Culture
Retour dans les arbres

Isabelle Doucet
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La saison des expositions temporaires du musée de Grenoble débute en octobre par un hymne à la nature réunissant quatre artistes contemporains.

Retour dans les arbres
La Forêt de Philippe Cognée, inquiétante, mystérieuse, labyrinthique.

La nature prend ses aises au musée de Grenoble.
L’exposition temporaire chorale qui ouvre la nouvelle saison interroge la relation de l’homme à la nature dans des représentations singulières.
Quatre plasticiens, Philippe Cognée, Cristina Iglesias, Wolfgang Laib et Giuseppe Penone proposeront des œuvres originales qui bénéficieront d’une durée d’accrochage relativement longue, du 22 octobre au 19 mars.
« Ce sont des artistes d’horizons et de pays différents, que leur intérêt pour la nature réunit », explique Guy Tosatto, le directeur du musée de Grenoble.
La commande qui leur a été faite pour cette exposition intitulée De la nature, est d’imaginer des créations plastiques « qui n’ont pas été montrées précédemment au musée dans le cadre de leurs parcours respectifs », poursuit-il.

Forêt et mystères

Sophie Bonnard, la conservatrice en chef pour l’art moderne et contemporain, qualifie Philippe Cognée de « peintre urbanographiste ». Il présentera trois inspirations.
En 2020, l’artiste commence une série de fleurs aussi gigantesques qu’inquiétantes : des amaryllis ou des tulipes prêtes à happer le visiteur.
Ses Châteaux de sables sont également intimidants, « métaphores de l’effacement des choses », que l’eau et le vent emportent.


La troisième série des Forêts enneigées est tout aussi intranquille tant les entrelacs labyrinthiques forcent la perte de repères et le mystère.
Cristina Iglesias, une des chefs de file de l’art contemporain espagnol, concevra pour sa part une œuvre monumentale, une chambre minérale et suintante, parée « d’une végétation hybride et inventée », décrit Sophie Bonnard.


Ce parcours immersif et méditatif donnera à voir des sculptures de coraux blanchis, des trompe-l’œil et des sensations aux limites d’un autre monde.

Pollens

L’artiste Wolfgang Laib, qui puise son harmonie créatrice entre l’orient et l’occident, naviguera entre le grain de pollen et le bloc de granit. Sa performance sera la réalisation d’un grand carré de pollen avec en contrepoint un ovoïde sculpté, « comme un œuf cosmique ».


Enfin, Giuseppe Penone proposera deux séries d’œuvres dont ses somptueux Gestes végétaux, sculptures en bronze relevées de bandes d’argile porteuses des empreintes de ses mains. Et la magie opère, créant « des figures à mi-chemin entre le végétal et l’humain, souligne Sophie Bonnard.
Des figures qui se fondent avec la nature ». Elles prendront place dans un patio spécialement planté de végétaux pour l’occasion. L’artiste italien accrochera aussi six Verts du bois, empreintes d’écorces et de feuilles frottées sur une toile de lin donnant une nouvelle image du paysage.


De la nature restera sans doute une exposition à vivre comme une expérience.

Graffitis antiques

Changement d’horizon en 2023 avec l’exposition consacrée à l’artiste américain Cy Twomby, du 3 juin 2023 au 24 septembre.
« Le musée de Grenoble est le premier à avoir acquis une de ses œuvres dans les années 70 », fait remarquer Guy Tosatto, son directeur.
L’accrochage propose un retour sur les réalisations de la période « papier » des années 70, « des formats modestes et des assemblages d’envergure », prévient le directeur.
Cy Twomby est décédé en 2011. Il laisse derrière lui une série de dessins et de collages inspirés par la culture antique où les graffitis sont autant d’évocations d’inscriptions grecques ou latines. Ces œuvres sont considérées comme étant le sommet de son art.

Egypte ancienne

Enfin, il faudra encore patienter quelque temps, pour pouvoir redécouvrir le fonds égyptien du musée de Grenoble. L’ouverture de la salle dédiée, en sous-sol, était espérée pour 2022, mais sera reportée plutôt pour 2023
Pourtant l’année 2022, était celle d’un double anniversaire pour les Grenoblois : celle des 200 ans du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion et du centenaire de l’ouverture de la salle Saint-Ferriol, du nom du donateur grenoblois du fonds égyptien au musée.
La collection, issue de voyages effectués en 1842-43 avait été offerte en 1916. L’exposition à venir, du 18 novembre 2023 au 18 février 2024, évoquera la salle telle qu’elle était au début du siècle dernier, ainsi que les grandes figures découvreurs de l’Égypte ancienne.
En groupe, en famille, public étudiant, lycéen ou scolaire, il y a plusieurs façons d’adapter la visite du musée de Grenoble à ses envies. Le menu de visites guidées, thématiques, dédiées est très riche et il suffit de se laisser guider sur la page d’accueil du site du musée. L’offre pour les vacances de Toussaint propose par exemple des ateliers familles en lien avec l’exposition De la nature.

Isabelle Doucet

Une sortie et une application
Le musée de Grenoble désormais disponible en poche.

Une sortie et une application

Une application pour visiter le musée à distance et une décentralisation dans un quartier grenoblois facilitent l’accès au musée.

La MJC des Eaux Claires à Grenoble accueille une installation du musée Hors les murs à destination des jeunes publics et de leurs parents.
L’objectif est d’aller au-devant d’un public qui ne fréquente pas forcément les lieux de culture plastique.
Jusqu’au 20 octobre, les habitants du quartier peuvent ainsi découvrir à leur porte le musée de Grenoble et ses collections en présence de deux médiateurs.
Le fil conducteur retenu cette année est celui de La ville entre rêve et réalité. Onze œuvres du XXe siècle, issues des collections permanentes et mêlant peintures, dessins et photographies, ont quitté leurs cimaises pour les murs de la MJC.

Des œuvres incontournables

Pour les amateurs d’art qui ne peuvent se déplacer au musée, une application muséale gratuite est désormais disponible.
Son contenu reprend celui des audioguides de l’accueil, mais la visite est organisée en différents parcours.
Le musée de Grenoble propose ainsi 43 œuvres commentées des collections permanentes, mais aussi une découverte des douze œuvres incontournables dont les célèbres Intérieur aux aubergines d’Henri Matisse ou le Saint-Jérôme par Georges de la Tour ou encore le portrait de Jackie par Andy Warhol.
Il y a également un onglet intitulé Invitation au voyage, un parcours enfant et une foule d’informations sur le musée. Une visite qui peut durer des heures !