Elevage
Réussir un vêlage

Morgane Poulet
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Le 29 mars, l’Union des éleveurs limousins de l’Isère tenait son assemblée générale à Claix. L’occasion pour elle de revenir sur le meilleur moyen pour mener un vêlage dans de bonnes conditions.

Réussir un vêlage
Les membres de l'Udelim ont pu admirer les veaux de la ferme de la Côte à la suite de l'assemblée générale.

L’assemblée générale de l’Union des éleveurs limousins de l’Isère (Udelim) s’est tenue le 29 mars à Claix. En raison de demandes régulières à la Chambre d’agriculture de l’Isère émanant d’éleveurs, Sarah Dupire, conseillère bovins viande dans la structure, a saisi l’occasion de revenir sur les garanties d’un vêlage réussi.

Préparer le vêlage en amont

Pour mener à bien le vêlage, il faut travailler la ration des vaches ainsi que leur minéralisation et gérer le parasitisme. La bonne santé du veau se joue en effet dans les deux mois précédant le vêlage.
En termes de quantité de ration, deux mois avant vêlage, l’éleveur doit pouvoir fournir une unité fourragère lait (UFL)* supplémentaire par jour à sa vache par rapport à la période de mi-gestation. Un mois avant le vêlage, il doit lui apporter 1,7 UFL supplémentaire par jour et au terme de la gestation, 2,5 UFL supplémentaires par jour.
Lors du dernier mois de gestation, le poids du fœtus double, ce qui restreint la place disponible dans le rumen. Ce phénomène provoque également une ingestibilité plus faible chez la vache. Une alimentation de haute qualité et surtout très digestible doit donc lui être apportée en fin de gestation.
Il faut également prendre garde aux fourrages fermentés en fin de gestation. Certains fourrages sont réalisés dans des conditions humides. Des problèmes peuvent être engendrés dans les troupeaux en raison de leur mauvaise conservation. De même, il est nécessaire de réaliser une transition alimentaire en douceur. En principe, il faut 15 jours voire trois semaines pour faire faire une transition alimentaire à sa vache qui ne lui détruise pas la flore intestinale, qui ne rende pas le lait de moins bonne qualité et qui ne produise pas de toxine. En effet, les organes d’élimination et le drainage font que le veau peut être contaminé par des toxines lors d’une transition alimentaire trop rapide. Il faut également que l’éleveur « veille à la qualité de l’eau que la vache boit », rappelle Sarah Dupire, car « l’eau est le principal composant du lait ». Qui plus est, garantir un accès à l’eau ainsi qu’à une ration énergétique pour la mère est primordial, et ce le plus rapidement possible après le vêlage.

Une vache saine pour un veau sain

Il est important d’assurer la santé de la vache pour garantir celle de son veau, « l’un ne fonctionnant pas sans l’autre », explique Sarah Dupire.
Une vache qui maigrit en fin de gestation s’épuise. Si elle perd plus de 5% de son poids, le veau sera plus petit que la normale à la naissance, la vache aura énormément de mal à assurer une lactation de qualité et il sera difficile pour elle de récupérer après la gestation.
Au contraire, si la vache est trop en état en fin de gestation, notamment en raison du broutage d’une herbe très riche pendant l’automne, le passage pour le veau sera réduit et le veau naissant affaibli.
Il faut respecter un équilibre entre l’énergie et l’apport en protéines. En cas de manque de protéines, l’énergie apportée par la ration sera peu, voire pas utilisée, et des acides gras non-estérifiés s’accumulent dans le foie.

Le colostrum

Le veau dépend d’un équilibre délicat à la naissance car il naît avec un système immunitaire complet, mais encore immature. L’éleveur doit veiller à limiter la pression infectieuse qu’il subit et à optimiser son immunité. Lorsque l’équilibre est rompu, une maladie peut survenir.
« Les premiers anticorps du veau sont produits seulement une semaine après sa naissance », précise Sarah Dupire. « Il est donc essentiel de lui faire ingérer du colostrum pour lui fournir des défenses maternelles. » Le colostrum représente en effet un concentré d’énergie, de vitamines et de protéines pour le veau, et ce dans des quantités bien supérieures à celles du lait. Il contient aussi des oligoéléments, des hormones et des facteurs de croissance. Une autre action bénéfique qu’il a sur le veau est sa fonction laxative, qui permet à l’animal d’évacuer plus facilement le méconium**.
Il y a une sorte de trou immunitaire à partir du septième jusqu’au dixième jour après la naissance, lorsque le système immunitaire prend le relais sur le colostrum. Il faut donc être particulièrement vigilant à la santé du veau lors de cette période.
Il est recommandé de lui faire boire 2 litres de colostrum dans les six premières heures de sa vie et de renouveler cela ou alors de lui donner 4 litres en une seule prise. Le colostrum est mieux assimilé s’il est bu par tétée.
Le colostrum peut être acheté à des laiteries mais les surplus peuvent également être congelés par les éleveurs. Il est possible d’acheter un réfractomètre pour une centaine d’euros afin de vérifier la qualité du produit.
« En plus de l’absorption de colostrum, le léchage n’est pas une étape à négliger », ajoute la conseillère bovins viande. Cela doit intervenir le plus rapidement possible après le vêlage pour favoriser le lien entre la vache et son veau mais aussi pour réchauffer et pour stimuler ce dernier.

Morgane Poulet

* Elles sont calculées à partir des teneurs en matière azotée totale (MAT), en matière organique (MO) et en parois végétales, ainsi qu’à partir de la digestibilité de la MO. Cette valeur correspond à l’énergie directement disponible apportée par 1 kg de matière sèche.
** Il s'agit des premières selles du veau.

Quelques remèdes d'urgence

Il peut arriver qu'après vêlage, une vache refuse de boire pour diverses raisons. Quelques solutions d'urgence existent.

Il existe quelques solutions d'urgence pour faire boire sa vache en attendant que son vétérinaire arrive.
En effet, lui donner de l’eau tiède avec un peu de sucre ou bien du vieux vin peut l’aider.
Lorsqu’elle rumine moins bien, lui donner de la levure de boulanger diluée ou bien un peu de bière peut la soulager momentanément.
En ce qui concerne le veau, il est possible d’utiliser de l’argile par tamponnement, ce qui prévient les diarrhées.

MP