Concours départemental d’élevage
Le monde agricole isérois profite du Concours départemental de Saint-Jean-de-Bournay pour faire passer des messages

Isabelle Brenguier
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L’attente était forte mais la manifestation de Saint-Jean-de-Bournay a tenu toutes ses promesses. Pour autant, la joie des retrouvailles n’a pas fait oublier les défis auxquels sont confrontés les agriculteurs et le soutien dans la durée qu’ils souhaitent avoir des consommateurs.

Le monde agricole isérois profite du Concours départemental de Saint-Jean-de-Bournay pour faire passer des messages
Les nombreux élus venus au Concours départemental d'élevage à Saint-Jean-de-Bournay ont apprécié tout le travail et le savoir-faire des éleveurs isérois.

Covid oblige, les éleveurs isérois sont restés trois ans sans Concours départemental. Aussi l’évènement qui s’est tenu les 26, 27 et 28 août dernier à Saint-Jean-de-Bournay était-il attendu, qui pour se retrouver entre amis, qui pour se confronter entre professionnels.

Que les organisateurs soient rassurés. Le nombre incalculable d’heures de réunions et de préparation passées à orchestrer la manifestation dans ses moindres détails a permis aux retrouvailles d’être à la hauteur de l’évènement.

La bonne humeur et l’enthousiasme qui ont régné dans les allées et autour du ring central durant tout le week-end, attestent du succès de cette nouvelle édition. Les 350 animaux amenés par les éleveurs des quatre coins du département sur les rings de compétition et de présentation, ont aussi illustré leur travail quotidien et leur savoir-faire.

Modèle de développement durable

Comme l’a souligné David Rivière, président des Éleveurs de l’Isère, un évènement comme ce concours, c’est pour les éleveurs à la fois une fête - et elle était bien au rendez-vous - et une occasion pour montrer ses résultats et récompenser les années de labeur et de préparation investies auprès des animaux.

Le responsable le soutient : « Lorsque nous travaillons avec des animaux de qualité, nous sommes plus efficients sur les coûts de production. Si les éleveurs font de la génétique, c’est parce qu’économiquement, c’est rentable », souligne-t-il.

Ce travail de longue haleine n’est pas passé inaperçu. Il a été largement salué par les juges du concours, les nombreux visiteurs et les élus présents au cours de ces deux journées.

A l’image de Jean-Pierre Barbier, président du Département de l’Isère. « Bravo à tous. Vous avez raison de défendre ainsi votre savoir-faire. Il faut encourager cet élevage herbager, cet élevage local, cet élevage de qualité, alors que 52 % de la viande consommée en France est importée », avance-t-il.

Mais aussi Yannick Neuder, représentant la Région et député de l’Isère : « Que serait la France et nos paysages, sans agriculteurs ? Que mangerions-nous ? L’agriculture est certainement le plus beau modèle de développement durable ! », assure-t-il.

Les réalités de l’agriculture

Ce concours était également une manifestation pour aller à la rencontre du grand public. Sur ce sujet, éleveurs et élus ont parlé d’une même voix.

Selon eux, ces évènements sont indispensables pour faire découvrir au plus grand nombre les réalités et les rôles de l’agriculture et des agriculteurs, bien différents des images ou représentations véhiculées par certains médias.

Ils servent aussi à rappeler leurs difficultés, en l’occurrence cet été, celles liées à la sécheresse et à ses conséquences en matière de production de fourrage pour nourrir les animaux ou de gestion de l’eau…

« Nous avons besoin des éleveurs », insiste Jean-Claude Darlet, président de la Chambre d’agriculture de l’Isère. « La multiplication des coups durs ne doit pas avoir pour solution la décapitalisation du troupeau », poursuit-il.

Donner des perspectives

Ces rencontres sont enfin une formidable occasion de faire passer des messages auprès des consommateurs, les enjoignant à continuer de s’approvisionner en produits locaux.

« Malheureusement, en matière de consommation, l’alimentation est souvent la variable d’ajustement et ce poste passe après ceux de la voiture et de la téléphonie. Cela ne doit plus être ainsi », déclare Fabien Mulyk, vice-président du Département en charge de l’agriculture.

Pour Jean-Claude Darlet, « les consommateurs sont justement ceux qui sont en mesure de donner des perspectives au monde agricole ». Et le représentant de l’organisme consulaire de s’adresser directement à eux : « Notre avenir dépend de vous. Vous avez voulu des productions bio, de qualité. Nous les avons faites. Et aujourd’hui, vous vous en détournez », s’indigne-t-il, à la suite d’un été où les ventes dans les magasins de producteurs ont chuté de 10 à 20 %.

« Heureusement que les collectivités locales jouent le jeu », avance-t-il encore.

Défis essentiels

A la tête des cantines du Département, Jean-Pierre Barbier se réjouit de tout le travail accompli concernant l’augmentation de la qualité des produits isérois et de la rémunération des agriculteurs, notamment grâce à la création du PAA (Pôle agroalimentaire), et de toutes les initiatives mises en place, conjointement avec la Région, pour défendre l’élevage et l’agriculture isérois.

Si l’alimentation est un défi essentiel, il n’est pourtant pas le seul qui devra être relevé par les agriculteurs et par l’ensemble des citoyens. Didier Rambaud, sénateur de l’Isère, a également rappelé l’urgence avec laquelle nous devons « changer de braquet, faire preuve de sobriété et construire une agriculture résiliente ».

Isabelle Brenguier

Les jeunes en veulent

Jeunesse /

Enfants des villes ou des campagnes, ils sont venus profiter de l’ambiance du Concours départemental d’élevage, et admirer - ou faire admirer - les animaux.

Le Concours départemental d’élevage est aussi un lieu pour faire découvrir l’élevage aux enfants et susciter des vocations. Ainsi, ils étaient nombreux ces petits à parcourir les allées et à s’émerveiller devant des animaux qu’ils n’ont pas forcément l’occasion de voir tous les jours. Et ils étaient tout aussi nombreux ces filles et fils d’éleveurs aux côtés de leurs parents, à les « pousser » à concourir.

Certains se sont même prêtés à l’exercice. Sous l’œil averti de leurs aînés, ils ont présenté samedi soir des petites génisses de races laitières qu’ils ont préparées, soigneusement et des semaines durant.

David Rivière, président des Éleveurs de l’Isère, a vu leur enthousiasme. « Il y a des gamins qui n’en dormaient plus tellement ils étaient contents de présenter leur bête. C’est vraiment enthousiasmant. Et pour les parents, je pense que c’est aussi valorisant de voir leurs enfants avec les yeux qui brillent, de constater qu’ils sont fiers d’eux et de leur métier. Surtout dans l’environnement actuel qui n’est pas toujours favorable à l’agriculture ». Manon et Hugo, 10 et 12 ans, s’en faisaient une joie. Ils ont tous les deux « bichonné et pomponné » Tessa et Tass, des génisses de quatre mois, et leur ont appris à marcher au licol. Un grand investissement de leur part, bien récompensé.

IB