Viande limousine
Valoriser ses réductions d’émissions

Morgane Poulet
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Lors de l’assemblée générale de l’Udelim, le 1er février à Vassieux-en-Vercors (Drôme), des clefs pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre ont été délivrées.

Valoriser ses réductions d’émissions
Les éleveurs de limousines se sont réunis à Vassieux-en-Vercors (Drôme) pour faire le point sur le bas carbone.

L’Union départementale des éleveurs de limousines de l’Isère (Udelim) s’est réunie le 1er février dans la Drôme, à Vassieux-en-Vercors, pour tenir son assemblée générale. Si l’année 2022 a vu la participation des éleveurs de limousines à de nombreux concours et comices, elle a également été marquée par une hausse importante des coûts, qu’il s’agisse d’énergie ou d’alimentation animale.
La Chambre d’agriculture de l’Isère a donc présenté des mesures qui peuvent être adoptées par les éleveurs pour diminuer ces coûts tout en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre.
 
Principale source d’émission
 
En agriculture, la principale source d’émission de gaz à effet de serre est le troupeau, rappelle Nina Lopez, référente carbone à la Chambre d’agriculture de l’Isère.
Dans la nouvelle Dotation jeune agriculteur (DJA), une modulation de 6 000 euros est disponible si une « démarche de progrès » est entamée par l’agriculteur, comme une conversion en bio, en HVE ou en bas carbone. Une preuve que la démarche, pour abaisser ses émissions de gaz à effet de serre, prend de l’importance.
« Lorsque l’on fait un diagnostic bas carbone, on se rend rapidement compte qu’il est possible de valoriser ses réductions d’émission en agriculture », explique-t-elle. Et cela passe par deux éléments : les prairies peuvent stocker le carbone et les infrastructures agroécologiques, avec des lisières, notamment, en sont également capables.
Les principaux postes d’émission sont le méthane, le CO2 et le protoxyde d’azote, surtout émis lors de l’épandage des effluents ou dans les bâtiments. En fonction des exploitations, ces postes sont plus ou moins importants.
 
Améliorer ses performances environnementales
 
Pour réussir à adopter une stratégie bas carbone solide, il convient de réduire les rejets, de limiter son utilisation des ressources et de compenser les émissions par le maintien et l’accroissement du stockage carbone. Dans ce dernier cas, « l’agriculteur peut installer des prairies permanentes, des haies », explique Nina Lopez. Néanmoins, le fait de retourner une prairie pour y réagencer une prairie par la suite laisse s’échapper du carbone. « Donc selon la durée de rotation, il peut être intéressant de laisser sa culture plus longtemps, précise la conseillère, c’est-à-dire en conservant les prairies au moins cinq ans dans les rotations, en implantant des cultures intermédiaires qui enrichissent le sol en matière organique et en réduisant la part de maïs pour faire plus d’herbe. » Et d’ajouter : « Il faut tout de même bien sûr que tous les choix pris restent en cohérence vis-à-vis du fonctionnement de l’exploitation. »
Il est également possible de jouer sur le nombre d’animaux improductifs présents dans l’exploitation, mais cela concerne surtout les laitières. « Il est possible d’investir dans un injecteur à lisier, dans un pré-refroidisseur, dans le cas des élevages laitiers, mais tout cela nécessite bien sûr des investissements plus importants. C’est pourquoi il faut bien penser à tout cela avant de se lancer », précise-t-elle.
 
Optimisation de l’exploitation
 
Différents leviers d’action sont possibles pour réduire ses émissions de carbone. L’alimentation peut par exemple être améliorée, notamment par le biais des fourrages. « Si l’on utilise un tourteau de soja étranger, explique Nina Lopez, il va être considéré comme venant de loin et il aura donc une empreinte carbone importante. Il faut revoir son origine mais aussi la quantité d’aliments utilisée. » Il y a parfois aussi une économie d’aliments à réaliser, ce qui peut constituer seulement de l’ajustement et pas un réel grand changement : ainsi, les apports de concentrés et d’azote peuvent être optimisés dans la ration.
Les achats d’engrais peuvent aussi être réduits, notamment en épandant les déjections animales sur toutes les cultures et en favorisant l’implantation de légumineuses en cultures pures ou dans les prairies et intercultures.
Il est également possible de réduire le nombre d’animaux improductifs en optimisant l’âge au premier vêlage et en améliorant le volet sanitaire et reproductif. Et pour améliorer l’efficient d’utilisation de l’azote sur les cultures, la Chambre d’agriculture conseille d’avoir une gestion raisonnée des apports, une valorisation optimale des déjections et des modes d’épandage en incorporant rapidement des fertilisants au sol.
« Limiter ses consommations d’électricité et de carburant est d’ailleurs une bonne solution et est d’actualité, ajoute Nina Lopez. Pour cela, il faut adopter des pratiques économes de conduite, d’organisation du travail, et investir dans du matériel, comme dans un récupérateur de chaleur ».
 
Pour quels résultats
 
Selon les estimations de la Chambre d’agriculture de l’Isère, la gestion du troupeau, l’élevage de génisses et la maîtrise de la santé du cheptel pourraient réduire de 10 à 15 % les émissions de gaz à effet de serre d’une exploitation. Gérer l’alimentation, la qualité des fourrages et des concentrés et avoir une autonomie protéique ainsi que des pâturages les réduiraient de 2 à 3 %. La conduite des cultures, la juste maîtrise des rendements et de la fertilisation les abaisseraient de 3 à 4 %. La gestion de la consommation d’énergie, qu’il s’agisse de carburant ou d’électricité, les réduirat quant à elle entre 1 et 2 %. En ce qui concerne le stockage de carbone par les prairies, une réduction de 2 à 8 % des gaz à effet de serre d’une exploitation.

Morgane Poulet