Sylviculture
Valoriser le feuillu

Morgane Poulet
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Le 6 juillet, Fibois 38 a organisé la visite d’une parcelle forestière de la sylve bénite pour parler de la valorisation des feuillus en bois d’œuvre.

Valoriser le feuillu
Une visite de la sylve bénite a été organisée par Faiblis pour parler feuillu et valorisation du bois d'oeuvre.

Valoriser les arbres passe par un bon entretien des forêts. C’est ce qu’a voulu démontrer Fibois 38 lors d’une visite de parcelle forestière organisée le 6 juillet dernier à la sylve bénite.
Cette dernière, située aux Villages du Lac de Paladru, est une forêt en indivision. Gérée par sept propriétaires sur 11 hectares, elle se trouve sur le terrain d’un ancien monastère de chartreux. Composée essentiellement de feuillus, elle trouve son intérêt dans sa grande diversité d’essences : merisiers, hêtres, charmes, chênes et tilleuls. « Aujourd’hui, nous recherchons plutôt un mélange d’essences, une hétérogénéité ainsi qu’une certaine hauteur pour avoir une forêt en bonne santé, explique Élise Parès, gestionnaire forestière. Ce type-là est en effet plus résistant au changement climatique. »
Même si l’extrême morcellement des forêts privées est aujourd’hui un problème de taille en France quant à leur gestion, les propriétaires de la sylve bénite ont opté pour une gestion durable du terrain sur 20 ans.
 
Entretien

En 1987, une grande coupe de la sylve bénite a été organisée en taillis sous futaie. Néanmoins, le travail dans le taillis est aujourd’hui préféré, de même que la conservation de grands arbres. « Le travail dans l’ensemble est privilégié car il permet d’obtenir un bois d’œuvre de qualité, alors que le taillis sous futaie contribue à du bois d’œuvre assez médiocre », précise Élise Parès.
En 2021, une première éclaircie à la main, effectuée par un bûcheron muni d’une scie, a été effectuée. Un débardeur a été utilisé pour descendre les grumes de la forêt jusque sur le sentier en contrebas. La première étape a été de marquer les bois. « Tous les cinq ou six arbres, nous avons choisi un arbre à couper. Pour cela, ceux qui étaient malades ou encore qui cachaient de plus beaux spécimens ont été désignés », explique la gestionnaire forestière.
Les bois abattus ont été prévendus à une scierie. Les chênes d’une qualité moyenne ont été valorisés en bois d’œuvre. En tout, 100 m3 de chênes, de châtaigniers, de hêtres et de cèdres ont été coupés sur 4 hectares, soit 200 tonnes transformées en bois énergie.
La deuxième étape a été le marquage des arbres de la partie basse de la forêt pour que, lors de la prochaine coupe, il n’y ait pas trop de travail d’un coup. Soulevant un problème de main d’œuvre, Elise Parès ajoute qu’il y a de moins en moins de bûcherons en France. « C’est lié à la rentabilité des chantiers, car les bûcherons sont payés au mètre cube », avant de préciser que dans le cas de la sylve bénite, le bûcheron « s’en est bien sorti, avec 30 euros du mètre cube coupé et débardé ».
A l’avenir, il faudra repasser tous les sept ans dans une telle parcelle pour l’entretenir.
 
Organiser le terrain
 
Pour entretenir la sylve bénite, comme les autres parcelles forestières, il est nécessaire de créer différentes infrastructures. Il s’agit notamment de chemins de débardage et de dépôts pérennes. Pour cela, des chemins doivent régulièrement être élargis pour laisser passer les engins.
Dans le cas de forêts constituées de taillis de châtaigniers, il faut ouvrir des couloirs qui traversent le peuplement tous les 18 m pour « piocher les arbres abattus », ajoute la gestionnaire forestière.
Il est également important de laisser le plus possible de rémanents de bois dans les forêts car la majeure partie constitue la nourriture des arbres alentour. Cette dernière se trouve à l’intérieur des branches, qui sont donc laissées au sol lors d’abattages.

Morgane Poulet