Machinisme
Les agriculteurs isérois découvrent les innovations en matière de désherbage mécanique et de pulvérisation ciblée

Isabelle Brenguier
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Les agriculteurs isérois découvrent les innovations en matière de désherbage mécanique et de pulvérisation ciblée
Une soirée de découverte de matériels de désherbage mécanique et chimique a été organisée par la Chambre d'agriculture de l'Isère, le 19 septembre à Saint-Jean-de-Bournay.

Secteur en proie à de nombreuses contraintes, l’agriculture ne cesse d’évoluer. La technologie aussi. Pour faire découvrir aux agriculteurs isérois les nouvelles techniques et matériels de désherbage mécanique, de détection des adventices et de pulvérisation ciblée, le service agronomie de la Chambre d’agriculture de l’Isère et l’Institut technique Arvalis, ont organisé le 19 septembre, à Saint-Jean-de-Bournay, une soirée de démonstration.
« Cette soirée Inter-agris s’inscrit dans le prolongement des démarches que nous avons mises en œuvre depuis deux ans pour accompagner les agriculteurs à trouver de nouvelles solutions pour traiter leurs cultures avec moins de produits phytosanitaires. Ces actions visent à répondre aux problématiques de retrait de certaines substances actives et au plan Ecophyto », détaille Christelle Chalaye, conseillère agro-environnement à la Chambre d'agriculture de l'Isère. Elle explique également que leurs efforts se sont concentrés sur les cultures de printemps avec la recherche de méthode de désherbage utilisant le moins d’herbicide possible.
Pour Sandrine Giloz, élue à la Chambre d’agriculture de l’Isère, « il s’agit de montrer aux agriculteurs l’intérêt d’allier le désherbage chimique au désherbage mécanique, de leur faire prendre conscience que le résultat peut être intéressant, que ce qu’on perd en rendement, on le gagne avec moins de dépenses en produits. Il faut chercher le bon équilibre. Mais ce travail de recherche ne doit pas être réalisé par les exploitants. En plus, comme on sait bien qu’il y aura encore d’autres disparitions de molécules, on cherche aussi à anticiper les nouvelles directives pour éviter aux agriculteurs de les subir ».
Christelle Chalaye reconnaît que ces technologies restent encore coûteuses et ne résolvent pas tous les problèmes, mais elles commencent à se démocratiser et dans certaines typologies d’exploitation, elles peuvent être intéressantes.

En apprendre plus

La rencontre a eu lieu dans une parcelle exploitée par Raphaël Peyrola, du Gaec L’Orée du bois. Elle a fait l’objet d’une préparation spécifique, avec un semis de maïs réalisé début août pour des essais de bineuses (1), un autre fin août pour des essais de différents modèles de herses étrille et de houes (2) et d’un pulvérisateur ultra-précis (3), et enfin des chaumes pour un autre essai de pulvérisateur (4).
Intéressés de voir en direct l’intervention de machines de haute technologie, quarante agriculteurs se sont pressés à la soirée. Si certains sont venus pour affiner une réflexion d’achat, ils sont aussi nombreux à être venus simplement pour voir l’évolution des matériels et en apprendre plus en matière de réglages. Yannick Bourdat est venu de Marcilloles avec son fils, Constantin. Tous deux ont amené la « désherbineuse » qu’ils ont eux-mêmes fabriquée, et ont regardé les essais des différentes machines avec curiosité. « C’est une super plateforme qui a été conçue pour ces essais. C’est très intéressant de voir comment chacun de ces outils se comporte sur un même terrain, avec des cultures et des adventices au même stade ; on constate que certains réussissent mieux que d’autres », constate Yannick Bourdat.
Ainsi, sous les yeux attentifs des exploitants, les démonstrations se sont enchaînées. Elles leur ont permis de comparer les caractéristiques et le travail accompli par chacun des outils.
En deuxième partie de soirée, une fois la nuit tombée, les agriculteurs ont assisté à des démonstrations de pulvérisation d’un autre genre. Les pulvérisateurs ayant été remplis d’eau et d’un liquide fluorescent, ils ont pu voir les différences d’application entre ceux équipés de buses classiques et ceux équipés de buses anti-dérives. « Cet exercice a un but pédagogique. Il vise à montrer l’intérêt d’utiliser des buses anti-dérives qui permettent de réduire les distances d’épandage et de préserver les cours d’eau », précise Christelle Chalaye.

Isabelle Brenguier

(1)   des constructeurs Monosem, Binnove, Steketee, Einböck
(2)   des constructeurs Treffler, Lemken, Einböck
(3)   du constructeur Ecorobotix
(4)   du constructeur Berthoud

 

Les matériels de désherbage, de détection des adventices et de pulvérisation ciblée ont évolué

Désherbage de haute précision
Démonstrateur pour la société Berthoud implantée dans le Rhône, Grégory Thévenet, a présenté un pulvérisateur de haute technologie permettant de distinguer les adventices.

Désherbage de haute précision

Grégory Thévenet, démonstrateur pour la société Berthoud implantée dans le Rhône, est venu présenter un pulvérisateur équipé de la technologie « Sniper » qui, grâce à un système de caméras munies d’une intelligence artificielle mises en place sur la rampe, permet de distinguer les adventices présentes dans les chaumes, ou les adventices présentes dans les cultures. « La caméra visualise trois mètres devant la machine pour piloter les buses indépendamment, ce qui permet de réaliser un désherbage vert sur marron, c’est-à-dire sur des chaumes, ou vert sur vert, c’est-à-dire sur les cultures. Grâce à ce système, les agriculteurs peuvent diminuer leurs IFT (Indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires) jusqu’à 90 %, tout en ayant la même efficacité », indique-t-il.

IB