CHANGEMENT CLIMATIQUE
Varenne de l’eau : il faut maintenant passer aux actes

Le 1er février, le Premier ministre, Jean Castex, est venu clore les travaux du Varenne de l’eau et de l’adaptation au changement climatique (VEACC). Il a annoncé le déblocage de 200 millions d’euros supplémentaires.

Varenne de l’eau : il faut maintenant passer aux actes
C'est le Premier ministre, Jean Castex, qui a conclu les travaux du Varennes de l'eau le 1 er février dernier.

C’est l’heure du bilan pour le Varenne de l’eau et de l’adaptation au changement climatique (VEACC) après huit mois de travaux. Lancé en mai 2021, ce chantier aura mobilisé 1 400 participants de tous bords et 523 structures agricoles et environnementales. Ce sont surtout les conclusions des thématiques n° 2 (adaptation de l’agriculture au changement climatique) et n° 3 (partage des ressources en eau) qui étaient attendues.

Cadre temporel aux PTGE

Sur la thématique n° 2, Jean Castex a annoncé le déblocage de 100 millions d’euros (M€) qui seront affectés aux filières pour leur permettre une meilleure adaptation au changement climatique. Cela pourra passer par des investissements dans les nouvelles technologies. Sur le thème du partage des ressources, le Premier ministre qui souhaite « une approche territorialisée » a promis une enveloppe de 100 M€ qui sera consacrée au financement d’agroéquipements et matériels innovants qui permettront de mieux gérer l’eau dans son utilisation. S’y adjoindront 13 M€ supplémentaires au titre d’une rallonge de France Relance 2030. Le chef du gouvernement entend aussi mettre en place un inventaire des ouvrages pour « remobiliser les volumes existants mais non utilisés ». Une dizaine de territoires pilotes est concernée. Il souhaite surtout « améliorer les processus administratifs en tirant les leçons du blocage des projets territoriaux de gestion de l’eau (PTGE) ». Concrètement, il entend donner un cadre temporel aux négociations et renforcer le rôle des préfets dans la conception et la mise en œuvre de ces PTGE. En effet, nombre de ces projets stagnent depuis des années en raison de réticences, voire de résistance de certaines associations, notamment celles de la protection de l’environnement.

Nomination d'un délégué interministériel

De plus, Jean Castex a demandé aux deux ministres (Agriculture et Transition écologique) de modifier « sans délai » le décret de juin 2021 pour que les préfets puissent autoriser et encadrer les volumes prélevables en hiver. L’idée est qu’une fois les nappes phréatiques remplies, le surplus puisse être stocké dans des ouvrages adéquats (retenues, réservoirs d’eau…). C’est une annonce qui va dans le sens des demandes de la profession agricole, notamment celle des irrigants. Le Premier ministre a enfin annoncé la nomination d’un délégué interministériel. Celui-ci interviendra dans les prochaines semaines. Ce délégué aura la charge de suivre, pendant les trois prochaines années, l’application des dispositions du Varenne de l’eau afin que qu’il « constitue un point de non-retour », ont déclaré Jean Castex et Julien Denormandie.

Réactions professionnelles 

« La FNSEA et Jeunes agriculteurs saluent la prise de conscience du gouvernement et sa détermination à inscrire la feuille de route du Varenne dans la durée », ont réagi les deux organisations syndicales dans un communiqué commun. Elles demandent le vote définitif de la loi sur l’assurance récolte et veilleront au « bon accompagnement financier » des mesures prises. « C'est sur pièce que la FNSEA et JA jugeront le résultat du troisième thème », ont souligné les deux syndicats qui « ont largement contribué à l'émergence de cette prise de conscience et aux travaux engagés ». Tout aussi impliquée dans ces travaux, Chambres d’agriculture France (APCA) a salué par l’intermédiaire de son président Sébastien Windsor les résultats du VEACC, en particulier l’articulation et la cohérence entre les trois thématiques. Comme la FNSEA, l’APCA sera vigilante sur le financement, surtout « sur celui de l’assurance récolte qui sera revu tous les ans par le Parlement ». Sébastien Windsor demande néanmoins au gouvernement d’aller vite sur la révision du décret de juin 2021. En effet, les schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) sont sur le point d’être votés, sur la base du décret de juin 2021 non révisé. La crainte de l’APCA est que les Sdage soient vite adoptés avant la révision du décret pour ne pas appliquer les nouveaux volumes prélevables en hiver. Demandant également à combler « quelques trous dans la raquette sur le thème n° 2 », Sébastien Windsor souhaite que ce VEACC se décline au plus près du terrain : « un agriculteur, un projet, un plan d’action », a-t-il conclu.

Christophe Soulard