Lycée agricole de La Côte-Saint-André
Manger local : les jeunes ont de l'appétit

Marianne Boilève
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Le 25 mars, une délégation du collectif Manger durable s'est déplacée en Isère pour rencontrer des acteurs de terrain qui agissent «en faveur d'une meilleure alimentation». Après des échanges avec des producteurs et des artisans de la restauration collective, les députés ont discuté avec des élèves du lycée agricole de La Côte-Saint-André.

 

Manger local : les jeunes ont de l'appétit
Après avoir échangé avec les élèves, les députés du collectif Manger durable ont déjeuné à la cantine du lycée de La Côte-Saint-André.

Les jeunes, accro du Mac'Do? Pas forcément. Au cours de leur périple isérois, le 25 mars dernier, les députés du collectif Manger durable se sont arrêtés au lycée agricole de La Côte-Saint-André pour discuter avec une demi-douzaine d'élèves. «Nous aimerions savoir ce que vous attendez de votre alimentation et comment vous la concevez», leur a demandé Monique Limon. Sa collègue du Finistère, Graziella Melchior, a ajouté deux questions subsidiaires sur leur «vision de l'agriculture de demain» et leur motivation concernant la formation agricole. Questions cruciales aux yeux de Jean-Pierre Cubertafon, député de Dordogne, car les jeunes issus des filières agricoles sont de potentiels «ambassadeurs du manger durable».

En BTS Agronomie, Clara, «issue du milieu agricole», se dit «sensibilisée aux enjeux de l'agroécologie» et souhaite devenir «ingénieure pour pouvoir accompagner les agriculteurs». Concernant l'alimentation, «l'éducation, c'est la base, estime la jeune fille. Dans les cantines, il est important d'indiquer les provenances pour que, plus tard, adultes, on fasse les bons choix». Elle raconte que dans son précédent lycée, en Savoie, les menus, servis par un prestataire privé d'envergure nationale, affichaient de l'«agneau de Nouvelle-Zélande» et des «pommes du Brésil». «Je trouvais ça anormal, affirme-t-elle. On pourrait mettre des aliments plus sains et plus locaux !» C'est également l'avis de Nicolas : «C'est aberrant, toute cette malbouffe! En France, on a pourtant tout ce qu'il faut : de belles terres, de beaux produits… Pourquoi on va chercher à l'autre bout du monde ce qu'on peut produire ici?»

La députée Monique Limon questionne ensuite les jeunes sur le coût de l'alimentation. «Manger local, ce n'est pas forcément beaucoup plus cher, répond Amélia, qui prépare un Bac STAV. Il vaut mieux privilégier la qualité à la quantité et manger un peu de bonne viande que beaucoup de nourriture de mauvaise qualité.» Constantin va dans le même sens. Normal : il compte reprendre la ferme de son père, éleveur de bovin viande en Isère «Manger local, c'est important, affirme-t-il. On sait comment nos bêtes sont élevées ou comment les produits sont cultivés. Quant au prix, ils peuvent même être moins chers. Quand j'entends à la radio que le filet de pommes de terre est à 70 centimes dans le supermarché du coin, nous, on vend les patates 49 centimes.»

Tous les étudiants ne tiennent pas le même discours. Réaliste, Clara reconnaît que «manger local, c'est super… quand ce sont papa et maman qui paient. Quand on est étudiant, qu'on n'a pas forcément le temps ni les moyens, on va chez Carrefour. D'autant qu'il faut garder un budget pour les loisirs»