Forêt
Vis ma vie de bûcheron

À l’initiative des interprofessions fibois d’Auvergne-Rhône-Alpes et des parcs naturels régionaux, l’événement estival « Vis ma vie de bûcheron » fait son grand retour pour sa 9e édition.

Vis ma vie de bûcheron

Durant la période estivale, des visites gratuites de chantiers forestiers sont programmées à destination du grand public dans de nombreux territoires de la région Auvergne-Rhône-Alpes. « Vis ma vie de bûcheron » est une initiative des parcs naturels régionaux ainsi que des interprofessions forêt-bois, mobilisant de nombreux partenariats et associations forestières. Ainsi les bûcherons, débardeurs, gestionnaires forestiers et sylviculteurs partagent leur environnement de travail et leur passion de la forêt, en expliquant leurs métiers et les nouveaux modes de gestion sylvicole pour faire face au dérèglement climatique, le temps d’une demi-journée.

Ces visites sont gratuites et ouvertes à tous. Elles présentent les différentes facettes des métiers forestiers et montrent toutes les activités liées à l’entretien de la forêt, sélection des arbres, coupe, débardage, élagage, taille de formation, nettoyage de parcelles et renouvellement du peuplement qui garantissent la gestion durable des forêts. Ces visites, propices à l’échange entre les professionnels et le grand public, sensibilisent les plus jeunes aux enjeux de la gestion des forêts. 

Visite en Chartreuse 

Courant juillet, lors d’une visite à Saint-Pierre de Chartreuse, en présence d’une quinzaine de visiteurs, dont plusieurs enfants, le guide explique le rôle de la forêt, qui possède un grand nombre de d’enjeux importants. Elle sert notamment au bon fonctionnement de la biodiversité ainsi qu’à « nous protéger en cas de probable éboulement », explique Rémi Desfontaine, agent de l’officie national des forêts (ONF). « Malheureusement, l’année 2022 a été dramatique avec une énorme sèche des arbres », raconte-t-il. 

Les arbres à abattre sont signalés aux bûcherons par une marque inscrite au marteau forestier. Les raisons d’une coupe peuvent être différentes : l’arbre peut être malade, il peut posséder un défaut majeur, ou encore faire de l’ombre aux petits, ce qui les empêche de grandir. « Pour couper un arbre, il faut qu’il rassemble au moins deux de ces critères, sinon on aurait beaucoup d’arbres à couper », explique Louis Nguyen, le bûcheron de la visite. 

Protocole

Pour procéder à la coupe d’un arbre, la démarche est très précise. Dans un premier temps, il faut que l’arbre soit déjà marqué par l’ONF. Ensuite, le bûcheron analyse comment il va procéder à la coupe. C’est à ce moment-là qu’il commence son entaille directionnelle, qui va décider de l’orientation de la chute de l’arbre. Puis il perce au coeur de l’arbre avant de procéder à l’abattage final. L’idée est de faciliter la récupération de l’arbre pour le débardeur. « C’est un facteur essentiel pour la bonne relation entre le bûcheron et le débardeur », explique Rémi Desfontaine. Une fois l’arbre au sol, le bûcheron procède à l’ébranchage, ce qui dure environ 30 minutes. Les branches coupées restent en forêt, c’est le sol forestier de demain. Lors de la visite, Louis Nguyen a coupé un arbre de 35 mètres de haut, soit 6 mètres cube. La coupe totale a duré environ 45 minutes.

Pour devenir bûcheron, Louis Nguyen a suivi une formation bac pro forêt, puis une formation d’élagage en alternance. Il est employé en CDI depuis 3 ans dans une entreprise de travaux forestiers. Ce qui n’est pas le cas de tous les bûcherons, dont les chantiers sont payés au cubage. Le matériel utilisé quotidiennement par un bûcheron est une tronçonneuse, une masse, ainsi qu’un cric hydraulique de camion. Son équipement est spécialisé afin de garantir sa sécurité : des chaussures de sécurité, un pantalon en kevlar et un casque anti-bruit. C’est un métier physique, car tout ce matériel doit être porté en forêt, « et c’est pas toujours à plat », déclare Louis Nguyen. C’est aussi un métier dangereux et engagé. « Il faut être un passionné de la forêt pour faire de cet endroit votre lieu de travail quotidien », explique encore le bûcheron. Il jouait déjà dans les forêts dès son plus jeune âge, et par la transmission d’anciens bûcherons, cette passion est venue à lui naturellement. Son salaire est d’environ 2500€ par mois. Mais, le métier de bûcheron est en tension et le manque de main-d’oeuvre n’est pas compensé par l’arrivée de bûcheronnes. 

Allan Brevi