FAMILLES RURALES
Quelle sera la physionomie de nos campagnes demain ?

« Territoires ruraux, acteurs clefs d’un nouveau modèle de développement rural ». Tel était le thème du débat en ligne organisé le 31 mars par l’association Familles Rurales. Et si la campagne était un territoire d’avenir ?

Quelle sera la physionomie de nos campagnes demain ?
Le deuxième baromètre intitulé "Les territoires ruraux : perceptions et réalités de vie" de Familles Rurales révèle que le grand public n’a jamais été autant attiré par la campagne.

L’attrait de la campagne ne se dément pas. En témoignent les exils urbains sur fond de énième confinement mais également les résultats du deuxième baromètre intitulé "Les territoires ruraux : perceptions et réalités de vie" que Familles Rurales a dévoilé le 31 mars. « L’image du monde rural s’embellit et s’homogénéise », a indiqué Frédéric Dabi, de l’Institut de sondage Ifop. À l’appui de cette affirmation, il rapporte que le grand public n’a jamais été autant attiré par la campagne « avec des scores jamais vu en termes de sondage ». Ils sont ainsi 72 % à estimer que le monde rural « connaît un renouveau », soit une augmentation de 29 % par rapport au précédent baromètre de juin 2018 (43 %) et 71 % à juger que le monde rural est « attractif » (+ 26 %). De même considèrent-ils à 92 % que c’est un lieu « agréable à vivre » (+ 20 %). Les ruraux interrogés sont sur la même longueur d’onde vantant la qualité de vie de ces territoires agréables à vivre (95 %), dynamiques (68 %) et modernes (62 %). Aussi bien les sondés du grand public que ceux des ruraux plébiscitent la campagne pour son environnement moins pollué, son calme et le contact avec la nature.

Efforts consentis

Cependant, cette vision presque idyllique masque de nombreux freins à l’installation de « néoruraux » dont beaucoup sont d’ailleurs d’anciens ruraux partis à la ville. Le baromètre Ifop établit le constat, comme en 2018, que les services publics ainsi que les services au public sont les grands absents de ces territoires : hôpitaux, postes, écoles, transports, commerces… Ils sont ainsi une majorité à pointer du doigt la dégradation de l’accès aux services publics (61 %), aux services de santé (55 %), de tonner contre la détérioration du réseau routier (55 %) et que rien ne soit fait pour que les jeunes restent en milieu rural (57 %). Ils nuancent cependant cette perception en estimant que des efforts ont été consentis pour réduire la fracture numérique que ce soit dans le développement de la 4G ou du très haut débit et/ou de la fibre Internet. De même, donnent-ils quitus aux autorités politiques d’avoir su développer l’aide à domicile pour les personnes âgées.

« Réarmer le monde rural »

Pour Valérie Jousseaume, enseignant-chercheur à l’Université de Nantes, cette étude confirme « le renversement des imaginaires » ainsi que la « résurgence des mémoires ». Elle exprime la sortie du monde rural d’une certaine forme de modernité pour s’orienter vers une nouvelle culture, une nouvelle ère en quête de sens. On sent l’émergence des « ruralités bohèmes » dont les acteurs du changement sont ceux qu’elle appelle les « bohèmes prolétaires », issus des classes moyennes populaires. Si ces derniers vont « réarmer le monde rural », il leur restera à s’approprier les codes pour s’intégrer dans ces territoires et se faire accepter par les gens du cru. « Cette cohabitation, cette intégration ne se passe pas si mal que ça », a jugé Dominique Marmier, président de Familles Rurales pour qui ce sondage résonne comme un « retour à la proximité » et à la « recherche de sens » d’une partie de la population française. Il reste à savoir sur les résultats de ce baromètre transcrit un réel mouvement de fond ou un simple phénomène de mode et qui, dans tous les cas, renvoie à l’identité du monde rural.