Pendant trois jours, les agriculteurs ont alimenté en eau les sapeurs-pompiers intervenant sur le feu de Voreppe et la Sure-en-Chartreuse.
« On n’a pas trop réfléchi, on ne s’est pas posé de questions. On s’est dit que ça pouvait servir ». Bastien Durand est employé du méthaniseur d’Apprieu. Ses parents et son frère ont une ferme à La Murette. Il est un des premiers agriculteurs à être venu donner un coup de main aux sapeurs-pompiers qui luttaient contre l’incendie de Voreppe depuis le 5 août.
« Je suis arrivé vendredi, dans la nuit, avec le tracteur », raconte-t-il.
Très rapidement, et sur les conseils des sapeurs-pompiers, c’est toute une noria de tracteurs et de citernes qui s’est mise en place pour venir apporter de l’eau aux hommes du feu dans les chemins escarpés au-dessus de la carrière de Voreppe. La situation était critique car le vent poussait les flammes vers le bourg.
Dans la plaine, Bastien Durand et Martin Bœuf remplissaient la grosse citerne de 18 000 litres du méthaniseur et la remontaient au plus haut pour alimenter cinq tracteurs et leurs citernes de 4 à 6 000 litres, qui à leur tour apportaient l’eau directement aux pompiers sur le front du feu.
450 000 litres
Les agriculteurs ont ainsi permis aux sapeurs-pompiers de gagner des précieuses heures pour combattre le feu. Car rien que le chemin d’accès sur le front nécessite un trajet de 20 minutes, à quoi il faut ajouter le temps de pompage.
« Si nous n’avions pas été là vendredi soir et samedi, les dégâts auraient été encore plus importants à La Buisse », estime le jeune homme. Plus d’une vingtaine d’agriculteurs de La Buisse, La Murette et Voiron se sont mobilisés durant tout le week-end pour apporter l’eau à flanc de colline, acheminant quelque 450 000 litres en trois jours.
« Lundi soir, j’ai laissé la citerne sur place à la disposition des pompiers. S’ils avaient un problème, ils rappelleraient », ajoute Bastien Durand.
C’est spontanément qu’il a proposé l’aide des agriculteurs aux sapeurs-pompiers vendredi dernier en voyant l’incendie prendre de l’ampleur. Aussitôt, par le bouche-à-oreille, une grande solidarité s’est mise en place dans le monde agricole pour assurer toute la logistique de l’opération. Les petits tracteurs ont essuyé un peu de casse en circulant dans les chemins peu accessibles, et les agriculteurs ont un peu laissé tomber leurs fermes et leurs familles le temps du week-end, mais ces précieux auxiliaires ont reçu les plus vifs remerciements de la part des sapeurs-pompiers.
Isabelle Doucet
