Territoires
L'avenir de l'agriculture inter-territorial

Morgane Poulet
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Le 5 mai, le Projet alimentaire inter-territorial de la grande région grenobloise s’est réuni à Voreppe. L’objectif : définir l’agriculture de 2050.

L'avenir de l'agriculture inter-territorial
Des ateliers ont été tenus pour discuter des actions à réaliser pour parvenir à l'agriculture souhaitée en 2050.

Formé en 2015 de l’association de sept partenaires publics, le Projet alimentaire inter-territorial (PAIT) a pour mission d’élaborer un système d’alimentation local et durable. Le 5 mai, le groupe s’est réuni à Voreppe afin de discuter de sa vision de l’agriculture dans la grande région grenobloise mais aussi pour trouver des leviers d’action qui puissent aboutir à l’agriculture telle qu’imaginée pour le futur.
L’objectif était de définir une vision commune de ce qui est souhaitable pour l’agriculture à l’horizon 2050. Le système qui en émergera devra répondre aux besoins de la population et contribuer à tenir les objectifs de la transition écologique en termes de climat, de biodiversité et de ressources naturelles.

Un constat

Les changements sociétaux, sanitaires et environnementaux ont un impact sur les modèles agricoles. Le PAIT cherche ainsi à adapter l’agriculture à partir de différents constats.
Oxyane soulève le problème de l’accès à l’eau, qui se compliquera avec les années à venir. Qui plus est, il risque d’être compliqué d’assurer un bon équilibre entre l’augmentation de la population, qui nécessitera des moyens supplémentaires en termes de production, et la probable diminution du volume de production qui sera induite par le changement climatique.
Antoine Couturier, chargé de mission à Solagro,  ajoute que « l’autonomie alimentaire n’existe pas ». En effet, aujourd’hui, en France, il faut 4 200m² pour nourrir une personne. A l’échelle du PAIT de la grande région grenobloise, il faudrait plus que doubler la surface agricole disponible pour pouvoir parler d’autonomie alimentaire. Il y a par exemple une production de légumineuse trop faible par rapport aux besoins de la région. L’objectif actuel est donc de trouver des solutions afin d’améliorer la situation, notamment en produisant plus localement et en développant la consommation locale des habitants, en mettant à contribution des acteurs de la transformation et de la distribution.

Des enjeux majeurs

De ces problématiques découlent quatre grands enjeux pour lesquels il faudra réussir à mener des actions favorables, selon Solagro, à qui le travail du PAIT a été confié. Il s’agit des enjeux climatiques, du contenu de l’assiette, de la production animale et de la production végétale. Antoine Couturier rappelle d’ailleurs que selon le plan national bas carbone, « l’agriculture doit réduire de 50% ses émissions carbone ».
En découle pour le PAIT le souhait de conserver le dynamisme du secteur agricole. Il s’agit également de maintenir l’élevage bovin sur le territoire en favorisant les systèmes herbagers, les races rustiques et les pratiques extensives, avec un enjeu fort et spécifique au territoire en ce qui concerne la préservation de l’élevage de montagne. Enfin, les partenaires du PAIT se sont mis d’accord sur le fait qu’il fallait faire évoluer les pratiques agricoles vers l’agriculture biologique.

Des perspectives et leurs leviers

Ce sont en tout 23 perspectives que le PAIT envisage d’atteindre d’ici 2050.
Pour Stéphane Rousset, élu à Saint-Marcellin-Vercors, « des objectifs semblent être difficilement atteignables, mais ils doivent donner une ligne de mire au groupe ». Parmi eux figure l’objectif de ne pas perdre plus de 30% de bovins lait, plus de 20% de vaches et plus de 10% de bovins viande. Il s’agit également de maintenir des prairies naturelles en enrayant la baisse des prairies productives. « Il y a une ambition forte qui tourne autour de l’artificialisation des terres agricoles », ajoute Antoine Couturier. Le PAIT souhaite contenir cette artificialisation dans la limite de 300 hectares d’ici 2050. « Mais nous reverrons cet objectif en fonction de l’évolution des modalités d’application de la ZAN* », précise-t-il.
Les groupes d’atelier organisés ont ainsi permis aux participants de commencer à construire des pistes de réflexion pour mener à bien ces objectifs. Une idée soulevée serait par exemple de doubler les surfaces d’arbres fruitiers et de noyers. Il pourrait également être utile de changer le contenu même de l’assiette. Pour cela, il faudrait mener des campagnes publiques sur le changement de l’alimentation. Ou encore créer un « label qualité »  qui s’appuierait sur une consommation d’énergie relativement faible ou encore sur le respect de la biodiversité.

*Zéro artificialisation nette. Il s’agit d’un objectif fixé pour 2050. Les territoires, les communes, les départements et les régions doivent réduire l’artificialisation et la consommation de leurs espaces naturels, agricoles mais également forestiers de 50% d’ici 2030 par rapport à la consommation mesurée entre 2011 et 2020.

Morgane Poulet