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Pesticides : des ministres de l'UE demandent une nouvelle étude d'impact

Inquiets de la proposition de la Commission européenne sur la réduction de l'utilisation des pesticides, de nombreux États membres lui demandent une nouvelle évaluation d'impact pour tenir compte, notamment, des conséquences de la guerre en Ukraine. 

Pesticides : des ministres de l'UE demandent une nouvelle étude d'impact
De nombreux États membres demandent à la Commission européenne une nouvelle évaluation de l'impact du règlement sur la réduction de l'utilisation des pesticides. ©AP

Une vingtaine de ministres de l'Agriculture a demandé le 26 septembre à la Commission européenne de préparer une nouvelle étude de l'impact du règlement sur l'utilisation durable des pesticides, avant de poursuivre les discussions sur ce texte qui prévoit une réduction de 50 % de l'usage des produits phytosanitaires à l'horizon 2030. Ils font notamment valoir que les conséquences de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire mondiale n'ont pas été estimées. Dans une note présentée à l'occasion de la réunion du Conseil Agriculture à Bruxelles, la Pologne, qui mène la fronde, estime qu’ « avant de pouvoir faire un pas vers une protection des végétaux plus durable, l'impact de toutes les mesures et restrictions possibles doit être dûment évalué ». Les conséquences de la hausse des importations dans l'UE, compte tenu de la baisse de production agricole à prévoir, ne sont pas non plus prises en considération, souligne la Pologne qui regrette aussi que la « proposition ne prévoie pas de dispositions spécifiques garantissant les mêmes exigences pour les denrées alimentaires importées (clauses miroirs) ». Certains ministres (français, espagnol, allemand, néerlandais ou luxembourgeois) se montrent plus mesurés. « Suspendre le processus de négociation le temps qu'une nouvelle étude soit finalisée ne serait pas une bonne chose », a estimé Marc Fesneau. Ces trois ministres admettent néanmoins que la proposition d'interdiction d'usage de pesticides de synthèse dans les zones sensibles pose un problème. La note polonaise souligne d'ailleurs qu’« aucune évaluation n'a été faite du nombre total de zones sensibles et du nombre d'exploitations agricoles opérant dans ces zones. L'impact socio-économique de la perte de revenus et de moyens de subsistance de la restriction n'a donc pas été évalué ».

« Prêts à trouver des solutions pragmatiques »

La commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, leur a répondu que la sécurité alimentaire ne se résume pas à l'invasion de l'Ukraine mais doit aussi prendre en compte l'effondrement de la biodiversité ou le réchauffement climatique. « Et l'étude d'impact parle de ces sujets ! » souligne-t-elle. Elle se montre toutefois disposée à faire preuve de flexibilité sur les objectifs de réduction des pesticides, en fonction des progrès historiques, et se dit ouverte à discuter « d'approches alternatives ». Concernant la définition des zones sensibles, « nous sommes prêts à trouver des solutions pragmatiques », promet la commissaire. Et de conclure : « Il ne s'agit pas d'une proposition à prendre ou à laisser, nous sommes prêts à trouver des solutions et des compromis viables pour atteindre notre objectif commun visant à réduire la présence de produits chimiques dans nos denrées alimentaires ». La présidence tchèque du Conseil de l'UE pourrait prochainement mettre sur la table des orientations sur la suite des négociations. Elle prévoit de présenter un état des lieux du dossier d'ici fin 2022.

A.G.