Prairies permanentes
Des outils pour rénover les prairies

Isabelle Doucet
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Les  FD Cuma d’Isère et de Savoie ont organisé une journée technique en Chartreuse sur le thème de l’optimisation de la culture de l’herbe.

Des outils pour rénover les prairies
Les démonstrations de matériels ont attiré toutes les générations d'agriculteurs.

Le soleil était de la partie pour les nombreux cumistes qui se sont retrouvés, le 26 septembre à Miribel-les-Echelles en Chartreuse, pour participer à la journée organisée par les FDCuma de Savoie et d’Isère sur le thème de l’herbe.
Trois ateliers étaient proposés aux professionnels : semis direct et sursemis ; régénération et fertilisation.
« Différents matériels sont présentés avec différents coûts d’implantation à l’hectare, explique Lionel Gaudard, de la FRCuma. Nous avons donc une diversité de matériels et de propositions faites aux agriculteurs. Ce sont des matériels plus ou moins spécialisés qui représentent des coûts à l’hectare très différents. Mais dans tous les cas, il n’y a pas d’intérêt à acheter ces outils individuellement pour les agriculteurs. »
Semoir direct, sursemis, à la volée, sur herse, herse de prairie, ébousage, étaupinage, émousseuse, rouleau, broyeur, épandage de précision, compostage sont autant d’outils que les agriculteurs ont pu voir en fonction sur un seul et même site.
En l’occurrence il s’agissait d’une parcelle appartenant à Dominique Guillet-Lomat, président de Chartreuse élevage.
« Il y a peu de ces outils sur le marché qui est en développement », explique encore le technicien de la FRCuma.
Mais leur utilisation répond à la prise de conscience, surtout de la part des éleveurs, « de l’intérêt d’avoir des prairies permanentes productives ».
En raison du réchauffement climatique, on assiste en effet depuis une petite quinzaine d’années, à une dégradation des prairies permanentes.
« Les surfaces ne produisent pas autant qu’avant et l’engrais ne fait pas tout », ajoute Lionel Gaudard. Les solutions proposées ont attiré l’attention de toutes les générations d’agriculteurs.
Isabelle Doucet

Quatre outils de travail du sol
Herse étrille Carré.

Quatre outils de travail du sol

Quatre engins de travail du sol étaient en démonstration

Herse étrille Carré

Le premier outil présenté est la herse étrille Sarclerse du fabricant Carré. D’une largeur de 6 mètres, elle est repliable (4 panneaux de 1,5 m). Conçue à l’origine pour le désherbage mécanique sur grands cultures, elle se révèle polyvalente (toutes cultures, prairies, AB ou passage complémentaire en conventionnel). L’outil permet d’obtenir une terre fine. Pour cela il possède 240 dents qui viennent gratter le sol. Les dents sont de 7 mm de diamètre et de 430 mm de longeur (peut aller jusqu’à 8 mm x 530 mm).
Sur ce modèle, le réglage de l’agressivité des dents s’opère par vérin hydraulique. La herse présentée est équipée d’un semoir de 200 l avec soufflerie hydraulique, régulée par un GPS. « Tout passe, quel que soit le dosage ou le type de graine. Le débit reste identique, quel que soit le débit ou la vitesse d’avancement », fait valoir le concessionnaire.

Regarnisseur Vredo
Regarnisseur Vredo.

Regarnisseur Vredo

Le deuxième outil présenté est un regarnisseur Vredo, sursemoir de la série Agri 229.07.5.
Fabriqué aux Pays Bas, son utilisation reste encore confidentielle en France, explique le concessionnaire.
Sa pertinence dans l’entretien des prairies vient de son tout en un. L’outil ouvre le sillon (double disque en V) dans lequel il dépose la graine, puis la graine est rappuyée (rouleau de compactage).
Au contact direct du sol, elle est moins exposée à la sécheresse. Le poids total de l’outil est de 2,2 tonnes pour une largeur de 2,9 m. Le modèle présenté est équipé d’une trémie de 290 l à dosage continu.

Combiné Greenmaster 300 Guttler
Combiné Greenmaster 300 Guttler.

Combiné Greenmaster 300 Guttler

Le troisième modèle est un combiné rouleau/herse Greenmaster 300 du fabricant Guttler.
Dédié au sursemis de prairie, il possède une rangée de racleurs à l’avant pour préparer la terre, des lames pour écarter les taupinières et les bouses, deux rangées de herses étrilles d’un diamètre de 12 mm (réglage mécanique de l’agressivité) et un rouleau de rappui double (40 et 50 cm de diamètre) type pied de mouton, d’un poids de 1,2 t. Il est équipé d’un semoir de 410 l à dosage mécanique. Le semis s’effectue à la volée entre les dents.
Bien que combinant plusieurs fonctions, son concessionnaire fait valoir la simplicité des réglages de cet outil.

Combiné Grass-roller He-Va
Combiné Grass-roller He-Va.

