INTEMPÉRIES
Les conclusions de la mission flash sur la grêle

L'orage intense qui a traversé la France début juin a été une « vraie catastrophe » pour l'agriculture, la grêle ayant touché aussi bien des vignes, des cultures de céréales que des bâtiments. Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, avait alors diligenté une mission flash qui a rendu ses conclusions et qui recommande sept actions.

Les conclusions de la mission flash sur la grêle
Sur la « base des remontées de terrain », ce serait, au bas mot, 240 000 ha qui auraient été impactéspar la grêle, notamment en grandes cultures, arboriculture, viticulture et maraîchage. ©DR

Les membres du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) missionnés le 22 juin dernier par le ministre Marc Fesneau ont visité quatorze départements en deux semaines, rencontré une trentaine d’exploitants dont les fermes ont été touchés à différents degrés ainsi qu’environ trois-cents acteurs (syndicats, chambres d’agriculture, instituts techniques, etc.). Ils ont dévoilé leur fruit de leur mission le 3 août en mettant en lumière les situations « très disparates » ainsi qu’un point commun à tous : « la rare violence du phénomène » qui a occasionné des pertes de récolte allant jusqu’à 100 %. Prenant les chiffres avec d’infinies précautions, ils estiment qu’une « soixantaine de départements métropolitains » ont été touchés. Sur la « base des remontées de terrain », ce serait, au bas mot, 240 000 ha qui auraient été impactés, notamment en grandes cultures, arboriculture, viticulture et maraîchage. Une première évaluation des dégâts réalisée par France Assureurs, c’est-à-dire auprès d’exploitants assurés, fait état de 200 millions d’euros de dégâts. « Ces chiffres s’appuient sur les déclarations de sinistres reçues au 13 juillet mais la plupart des agriculteurs touchés n’étaient pas couverts », explique-t-on dans l’entourage du ministre de l’Agriculture. Afin de prévenir de tels risques et de mieux coordonner les actions post-événement, les membres de la mission estiment utile d’apporter en tout premier lieu une aide financière et psychologique aux agriculteurs. « Après le gel, la sécheresse, les inondations, la grêle a lourdement impacté le moral de beaucoup d’entre eux », glisse un membre de la mission.

40 millions d’euros supplémentaires

Les membres de la mission préconisent sept actions : tout d’abord activer les cellules départementales d'urgence sous l'égide du préfet. Celles-ci seront chargées de recenser les situations délicates et de venir en aide aux agriculteurs les plus fragilisés. « Aucun d’entre eux ne doit rester isolé », insiste un proche collaborateur du ministre. Il conviendra ensuite de mobiliser les têtes de réseau (MSA, syndicats, chambres, etc.) « pour appuyer les agriculteurs en difficulté », en facilitant leurs démarches auprès des établissements financiers, des assureurs et des administrations. « Les dossiers devront être traités avec bienveillance », insiste un membre du CGAAER. Si les modalités Pac (force majeure et circonstances exceptionnelles) seront aussi mobilisés, la mission entend par ailleurs élargir le fonds d’urgence gel à la grêle en 2022. À ce titre, 40 millions d’euros supplémentaires devraient être débloqués. Cinquième point : le ministère veillera à ce que la solidarité nationale joue son rôle. Autrement dit, les ministères de l’Agriculture et de l’Économie entendent « lutter contre une flambée anormale des prix sur les devis des actes de désamiantage, de déconstruction, puis de reconstruction des toitures et bâtiments… Un courrier a été envoyé à la Fédération française du bâtiment pour les sensibiliser sur ce sujet », a précisé un membre de la mission. Celle-ci entend valoriser les retours d’expériences positifs qui permettent de lutter efficacement contre la grêle et enfin développer la culture de la gestion du risque en investissant dans les formations.  A ce jour, selon les estimations du CGAAER, environ 60 % des agriculteurs sont couverts par une assurance grêle soit multirisque, soit monorisque. L’objectif de la mission est qu’un plus grand nombre possible d’agriculteurs souscrivent une assurance multirisque car la monorisque ne permet pas de bénéficier des aides Pac supplémentaires. En attendant la loi d’orientation agricole prévue pour 2023, les agriculteurs attendent impatiemment la mise en place, pour le 1er janvier 2023 de l’assurance-récolte.

Christophe Soulard

Des dégâts toujours plus chers

Les assurances constatent que, depuis 10 ans, la fréquence des orages de grêle augmente avec des variations annuelles importantes. Mais les dégâts sont encore plus importants : ils ont plus que quadruplé passant en moyenne par dossier de 376 € à 1 591 € en prix déflatés entre 1976 et 2019 dans l’Union européenne.  Le montant des dégâts dépend non seulement de la multiplication des orages mais également de la taille des grêlons. D’une manière plus générale, France Assureurs qui regroupe les acteurs du secteur estime que depuis fin mai « les sinistres climatiques (en France, ndlr) atteignent déjà un coût sans précédent sur les vingt dernières années ». Selon cette organisation, ces chutes de grêle, orages, rafales de vent, foudre, etc. « ont généré près d’un million de sinistres pour lesquels les assureurs verseront des indemnisations estimées à 3,9 milliards d’euros ».