ont laissé sur place.
« J’ai dû appeler la gendarmerie deux fois, ça a été très difficile de les joindre. La première, j’ai patienté quatre minutes avant que la ligne coupe et la seconde, six minutes. Ils ont probablement des choses plus urgentes à régler mais il y a de quoi devenir fou lorsque l’on sait que des voleurs sont dans son exploitation, mais que l’on ne peut rien faire », se désole Guillaume Thévenas.
Même lorsque la brigade de Beaurepaire s’est rendue sur place, à une heure du matin, aucun suspect n’a pu être appréhendé. « Ils ont eu le temps de s’enfuir », commente l’arboriculteur.
Ils ont néanmoins été filmés par les caméras et le fourgon, abandonné sur place, a pu confirmer les soupçons de l’agriculteur. « Il contenait une dizaine de tronçonneuses et une autre dizaine de débroussailleuses, ce qui fait beaucoup pour que ce ne soit pas un vol », ajoute-t-il. Qui plus est, le véhicule, immatriculé depuis deux ans, n’avait jamais été doté d’une nouvelle carte grise, n’a pas eu de contrôle technique et n’était pas assuré. Malgré tout, Guillaume Thévenas rapporte que la gendarmerie a tout d’abord refusé de le retirer de ses vergers « par manque de preuves » avant de s’y résoudre, devant son insistance.
 
Les agriculteurs à bout
 
Installées depuis 2018, sans aide financière, les caméras de Guillaume Thévenas enregistrent chaque mois 1 200 photos. « Mon téléphone passe son temps à sonner, explique-t-il, parfois il s’agit de personnes qui se promènent et souvent, ce sont des personnes qui viennent commettre un délit ».
Un investissement qui demande du temps – pour tout vérifier – mais également de l’argent, car l’arboriculteur doit payer deux abonnements de téléphone, un par piège photographique, et aussi acheter des « piles haut de gamme » à 17 euros, à changer tous les mois et demi.
Ses caméras filmant 200m de chemin public en plus de son terrain privé et sans issue, il explique avoir déclaré ce fait à la gendarmerie ainsi qu’à la mairie. « Régulièrement, je reçois des appels de la gendarmerie qui souhaite vérifier telle ou telle vidéo pour identifier des personnes ou des véhicules », précise-t-il. Récemment, une organisation de trafic de voitures, qui désossait dans son exploitation des véhicules volés à Lyon pour en écouler les pièces mécaniques, a ainsi pu être démantelée. Il explique trouver dommage que cela « fonctionne seulement dans un sens ».
« Nous ne sommes pas suffisamment protégés, ajoute-t-il. Le lendemain même de la tentative de vol, des gens du voyage sont venus me voir pour que je leur rende le fourgon, mais pour la gendarmerie, il n’y a jamais suffisamment de preuves. »
Interrogée sur le sujet, la gendarmerie a préféré ne pas répondre, l'enquête étant en cours.
 
Morgane Poulet