Forêt
Enquête au coeur de la forêt

Isabelle Brenguier
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La Fibois vient de réaliser une étude sur la perception de la forêt par ses usagers. Une occasion de mieux connaître chacun d'eux pour imaginer de nouveaux évènements grand public.

Enquête au coeur de la forêt
Crédit photo : Fibois La question de la cohabitation des différents usagers en forêt est au cœur des préoccupations de l’ensemble des acteurs du milieu.

La question de la cohabitation des différents usagers en forêt est au cœur des préoccupations de l’ensemble des acteurs du milieu, et notamment de la Fibois, l’interprofession forêt-bois du département de l'Isère. « Si le sujet est sur la table depuis longtemps, nous constatons qu’il est de plus en plus prégnant pour les professionnels de la forêt », assure Guénaëlle Scolan, directrice de la structure. D’où la réalisation d’une enquête sur la perception de la forêt par ses usagers.

Menée pendant le confinement, à destination du grand public et diffusée «  tous azimuts » grâce aux réseaux sociaux de tous les partenaires de la Fibois *, elle avait pour objectif de mieux connaître les personnes qui fréquentent le milieu forestier et de mieux appréhender leur ressenti sur la forêt, sa gestion, la récolte de bois et son usage.

Population locale

« A quelle fréquence allez-vous en forêt ? Pour quelles raisons ? Pensez-vous que la forêt française soit menacée de déforestation ? A qui appartiennent les forêts iséroises ? Pensez-vous qu’elles soient correctement gérées ? Quels sont vos critères d’achat du bois ? Connaissez-vous la certification "Bois des Alpes" et l'AOC "Bois de Chartreuse" ? »… Toutes ces questions ont été posées aux 878 personnes qui ont répondu à l’enquête et qui sont à 90 % d’origine iséroise. « Nous avons été très contents de ce retour car notre but était bien de toucher la population locale », se réjouit Guénaëlle Scolan.

Le profil des personnes qui fréquentent la forêt, essentiellement dans un objectif de randonnée, à pied ou à vélo, est varié : si 31 % sont âgées de plus de 60 ans, elles sont entre 18 et 19 % à avoir entre 30 et 39 ans, la même proportion entre 40 et 49 ans et encore la même entre 50 et 59 ans. Elle est un peu inférieure chez les jeunes, puisqu’elle est de 12 % à être âgée de moins de 30 ans. Concernant leur origine socio-professionnelle, ce sont pour la majeure partie, des cadres à 34 %, des retraités à 24 % et des employés à 21 %.

Certifications 

L’étude a révélé que les personnes qui fréquentent la forêt iséroise ne pensent pas, en majorité, que la forêt française soit menacée de déforestation par l’homme. Mais une minorité le pense tout de même, ce qui montre que l’amalgame fait entre coupe de bois et déforestation persiste. Globalement, les usagers de la forêt ont bien répondu qu’elle appartenait à des propriétaires privés et au domaine public. « Mais plusieurs réponses étaient suggérées. Cette façon que nous avons eu de poser la question a pu biaiser les réponses  », tempère Guénaëlle Scolan. A la question consacrée à la gestion de la forêt, ils ont été 66 % à répondre qu’elle était bien gérée. Ceux qui ont répondu non l’ont justifié en expliquant qu’« elle était trop morcelée pour être bien gérée » ou parce que des coupes rases ont été effectuées à proximité de leur domicile. Les perturbations qui affectent le plus les usagers de la forêt sont les coupes de bois et les coupes rases, les chemins abîmés, l’évolution des paysages et l’impossibilité de continuer un itinéraire commencé.

Questionnées comme consommateurs, les personnes qui ont répondu à l’enquête ont indiqué considérer à 94 % le bois comme matériau écologique. Lors de leurs achats, elles ont exprimé être attentives à la provenance (26%), à une certification de gestion durable (25%), au prix (20%) et au fait qu’il s’agisse de bois non collé (17%), sans traitement. Selon la directrice de la Fibois, « cette question de la provenance s’organise de plus en plus mais reste encore compliquée. Cet intérêt évoqué dans l’enquête montre que les consommateurs l’ont en tête, même si dans les faits, on peut s’interroger sur leur véritable degré de sensibilité à cet égard. Cela indique toutefois qu’il s’agit d’un sujet sur lequel la filière peut progresser ». Concernant les certifications « Bois des Alpes » et l’AOC (Appellation d’origine contrôlée) « Bois de Chartreuse », la moitié des personnes qui ont répondu à l’enquête n’en connaissent aucune. De quoi laisser penser qu’une progression est aussi possible dans ce domaine.

Cette enquête va permettre à la Fibois d’imaginer de nouveaux évènements grand public. « Vis ma vie de bûcheron » avait déjà été créé pour faire découvrir au plus grand nombre toutes les réalités du milieu forestier. « Nous allons la continuer mais certainement créer une nouvelle opération. Nous sommes en réflexion », promet, enthousiaste, Guénaelle Scolan.

 

* le Département de l’Isère, tous les territoires et communautés de communes isérois, les parcs naturels régionaux de Chartreuse et du Vercors, les chartes forestières des Chambaran, des Bonnevaux, du sud-Isère, l’association des communes forestières, les organismes forestiers que sont l’ONF, le CRPF et la chambre d’agriculture