TENDANCE
Les Français consomment moins de produits laitiers

Une étude de FranceAgriMer, réalisée par l’Institut Kantar Worldpanel et publiée fin juillet, révèle que les Français ont globalement moins consommé de produits laitiers en 2023. En cause, l’inflation.

Les Français consomment moins de produits laitiers

Les statisticiens de Kandar ont épluché des millions de données provenant d’un panel de 20 000 ménages parmi lesquels un échantillon de 12 000 acheteurs et consommateurs de produits laitiers. Cinq grandes familles de produits ont été scrutées et analysées : le lait conditionné, la crème conditionnée, les matières grasses solides, les fromages et les produits ultrafrais. À l’exception de la crème qui a vu ses achats progresser en un an (+ 3,4 %), la consommation des autres produits accuse une baisse. C’est le cas du lait conditionné dont les achats ont reculé de 3,1 % entre 2022 et 2023. La tendance est encore plus marquée pour le lait biologique qui a chuté de 11,3 %. Cependant, l’étude ne va pas jusqu’à identifier les laits biologiques qui ont pu être déclassés et vendus comme du lait conventionnel, même si l’on estime à environ un tiers le volume de lait bio déclassé. La mévente des laits de consommation courante s’explique en partie par la hausse des prix : + 16, 9 % entre 2022 et 2023. C’est d’ailleurs la plus forte progression dans la famille des produits laitiers. Au rayon beurre, le constat est identique. Le consommateur a boudé ce produit en 2023. Il en a acheté 5 % de moins qu’en 2022 et même 9,7 % de moins pour les beurres bio. Certains ont d’ailleurs préféré se rabattre vers les matières grasses allégées dont les « volumes ont augmenté de 15,2 % par rapport à 2022 », précise l’étude. Là encore, le prix a été déterminant car ces produits sont moins onéreux de 2,66 €/kg par rapport à un beurre de consommation courante. Même si le prix des matières grasses allégées a été en forte progression (+ 11,1 %), il a moins augmenté que celui du beurre (+ 15,1 %) entre 2022 et 2023.

La consommation de fromages 

De leur côté, les fromages ont connu une certaine stabilité en volume, malgré une hausse moyenne des prix de 11,4 %. Selon le type de fromage, les écarts peuvent être significatifs. Parce qu’ils sont plus abordables, les achats de fromages de vache ont progressé de 0,4 % par rapport à 2022, à l’identique des fromages de chèvre (+ 0,8 %) qui avaient subi un repli en 2021 et 2022. D’une manière globale, l’engouement du consommateur français pour les fromages ne se dément pas puisqu’il s’est écoulé 843 065 tonnes de fromages en France l’an dernier : 747 726 tonnes de fromages de vache, 60 924 tonnes de fromages de chèvre, 27 800 tonnes de fromages de brebis. S’y ajoutent 6 615 tonnes de fromages mixtes. L’augmentation des volumes achetés dans la catégorie des fromages de vache « a été tirée par les pâtes molles à croûte fleurie (camembert, bries, coulommiers), moins chères par rapport à d’autres fromages, avec un prix moyen de 9,39 €/kg, tandis que les achats de pâtes molles à croûte lavée ont moins bien résisté (- 3,7 %/2022) », souligne FranceAgriMer1. Quant aux produits ultrafrais (lait frais, yaourts, fromages frais…), ils ont vu leurs quantités achetées par les ménages diminuer de manière progressive depuis 2008 : - 10,2 %, soit près de 6,7 kg en moins en 2022 que quatorze ans auparavant. « Toutefois, les achats d’ultra-frais représentaient toujours le deuxième poste en volumes achetés de la catégorie des desserts », soulignent les statisticiens de Kantar.

(1) L’étude complète est à retrouver sur le site Internet de FranceAgriMer.

Christophe Soulard

 

Focus sur

Les fromageries spécialisées

D’après la Fédération des fromagers de France, il existait en 2020 plus de 3 000 fromageries spécialisées en France. La part de ce circuit dans l’ensemble des fromages achetés par les ménages français pour leur consommation à domicile est pourtant assez faible : environ 1,0 % des volumes de fromages, et 1,7 % en valeur en 2023, selon le panel consommateur Kantar Worldpanel. Si elles sont très concurrencées par les grandes surfaces, les fromageries parviennent à s’en détacher et à s’en différencier sur les formages de qualité, en particulier les AOP. « En moyenne sur 2019-2023, les fromages AOP comptaient pour 50,4 % des volumes vendus en fromagerie, alors qu’ils ne représentaient que 15,6 % dans le total des achats de fromages, tous circuits confondus », souligne l’étude.