Energie
Les irrigants inquiets

Morgane Poulet
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Alors que les coûts d’électricité et de gaz augmentent, les irrigants se montrent particulièrement inquiets pour le futur.

Les irrigants inquiets
L'Association des irrigants de l'Isère s'inquiète de l'augmentation des prix de l'électricité.

En Isère, les principaux postes de consommation d’électricité sont les pompes pression, « qui servent à prélever l’eau », explique Jean-François Charpentier, président de l’Association des irrigants de l’Isère. Ce sont en effet 48 millions de kilowatts qui sont nécessaires pour irriguer les cultures du département chaque année. « En fonction des stations, cela va de 0,5 à 1,2 kilowatt par mètre cube, précise-t-il, pour une autorisation de prélèvement départementale fixée à 60 millions de mètres cubes dans le département. »
Si pour les particuliers, le tarif réglementé était jusqu’à présent fixé de 3 à 4 centimes du kilowatt, il passera pour la période 2023-2024 à 5 centimes du kilowatt (prix fixe), mais pour les professionnels, les prix seront plus difficiles à gérer.
« Aujourd’hui, nous sommes à 2 centimes le kilowatt, mais pour 2023-2024, il y a une ouverture de marché, donc il va falloir faire des appels d’offre pour gérer les contrats des réseaux collectifs », explique Jean-François Charpentier. Pour 2025, les réseaux collectifs devront payer 10 centimes le kilowatt aux fournisseurs d’énergie qui se fournissent à l’Arenh*.
Les irrigants de l’Isère ont décidé de se fier à l’Arenh, qui fixe le kilowatt à 4 centimes. Il s’agit d’une énergie réservée aux professionnels, et 100 terawatts sont réservés à la France. « Étant donné qu’il y a une demande de 160 terawatts, une partie des professionnels se retrouve au prix de marché, donc à 10 centimes le kilowatt », explique le président de l’association. Le marché continuant d’évoluer, « si nous achetons encore ce qui nous manque, nous risquerions de nous retrouver à 44 centimes le kilowatt. Or, pour irriguer du maïs à hauteur de 2 000 mètres cubes d’eau, cela nous reviendrait aujourd’hui à 840 euros l’hectare au lieu de 40 euros », ajoute Jean-François Charpentier.
« Pour l’instant, nous avons décidé de ne pas acheter, car cela n’est pas possible à des prix aussi élevés. Nous nous sommes fixé comme prix maximal 150 euros le mégawatt, mais il serait mieux que nous puissions descendre à 100 euros le mégawatt », explique Jean-François Charpentier.
Pour tenter d’obtenir de l’énergie à plus bas prix, l’association mène différentes actions auprès des élus et des parlementaires. Car « nous parlons de souveraineté alimentaire mais si nous continuons avec ces tarifs, nous devrons abandonner des hectares de maïs dans le département. Nous allons forcément diminuer cette autonomie alimentaire », se désole le président de l’Association des irrigants de l’Isère.

Morgane Poulet

* Accès régulé à l’électricité nucléaire historique.