Lors de sa 90e session, l’Organisation mondiale de la santé animale (Omsa) a officiellement plaidé pour la vaccination contre l’influenza aviaire. Tout en demandant à ses membres que sa mise en place n’ait pas de conséquences négatives sur les échanges commerciaux.
Dans son document adopté à l’issue de sa 90e session, du 21 au 25 mai à Paris, l’Omsa recommande de pouvoir « envisager la mise en œuvre de la vaccination comme un outil complémentaire de contrôle de la maladie ». Devant la violence de l’épizootie au niveau mondial, l’institution estime que « les mesures de lutte classiques de sécurité biologique, d’abattage sanitaire et de restriction des mouvements, bien qu’importants, peuvent s’avérer insuffisantes ». Dans ce contexte, la vaccination « peut offrir une protection supplémentaire et réduire les quantités de virus et le risque de propagation », en complément des outils existants (biosécurité, zonage et compartimentation).
À plusieurs reprises, l’Omsa a insisté sur la « surveillance rigoureuse » qui doit être associée à l’utilisation du vaccin, afin de « démontrer l’efficacité de la vaccination et l’absence d’infection ». Par ailleurs, l’Omsa a appelé ses 182 États membres à reconnaître que « le recours à la vaccination était conforme et n’avait pas de conséquences négatives sur les échanges commerciaux ». Un rappel important : les filières avicoles européennes s’attendent en effet à de nombreux embargos chez leurs clients des pays tiers. Comme l’a rappelé l’Omsa, « le recours à la vaccination n’affectera pas le statut d’un pays ou d’une zone indemne d’influenza aviaire de haute pathogénicité si sa surveillance confirme l’absence d’infection ». En théorie, « les pays tiers n’ont aucune légitimité à bloquer leur marché », avait affirmé Paul-Henri Lava, de l’Avec (filière avicole européenne) début avril.
La France, premier pays européen à vacciner
Dans son communiqué, le ministère français de l’Agriculture a salué « une avancée importante au niveau international », qui « conforte la stratégie française ». Important exportateur de génétique, l’Hexagone sera le premier État membre de l’UE à vacciner contre l’influenza. Après plusieurs épisodes d’influenza dévastateurs pour les filières avicoles, la France prévoit de vacciner à l’automne les canards, plus sensibles au virus que les autres espèces de volailles. Un calendrier que les professionnels souhaitent accélérer : les organisations agricoles de quatre départements du Sud-Ouest réclament une campagne de vaccination dès cet été pour garantir « la survie » des élevages de volailles dans la région, où le virus circule à nouveau. Dans un communiqué commun cité par l’AFP, les chambres d’agriculture du Gers, des Landes, des Hautes-Pyrénées, des Pyrénées-Atlantiques, le Cifog (interprofession du foie gras) et l’Airvol (interprofession interrégionale des volailles de chair) demandent au gouvernement un « déploiement » du vaccin « au cœur de l’été », des contributions de l’État et des collectivités pour la prise en charge de cette vaccination, ainsi qu’un « dépeuplement de tous les palmipèdes » dans un rayon de 3 km autour des élevages reproducteurs.