Transition énergétique
S'investir dans les communes rurales

Morgane Poulet
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Le 28 novembre, l’association La Côte-Saint-André pour tous a organisé un échange au sujet de la transition énergétique dans les milieux ruraux.

S'investir dans les communes rurales
Elsa Delcombel recommande la mise en place de cultures diversifiées pour parer les problèmes d'accès à l'eau.

L’association La Côte-Saint-André pour tous, qui comptabilise quatre postes de conseillers municipaux à la mairie de la commune, a organisé dans cette dernière une rencontre dédiée à la transition énergétique des milieux ruraux. Trois thèmes ont été abordés : la mobilité, l’autonomie énergétique et l’agriculture, en lien avec l’eau et l’alimentation.
L’objectif pour l’association : proposer de grandes orientations pour que les citoyens et les collectivités puissent agir en faveur d’un territoire plus solidaire, plus durable et plus résiliant.
 
Protéger l’agriculture
 
Elsa Delcombel, spécialiste agro-environnementale, explique que les impacts environnementaux, sociaux et économiques ont particulièrement touché les agriculteurs, ces dernières années. De moins en moins nombreux, ayant de plus en plus de mal à accéder au foncier, « ils ont l’un des métiers où l’outil de production est le plus cher, ils brassent des millions de tonnes de matières premières mais n’en vivent pas ».
Pour elle, les collectivités rurales ont leur rôle à jouer pour apporter son aide à l’agriculture. « Une commune peut posséder des leviers d’action très forts, prendre des initiatives pour retirer des blocages divers et variés pour les exploitants », précise-t-elle. Elle dénombre trois difficultés majeures. L’accès au foncier, tout d’abord, est particulièrement difficile lorsque l’on n’hérite pas. Mais a contrario, « il est difficile d’en sortir car il y a aussi une certaine responsabilité du foncier ». Des mairies ainsi que des associations ont ainsi fait le choix d’acheter des terres pour permettre aux agriculteurs de s’installer plus facilement. « Il est également possible de créer des débouchés pour les exploitants du territoire, comme des marchés, des contrats avec des cantines scolaires ou des hôpitaux pour les alimenter en produits locaux », ajoute Elsa Delcombel. Enfin, elle propose de créer des collectifs avec différents acteurs pour permettre une entraide entre exploitants.
Et d’ajouter qu’un véritable problème tend à s’installer : l’accès à l’eau. Pour pallier cette problématique, la spécialiste remarque qu’il faudrait « réussir à recréer des cultures diversifiées », avec « des systèmes économes en eau ». Mais, pour cela, il faudrait tout repenser.
 
Aménager le territoire
 
Et repenser le territoire s’avère nécessaire pour développer le dynamisme des communes rurales. A La Côte-Saint-André, par exemple, les personnes présentes à la rencontre remarquent que le centre-ville est dense, les distances courtes et favorables à la mobilité douce. Or, il n’est pour eux pas adapté à la circulation automobile.
La commune est située à la croisée de plusieurs axes routiers et d’un important centre de formation scolaire - 4 000 élèves s’y rendent chaque jour, ce qui multiplie la population par deux dans la journée.
Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère, soulève que le raisonnement pour aménager le territoire n’est pas le même en zone urbaine qu’en zone rurale. La Côte-Saint-André compte un centre très important mais autour de lui, tout est « très rural ». La commune possède « un réseau structurant de transports en commun ». Mais comme dans tout territoire rural ou périurbain, « la voiture individuelle reste un moyen de déplacement important ». Or, selon lui, l’entretien d’une voiture coûte 6 000 euros par an à un particulier.
Pour réduire les coûts liés à la mobilité, Guillaume Gontard explique qu’il faudrait sécuriser les communes, notamment en créant des trottoirs le long des routes. « Une alternative à la voiture individuelle est l’autopartage ou le covoiturage », ajoute-t-il. Pour cela, des tarifs dégressifs pourraient être proposés, car pour qu’il soit intéressant de prendre les transports en commun, il faudrait qu’ils passent régulièrement, avec un intervalle de 30 minutes entre chaque passage en moyenne.
Le problème majeur relevé pour la commune est que sa gare ferroviaire n’est pas fonctionnelle. Pour être intéressante, certains estiment qu’il faudrait au moins que des lignes menant à Grenoble et à Bourgoin-Jallieu soient créées.
Mais force est de constater qu’en dépit des solutions imaginées, le problème central des communes rurales, est que les bassins de vie et les lieux administratifs en sont souvent éloignés et se trouvent plutôt dans les villes densément peuplées. « Il faut que nous nous demandions comment nous souhaitons vivre ensemble. Peut-être faut-il faire revenir des activités dans les communes, comme les écoles et les commerces », suggère Guillaume Gontard.
 
Autonomie énergétique
 
Pour attirer l’activité économique dans les communes rurales, la solution des centrales villageoises a été évoquée. Pierre Jouvenal, président de Bièvre Energie Citoyenne, explique qu’il s’agit de « citoyens qui se regroupent sous l’égide d’une SCIS ou d’une SAS » qui portent des projets en faveur de la transition énergétique.
La centrale villageoise de La Côte-Saint-André, en projet depuis quatre ans, devrait voir le jour d’ici trois ou quatre mois. Elle réunit une cinquantaine d’adhérents qui pourraient par la suite devenir ses actionnaires.
« Produire tous ensemble permet de faire plus attention à sa consommation d’énergie », constate Pierre Jouvenal, qui voit ainsi un grand intérêt à l’émergence de centrales villageoises dans les territoires ruraux. A La Côte-Saint-André, il s’agirait de monter des panneaux solaires. En ce qui concerne le choix des matériaux, « nous allons essayer de faire au mieux pour qu’ils soient d’origine locale », explique le président de Bièvre Energie Citoyenne. Un argument qui semble séduire les participants, qui regrettent que les sociétés françaises ne soient pas suffisamment privilégiées par les Français.

Morgane Poulet