Combiné Grass-roller He-Va

Le quatrième outil présenté est le Grass-roller He-Va.
Il peut combiner neuf accessoires de travail du sol et de semis. Celui en démonstration était équipé d’une lame sur un soc à fourches, de trois rangées de herses étrilles (diamètre 12 mm), d’un rouleau de rappui (pendulaire articulé, anneaux étoilés ou lisses) favorisant le contact avec la graine.
Là aussi le semis à la volée s’effectue entre les dents de la herse. Le modèle est équipé d’un semoir de 200 litres (la gamme va jusqu’à 1 000 litres) fonctionnant avec une soufflerie hydraulique afin de semer les grosses graines sans problème, explique le concessionnaire. Le système de report de charge hydraulique favorise l’uniformité du travail, fait-il valoir.
L’outil existe en largeurs de 3 m à 9,50 m.

Réparer une prairie dégradée
Amandine Roux, de la Chambre d'agriculture de l'Isère, Lionel Gaudard, de la FRCuma et Yvan Renas, technicien d’Oxyane.

Réparer une prairie dégradée

L’atelier de rénovation des prairies permanentes était conduit par la Chambre d’Agriculture de l’Isère, la coopérative Oxyane et les représentants de matériels spécialisés.

En rénovation de prairie, le premier conseil délivré par Amandine Roux, de la Chambre d’agriculture de l’Isère, est de permettre aux nouvelles graines semées de développer leur système racinaire.
Il conviendra donc de raser la prairie avant le semis afin que la graine soit bien au contact du sol.
Autre condition : la fertilisation préalable. Le mélange graminées et légumineuses a besoin d’azote, mais aussi de potasse et de phosphore. Les apports organiques se font de préférence sous forme de compost - plutôt que de lisier – pour une diffusion lente.
Recommandation : pas d’azote minéral en fertilisation après semis sur les légumineuses.
La période de semis dépend du contexte pédoclimatique. Une sécheresse de printemps appellera un semis en fin d’été.
L’objectif du travail du sol avant semis est de préparer une terre fine. « Herse plate, rotative, déchaumeur : tout est possible, indique Amandine Roux. L’essentiel est de semer dans de bonnes conditions. »
Le semis idéal se fait à la volée, pour avoir une bonne répartition des espèces, et en surface ou à une faible profondeur (pas plus de 0,5 cm).
Il est important de rouler après le semis pour obtenir un bon contact sol/graine.
Après la levée, il est intéressant d’anticiper le mode de récolte. En tous les cas, la première coupe sera précoce : pâture, ensilage, enrubannage, mais pas en foin. Le but est de maîtriser la concurrence avec les autres espèces durant la première année ou les 18 premiers mois.

Connaître son sol

Pour le choix des espèces à semer, Yvan Renas, technicien d’Oxyane, invite les agriculteurs à se poser plusieurs questions. Pérennité de la parcelle ; type d’exploitation (fauche, pâturage ou mixte) ; type de sol (sec ou humide) et conditions dans lesquelles la prairie s’est dégradée sont des indicateurs d’aide au choix les espèces.
Ainsi certaines adventices aiment l’azote et les terrains acides, donc la connaissance du pH du sol est importante, « même en prairie », insiste le technicien.
Un sol séchant et sain accueillera des graminées telles que les dactyle, fétuque élevée, brome, fléole, luzerne, lotier ou sainfoin.
Des sols moyens acceptent toutes les espèces et notamment le trèfle blanc et le lotier en légumineuses.
Sur les sols frais, implanter plutôt des ray-grass anglais, de la fétuque des près, de la fléole en graminées et des trèfles violets et blancs en légumineuses.
Enfin, dans un sol très humide les fétuques élevées et des près ainsi que la fléole seront mieux adaptées.

Choisir ses espèces

« En rénovation de prairies les espèces séchantes types dactyle ou fétuque élevée sont top, mais sont plus longues à s’implanter, poursuit le technicien, d’où la nécessité de bien travailler les sol. »
En revanche, des ray-grass ont une implantation rapide mais tiennent moins dans le temps.
Yvan Renas, explique également que la ploïdie, c’est-à-dire le nombre de chromosomes par espèces de plantes, joue un rôle dans l’appétence des prairies pour la pâture.
Une plante tétraploïde sera plus appréciée du bétail qu’une diploïde. Mais une diploïde, plus séchante, est mieux adaptée à la fauche.
Le technicien propose aussi un focus sur les groupes de trèfles blancs : ladinos, géants, intermédiaires et nains.
Logiquement, les deux premiers groupes, plus hauts, sont mieux adaptés à la fauche, et moins l’espèce est haute et plus elle développe son système racinaire et offre donc une meilleure couverture de sol.
Enfin, tout semis doit être raisonné au regard du PMG (poids pour 1 000 grains) de chaque espèce, « l’objectif de peuplement étant de 1 000 à 2 000 grains par m2 », précise le technicien d’Oxyane, soit environ 30 kg/ha en rénovation.
Il conseille « de ne pas minimiser les quantités, de rester sur des quantités classiques pour donner tout son potentiel à la nouvelle prairie », sachant que ce potentiel ne s’exprimera totalement qu’au bout de deux ans.

Isabelle Doucet