L’essai de culture d’orge brassicole mené à Varces-Allières-et-Risset livre enfin ses résultats.
Les chambres d’agriculture de la Drôme, de l’Isère et du Puy-de-Dôme ont souhaité mener un essai de culture d’orge brassicole en réaction au Plan filière régional*, qui finance des projets de culture de houblon plutôt que d’orge.
Cette dernière est pourtant l’un des principaux composants de la bière. Varces-Allières-et-Risset a donc été le terrain de test de 20 variétés d’orge d’automne et de huit variétés d’orge de printemps.
Approvisionnement local
Historiquement, l’orge brassicole n’est pas cultivée dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, mais elle l’est dans le nord de la France.
Pourtant, depuis dix ans, les cultures d’orge brassicole se sont implantées dans le territoire avec la création de la malterie Malteurs Echos en Ardèche, qui a réalisé de premiers essais à l'échelle locale.
En 2019, ce sont trois autres malteries qui ont tenté leur chance : Malting Pot à Annecy, la Malterie des volcans dans le Puy-de-Dôme et A nos maltes à Romans-sur-Isère. Après la fermeture de Malteurs Echos, il y a quelques années, les locaux ont été rachetés en 2021 par Art Malt Bio.
L’objectif de ces malteries est de permettre un approvisionnement local et 100% bio aux brasseurs de la région. C'est pourquoi l'essai varçois répond à une forte demande en orge brassicole locale.
Résultats équivoques
Les régions du Nord de la France cultivent de l’orge de printemps mais la tâche est plus compliquée en Auvergne-Rhône-Alpes en raison des risques de sécheresse et d’échaudage.
Dans la région, c’est donc la variété amistar qui est particulièrement utilisée. Il s’agit d’une orge diverse. Son intérêt réside dans le fait qu’elle résiste à l’agiono, une maladie transmise par les pucerons. Elle produit également de bons rendements. En revanche, elle est très sensible à l’oïdium.
Entre 2014 et 2016, l’orge d’hiver a été testée dans la Drôme. Un travail important a été accompli de ce côté-là et de nouvelles semences ont pu être essayées.
Désormais, des orges de printemps en semis d’automne sont testées à Varces-Allières-et-Risset car dans la région, elles sont moins sensibles à la rhynchosporiose.
Semis de printemps
La lauréate, orge la plus tardive de toutes celles testées, est une variété qui intéresse beaucoup les malteurs car elle est riche en « no gn », une molécule qui s’exprime à la distillation.
Classée cancérigène – si ingérée en trop grande quantité, il est obligatoire d’avoir une certification pour la cultiver.
Les chambres d’agriculture ont pu constater que les semis de printemps plantés à l’automne avait très bien fonctionnés.
Un peu précoces, ils ont tout de même été sujets à moins de maladies que les autres, ce qui est plutôt encourageant pour le futur. Ces essais pourront être renouvelés cet hiver.
Des échantillons provenant de la Drôme et du Puy-de-Dôme seront testés cette année par l’IFBM**, qui réalisera des mesures de base pour détecter les meilleurs échantillons.
Ces derniers pourront par la suite être micromaltés.
Morgane Poulet
* Le Plan filière régional consiste à aider les agriculteurs à l’installation, car le palissage a un coût très important, de même que la post-récolte.
** Institut français des boissons, de la brasserie et de la malterie.
Spécificités de l’orge brassicole
L’orge brassicole se cultive à la manière d’une orge classique sur semis. En revanche, sa fertilisation doit être réalisée finement car elle ne doit pas absorber trop de protéines.
Des essais ont été réalisés sur d’anciens champs de luzerne et les résultats n’ont pas été concluants car il restait trop d’azote dans le sol. En effet, l’orge brassicole doit avoir un taux de protéine maximum de 10,5.