Politique
Les communes rurales prises en compte

Morgane Poulet
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Lors du congrès de l’AMRF, le plan France ruralité a été présenté aux maires par la ministre des Collectivités territoriales et de la Ruralité, Dominique Faure.
Les candidatures se font avant le 15 octobre 2023.

Les communes rurales prises en compte
Dominique Faure, avec le micro, a expliqué les tenants et les aboutissants du plan France ruralité aux maires ruraux.

Parce que les communes rurales représentent tout de même 88 % des communes françaises, le Gouvernement a souhaité mettre en place un plan France ruralités afin de trouver des solutions adaptées et différenciées répondant aux spécificités des territoires.
Ce plan a été présenté par Dominique Faure, ministre des Collectivités territoriales et de la Ruralité, lors du congrès de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), le 29 septembre.
 
Quatre axes
 
Le plan France ruralités est articulé autour de quatre axes. Il s’agit tout d’abord de soutenir les communes rurales dans leurs projets.
Cela sera fait au regard du lancement du programme « Villages d’avenir ».
100 « chefs de projet » seront recrutés dans les préfectures et sous-préfectures des territoires considérés comme étant les plus ruraux de France.
Ils devront accompagner les maires de petits villages qui souhaitent concrétiser une idée en un projet dans les domaines de l’habitat, des transports, du patrimoine ou de la santé.
Les maires devront donc proposer leur candidature auprès de leur préfet, et ce par groupe de deux à huit communes. Les demandes doivent se faire avant le 15 octobre 2023.
Il s’agit ensuite de rémunérer et de reconnaître les aménités rurales. La dotation biodiversité a ainsi été augmentée, passant de 40 à 100 millions d’euros pour permettre aux villages d’entretenir et de développer leurs aménités.
Le Gouvernement souhaite aussi apporter des solutions aux besoins du quotidien des territoires de campagne. Par exemple, 100 nouveaux médicobus sont déployés dans les espaces ruraux et un fonds de 90 millions d’euros sur trois ans a été créé pour soutenir et pour investir dans le dernier kilomètre.
Enfin, il s’agit pour l’État de renforcer l’attractivité des territoires ruraux.
Pour cela, les Zones de revitalisation rurale (ZRR) devront être pérennisées afin que les petites communes puissent être dynamisées. L’installation d’entreprises sera soutenue, de même que celle de professionnels de santé. Aujourd’hui, certains départements sont entièrement concernés par la ZRR, comme la Nièvre, l’Indre et la Meuse.
« Dans tous les cas, nous voulons en faire un programme qui vive et qui s’adapte aux besoins des communes rurales », précise Dominique Faure.
 
Des demandes
 
Mais pour les maires ruraux, des éléments doivent être explicités, notamment en ce qui concerne le couple maire/préfet.
« Les préfets ont parfois des interprétations très différentes de celles des maires, explique Michel Fournier, président de l’AMRF. Nous souhaiterions donc que des clarifications soient apportées, et pour cela, une note doit être envoyée aux préfets pour leur expliquer qu’ils n’ont pas à interpréter les choses autrement que ce qui est écrit dans les textes ».
Pour certains, il se pourrait que la façon de penser de quelques chefs de projet pénalise les demandes des groupements de village.
Mais pour Dominique Faure, il ne doit y avoir aucune inquiétude : « il faut que les chefs de projet connaissent bien leur territoire et les collectivités. Ils doivent avoir de l’expérience en management de projet ainsi que des capacités humaines ».

Morgane Poulet
Ils ont dit…
L'ouverture du congrès a été l'occasion pour chaque représentant d'instance de s'exprimer quant à la place des communes rurales en France.

Ils ont dit…

Jean-Yves Noirey, maire de l’Alpe-d’Huez
« Les communes rurales sont souvent la cible d’associations lorsqu’il est question de retenues collinaires, mais avec le réchauffement climatique, il est important de récupérer l’eau de la fonte des neiges. En montagne, ces retenues récoltent 22 millions de mètres cubes d’eau, alors qu’EDF a des capacités de 7 milliards de mètres cubes. »
 
Cyrille Madinier, président de l’AMR de l’Isère
« La charte de la ruralité a été votée à l’unanimité le 30 juin. Avec elle, nous voulons répondre la question ‘comment organiser le bien-vivre ensemble dans les territoires ruraux’. (…) Car les enjeux entre les communes et l’État sont multiples et le couple maire/préfet est très important. »
 
Michel Fournier, président de l’AMRF
« Les maires ruraux attendent beaucoup du gouvernement, ils veulent pouvoir être élus et avoir une responsabilité professionnelle. Il ne faut pas oublier que les communes rurales ne sont pas le dernier kilomètre, mais le premier mètre. »
 
Jean-Pierre Barbier, président du Conseil départemental
« On veut souvent opposer ruralité et métropole et il y a souvent une vision caricaturale des campagnes, mais les deux doivent fonctionner ensemble. Notre rôle est de répartir les richesses entre toutes les communes. »
 
Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
« Les maires ne doivent pas être impatients vis-à—vis de l’État, et nous n’avons pas le choix que de faire équipe. (…) Mais n’oublions pas que les communes rurales montrent aussi le chemin. »

MP