Le 16 décembre, la Chambre d’agriculture de l’Isère organisait une matinée technique au sujet des Cive, au méthaniseur Vial Biomethane, à Saint-Quentin-Fallavier.

Pour des CIVE durables
Les résultats de Pepi Aura-Cive, portant sur les cultures intermédiaires à valorisation énergétique, ont été présentés à Vial Biomethane, à Saint-Quentin-Fallavier.

La Chambre d’agriculture de l’Isère, dans le cadre du projet Pepit Aura-Cive, a organisé une matinée technique à Saint-Quentin-Fallavier, au méthaniseur d’Anthony et Martial Vial, Vial Biomethane, en compagnie des chambres d’agriculture du Puy-de-Dôme, de la Drôme et de l’Ain, mais également d’Arvalis. Le projet, démarré en 2020 et achevé cette année, met en lumière les meilleures façons de produire des Cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive).
Ces dernières sont des cultures implantées et récoltées lors de la période disponible entre deux cultures principales. Elles sont destinées à produire du biogaz et ne concurrencent donc pas les cultures alimentaires. Grâce à leur potentiel méthanogène, elles peuvent constituer jusqu’à l’essentiel de l’approvisionnement d’un méthaniseur, comme c’est le cas pour Vial Biométhane.
 
Cive d’hiver…
 
Il existe deux types de Cive : les Cive d’hiver et les Cive d’été. Les premières constituent un levier intéressant pour garantir l’autonomie du méthaniseur, « avec une productivité moyenne de 25 t/ha, donc environ 5 tonnes de matière sèche par hectare sur nos essais », explique Yoann Ginestiere, conseiller agronome à la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme. Et de préciser : « la récolte médiane tourne autour de fin avril ».
Néanmoins, le rendement varie fortement en fonction de la date de récolte, allant de 3,1 à 7,5 t MS/ha en moyenne suivant le stade de la graminée dans les essais menés par les chambres d’agriculture. Même s’il pourrait être tentant d’attendre le plus longtemps possible avant de récolter une Cive d’hiver, quelques paramètres sont à prendre en compte : le risque de verse s’accentue au fil du temps, la conservation en silo est plus délicate car le tassement est difficile et il peut y avoir des pertes de rendement sur la culture suivante en raison de semis trop tardifs.
Le seigle semble être l’espèce la plus adaptée aux Cive d’hiver, car elle constitue le meilleur compromis entre le coût de production, le prix et la disponibilité de la semence mais également de sa possibilité de culture sans recours aux traitements phytosanitaires.
« Il est important de privilégier les variétés précoces pour les parcelles destinées à un futur semis de maïs », précise Yoann Ginestiere. En revanche, le méteil associant des céréales et des protéagineux apparaît comme étant moins adapté à la production de Cive car les semences sont chères et le taux de matière sèche est faible.
 
… Et Cive d’été
 
Les Cive d’été offrent quant à elles une très grande variabilité de rendements : de 0 à 10 t MS/ha. Cela est dû aux conditions et à la période de semis plutôt qu’aux espèces choisies. Il convient en revanche de choisir l’espèce et la variété la plus adaptée en fonction de sa rotation, des conditions pédoclimatiques, et notamment la possibilité d’irriguer, et de sa possibilité de double usage, de sa complémentarité avec l’élevage.
Pour réussir sa Cive d’été, il est important de soigner l’implantation, de limiter la concurrence précoce et de fertiliser à bon escient. Il faut pour cela semer dès que possible pour bénéficier de jours longs, des pluies et de l’humidité. Il est également important d’éliminer la concurrence précoce en choisissant des variétés couvrantes, avec une levée et une croissance rapides. Il y a peu de risque d’échec en semant derrière une céréale ensilée. En revanche, derrière une orge d’hiver, il est préférable d’envisager la récolte des menues pailles.

Morgane Poulet

Vial Biométhane


Martial Vial a présenté le fonctionnement de Vial Biomethane lors de la journée technique.

Anthony Vial, co-responsable des 250 hectares de Vial Biomethane avec son père, Martial Vial, explique « méthaniser des Cive et des déchets de paille ». « Nous sommes en agriculture biologique et l’objectif premier de la méthanisation, pour nous, est de nettoyer nos parcelles des déchets de paille », précise Martial Vial.
En début de mois, le méthaniseur consomme environ 28 tonnes par jour, puis environ 24 tonnes à la fin du mois. Les rations sont composées à environ 60% de seigle et à environ 35% de sorgho. « Nous récupérons également le jus de fruit et l’eau de pluie pour liquéfier les éléments, ajoute Anthony Vial, et nous utilisons des enzymes pour rendre le digestat plus liquide, ce qui est mieux pour la pompe. »

MP

Quels rendements

Cive d’hiver
Méteil céréales (association de graminées : seigle, triticale, orge hybride, avoine) : complémentarité entre les espèces et régularisation de la production mais mélange souvent coûteux et difficile à élaborer.
Méteil (association de céréales et de légumineuses) : fournit de l’azote grâce aux légumineuses, mélange souvent riche en MAT, mais semences chères et faibles récoltes précoces.
Seigle grain : approvisionnement en semence facile et résistance à la verse, mais semence chère.
Seigle fourrager : bonne productivité et cycle plus précoce que le forestier mais risque de verse en fin de cycle.
Seigle forestier (variété de seigle utilisée en piège à nitrate) : densité de semis faible et bonne productivité mais variété plus tardive à épiaison.
 
Cive d’été
Sorghos : valorisent l’eau, peuvent résister au sec si bien implantés, peu appréciés des sangliers mais leur croissance est très limitée en fin d’été.
Sorgho fourrager multicoupe (mais préférer une coupe unique en méthanisation pour limiter les frais de récolte) : ensilage possible 90 jours après semis, double usage méthanisation et élevage, mais à récolter avant le gel et certaines variétés, notamment les hybrides, craignent la verse.
Sorgho monocoupe biomasse et sorgho monocoupe double usage : potentiel de biomasse élevé en semis précoce mais faible valeur pour l’élevage, prix de semences élevés, exigence sur la qualité du semis, qui doit être monograine à 30-50 cm d’écartement maximum pour limiter le développement des adventices.
Maïs : potentiel de biomasse dans les situations peu restrictives en eau mais implantation coûteuse et forte appétence pour les sangliers.
Moha : cycle court, résistance au sec et à la chaleur, possibilité de semis direct ou TCS mais potentiel de biomasse plus faible.
Tournesol : double utilisation possible grain ou méthanisation, peu gourmand en azote, mais en méthanisation, à associer au sorgho pour la biomasse et la gestion des adventices.
Mélanges sorgho et autres espèces : avec les légumineuses pour la fixation d’azote pour un couvert après récolte, mais la levée des légumineuses a lieu en conditions sèches.

MP