Exposition
L’Égypte, une histoire grenobloise

Isabelle Doucet
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En attendant la réouverture de sa salle dédiée, le musée de Grenoble met en scène l’histoire de sa fabuleuse collection sur l’égyptologie.

L’Égypte, une histoire grenobloise
La collection grenobloise a été largement explorée par les frères Champollion.

Le musée de Grenoble ne pouvait pas laisser passer l’année 2022 sans apporter sa contribution au double anniversaire du déchiffrement des hiéroglyphes et de l’ouverture de la première salle de musée consacrée aux antiquités égyptiennes.
Grenoble, chef-lieu de l’égyptologie, est en effet l’héritière de plusieurs collections antiques, d’abord celle du cabinet des curiosités de l’abbaye de Saint-Antoine en 1777 et ensuite, la plus célèbre, la donation Saint-Ferriol, en 1916.
Mais il faudra attendre 1922 et le centenaire des déchiffrements pour que ces pièces soient montrées au public dans une salle dédiée à l’égyptologie, dans l’ancien musée de peinture de Grenoble.
La collection complète du musée de Grenoble compte environ 200 pièces.
Elle était visible jusqu’en 2021 dans un espace réservé en sous-sol. Cette pièce devait rouvrir pour les célébrations « mais la présentation a pris du retard pour des raisons techniques et budgétaires », confie Guy Tossato, le conservateur du musée.
Elle ne pourra être visible qu’en 2023, voire 2024.

Le cercueil de la grande momie

En attendant, le musée de Grenoble a souhaité marquer le coup.
C’est dans la salle André Farcy, du nom du conservateur de l’époque qui avait créé la première présentation, que sont exposées quelques pièces préfigurant la prochaine muséographie.
Cette commémoration des origines de l’égyptologie à Grenoble débute par l’exposition des deux vases canopes sur lesquels Jean-François Champollion, bien avant qu’il ait percé le mystère des hiéroglyphes, opère des expériences. Il les fait notamment chauffer au bain-marie (un sacrilège pour les chercheurs d’aujourd’hui) pour en découvrir la nature du contenu.



Il s’agit en l’occurrence de poumons humains, confirmant l’hypothèse de l’urne funéraire contenant les viscères embaumés.
Pièce majeure de la collection, le cercueil dit « de la grande momie », est arrivé à Grenoble en 1779. Sa momie a été retirée et débandelettée.
L’objet sera largement étudié pour des raisons esthétiques, linguistiques et naturalistes.
Le couvercle de la momie chanteuse, en bois stuqué et peint, est un des plus beaux objets rapportés d’Égypte dans quatorze caisses, par le comte de Saint-Ferriol, en 1842.

Il ramène également la stèle de Kouban, dressée par Ramsès II pour commémorer le creusement d’un puits.
L’espace André Farcy permet aussi de (re) découvrir d’autres objets d’exception : vases, coffret, sarcophage de momie d’ibis. On peut aussi admirer l’aquarelle sur papier réalisée par Antoine Bourdelle en 1923 et inspirée du sarcophage d’Hatchepsout.
Ces objets sont à découvrir jusqu’au 19 février 2023. « C’est une introduction au futur parcours par l’histoire de la collection », explique Guy Tossato.
De quoi patienter jusqu’à l’ouverture de la salle Saint-Ferriol, à la « scénographie ambitieuse » et enrichie de dépôts du musée du Louvre.

L’égyptologie au musée de Grenoble, un double anniversaire, exposition dossier, jusqu’au 19 février 2023.

Isabelle Doucet