Prédation
Le loup est dans la plaine

Les représentants de l’association des éleveurs ovins du Nord-Isère ont rencontré Jean-Pierre Barbier afin d’évoquer l’expansion du loup dans la Bièvre. 

Le loup est dans la plaine
Jean-Pierre Barbier a rencontré les représentants des éleveurs ovins inquiets de l’arrivée du loup dans la Bièvre. 

La présence du loup dans les Bonnevaux ne fait désormais plus aucun doute après six attaques dans le secteur perpétrées depuis le début de l’année. 
Quels moyens pouvons-nous mettre en face ? », interroge Jean-François Gourdain, président du syndicat des éleveurs ovin du Nord-Isère.
Accompagné de membres de l’association, Roland Bouvier, éleveur et ancien président du syndicat, de Frédéric James, éleveur à Montseveroux, ainsi que Jérémy Carron, éleveur en cours d’installation à Arzay, il a rencontré Jean-Pierre Barbier, président du Département, mais aussi conseiller du canton concerné, pour réfléchir aux solutions à mettre en place.
« Nous sommes devant une vraie problématique départementale », a indiqué le président du Département, qui découvrait la gravité de la situation dans les Bonnevaux.
Il a assuré les éleveurs ovins de son soutien, estimant que le loup va « jusqu’à remettre en cause la filière ovine » et que « le pastoralisme est la priorité par rapport au loup ».
Il propose une rencontre avec le sous-préfet de Vienne et/ou avec le préfet de l’Isère ainsi qu’avec les services de la DDT « pour trouver des solutions immédiatement et à court terme car c’est maintenant que les bêtes sortent ».

Ne rien s'interdire

Les éleveurs et Jean-Pierre Barbier s’accordent à penser « que la meilleure solution est la présence humaine dans les troupeaux, mais cela représente un coût ».
Ils estiment aussi que les patous ne sont pas toujours adaptés aux systèmes d’exploitation et que leur présence peut poser problème.
« Faut-il pucer les loups pour savoir où ils sont et cibler la protection des troupeaux ? », interroge encore le président du Département.
Mais il rappelle que « sur un tel sujet, c’est l’État qui tient la clé ». Jean-Pierre Barbier invite tous les éleveurs à faire part de leurs propositions. « On connaît le problème, mais pas la solution et il ne faut rien s’interdire en termes de solutions ».

Des loups ou des ovins ? 

Jean-François Gourdain a fait état de la réalité de l’élevage ovin, sous le choc des attaques à répétition. « Faut-il installer des loups ou des éleveurs ovins ? Alors que se développe la pâture des moutons dans les cultures et que l’on compte quelques installations dans le secteur, le problème du loup devient préoccupant et freine les investissements ».
Frédéric James, qui a été attaqué en juillet 2020, témoigne : « J’ai dû diminuer mon troupeau de 350 à 240 brebis pour le faire entrer dans la bergerie le soir. Je suis en agriculture biologique. Je suis donc obligé, pour être certifié, de faire pâturer les bêtes, mais à cause du loup, je suis également obligé de les rentrer. Je risque donc de perdre mon agrément. En plus, j’ai pris des bovins pour valoriser les surfaces où les moutons ne vont plus et je cherche des heures complémentaires pour compenser les revenus que j’ai perdus. »
Il est encore dans l’attente de son indemnisation pour sa première attaque. « Il manque toujours un document », se désole-t-il.  

La charge aux éleveurs

Jean-François Gourdain, ajoute que la mise en place des moyens de protection comme l’installation de filets, ou faire entrer et sortir les bêtes matin et soir, est très chronophage « et du temps, on n’en a pas tant ». 
Le président du Département reconnaît qu’à ce jour la charge de la cohabitation avec le loup incombe seule aux éleveurs. 
En Isère en 2020, le loup est responsable de 412 attaques (+25% par apport à 2019) et 1 263 victimes (+8%). En France en 2020, le loup a tué plus de 9 000 bêtes. 

Isabelle Doucet